|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
|
Do you Remember, No I don’t de François Verret au Théâtre de la Ville, Paris.
Apocalypse. Now ?
Nouvel opus de François Verret au Théâtre de la Ville, inspiré par l’œuvre de l’Allemand Heiner Müller. Sombre toujours mais plus éclaté que d’ordinaire, Do you remember, No I don’t est un drôle de spectacle décrivant un drôle de monde. Le nôtre apparemment, même si l’on ne peut pas dire que l’on en ressorte vraiment transformé.
|
|
L’amour virtuose
Ivresse grecque
Flambeau partagé
[ Tout sur la danse ]
|
François Verret aime les chemises blanches, les costumes noirs, les ambiances ténébreuses et lieux désaffectés. Ici dans ce nouvel opus, Do you remember, No I don’t, défilent alors sur écran les images d’intérieurs d’usines ou entrepôts depuis longtemps évacués. Et puis d’entrée de « je » dans cette œuvre qui tournerait autour de l’identité et de la mémoire entend-on trois mots, Un – Cinéma – Mort, trois fois répétés d’une voix d’outre-tombe dans une mise en scène funeste.
À moins qu’il faille comprendre, tant les voix sont atones, « Ainsi naît ma mort », gaillard oxymore et calambour lacanien annonciateur de notre proche apocalypse. Car il s’agit de cela ici, dans ce spectacle inspiré nous dit-on de l’œuvre du dramaturge et metteur en scène Heiner Müller et qui nous parle en vrac du foutoir et de la fureur du monde.
Si c’est un jeu de « maux », c’est amusant en somme. Mais soyons sérieux : si l’emballage sonore est un efficace – quoique éprouvant – mélange d’ambiances métalliques, de mélodies chantonnées sur piano nostalgique, de voix étirées, de cris hystériques, le verbe ici nous fait frémir : paroles proférées comme à la messe, prose incantatoire et qui se veut profonde.
De qui sont ces textes ? Ce n’est dit nulle part. Extraits de Heiner Müller ? Mais autant Verret nous parle-t-il du fatras comme de l’amphigourie de l’époque ? Allez comprendre ! Le spectacle jusqu’alors mortifère bascule un temps il est vrai dans un étrange interlude comique caricaturant sciemment les bonnes âmes nunuches de bonne volonté. Une blonde à perruque peroxydée porte une astucieuse robe fourreau en boîte de conserve télescopique dont elle a fini par extraire ses jambes et sa tête après un numéro semi-comique de lombric métallique.
Elle égrène faussement ses bons sentiments sous l’œil amusé de Sean Patrick Monbruno, long noir aux muscles finement ciselés se dandinant auprès d’elle sur ses talons aiguilles en lamé argenté. S. P. Monbruno faisait à l’origine mannequin avant d’être happé par Blanca Li, Découflé et enfin par Verret qui le transforme ici en un sculptural meneur de sa revue de notre époque apocalyptique. On le retrouve aussi somptueux en costume noir, en slip rouge faisant tourner un piano auquel s’accroche la pianiste Séverine Chavrier.
Car là est le fort de Verret. Il a le sens aigu des éclairages profonds et de la mise en scène. C’est aussi comme on dit le défaut de ses qualités. De ce Do you remember, nous ne retenons au final qu’un simple défilé d’images, fortes dira-t-on si l’on veut ; certaines en tout cas assez belles : Jean-Baptiste André et ses lentes acrobaties sur une sorte de lampe halogène à bascule. Mais franchement, et c’est bien dommage, ce remue-ménage si parfaitement ordonné nous remue bien peu les méninges et nous émeut rarement.
| | |
François Verret aime les chemises blanches, les costumes noirs, les ambiances ténébreuses et lieux désaffectés. Ici dans ce nouvel opus, Do you remember, No I don’t, défilent alors sur écran les images d’intérieurs d’usines ou entrepôts depuis longtemps évacués. Et puis d’entrée de « je » dans cette œuvre qui tournerait autour de l’identité et de la mémoire entend-on trois mots, Un – Cinéma – Mort, trois fois répétés d’une voix d’outre-tombe dans une mise en scène funeste.
À moins qu’il faille comprendre, tant les voix sont atones, « Ainsi naît ma mort », gaillard oxymore et calambour lacanien annonciateur de notre proche apocalypse. Car il s’agit de cela ici, dans ce spectacle inspiré nous dit-on de l’œuvre du dramaturge et metteur en scène Heiner Müller et qui nous parle en vrac du foutoir et de la fureur du monde.
Si c’est un jeu de « maux », c’est amusant en somme. Mais soyons sérieux : si l’emballage sonore est un efficace – quoique éprouvant – mélange d’ambiances métalliques, de mélodies chantonnées sur piano nostalgique, de voix étirées, de cris hystériques, le verbe ici nous fait frémir : paroles proférées comme à la messe, prose incantatoire et qui se veut profonde.
De qui sont ces textes ? Ce n’est dit nulle part. Extraits de Heiner Müller ? Mais autant Verret nous parle-t-il du fatras comme de l’amphigourie de l’époque ? Allez comprendre ! Le spectacle jusqu’alors mortifère bascule un temps il est vrai dans un étrange interlude comique caricaturant sciemment les bonnes âmes nunuches de bonne volonté. Une blonde à perruque peroxydée porte une astucieuse robe fourreau en boîte de conserve télescopique dont elle a fini par extraire ses jambes et sa tête après un numéro semi-comique de lombric métallique.
Elle égrène faussement ses bons sentiments sous l’œil amusé de Sean Patrick Monbruno, long noir aux muscles finement ciselés se dandinant auprès d’elle sur ses talons aiguilles en lamé argenté. S. P. Monbruno faisait à l’origine mannequin avant d’être happé par Blanca Li, Découflé et enfin par Verret qui le transforme ici en un sculptural meneur de sa revue de notre époque apocalyptique. On le retrouve aussi somptueux en costume noir, en slip rouge faisant tourner un piano auquel s’accroche la pianiste Séverine Chavrier.
Car là est le fort de Verret. Il a le sens aigu des éclairages profonds et de la mise en scène. C’est aussi comme on dit le défaut de ses qualités. De ce Do you remember, nous ne retenons au final qu’un simple défilé d’images, fortes dira-t-on si l’on veut ; certaines en tout cas assez belles : Jean-Baptiste André et ses lentes acrobaties sur une sorte de lampe halogène à bascule. Mais franchement, et c’est bien dommage, ce remue-ménage si parfaitement ordonné nous remue bien peu les méninges et nous émeut rarement.
| | |
|
Théâtre de la Ville, Paris Le 13/10/2009 François FARGUE |
| Do you Remember, No I don’t de François Verret au Théâtre de la Ville, Paris. | Do you remember, No I don’t
Création
chorégraphie : François Verret
F V Compagnie | |
| |
| | |
|