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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Nearly 90 2 de Merce Cunningham, par la Merce Cunningham Dance Company au Théâtre de la Ville, Paris.
Poésie des corps
Ultime création de Merce Cunningham en 2009 peu avant la disparition du grand chorégraphe, Nearly 90 2 fait l’objet d‘une vaste tournée de la Merce Cunningham Dance Company et s’arrête au Théâtre de la Ville. Révélation d’une pièce absolument magique, en forme de synthèse de toutes les recherches accumulées par le chorégraphe au fil des années.
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Cunningham avait-il conscience en réglant ce Nearly 90 qui allait être son œuvre ultime qu’il réalisait une synthèse épurée de tout le travail qu’il a accompli ? Comme dans certains airs de Mozart ou certains Lieder de Schubert, il n’y a ici pas un seconde superflue, pas un geste, pas un mouvement, pas un déplacement qui ne soit porteur de sens, d’émotion, de beauté et qui ne se réfère à tout ce que le chorégraphe a apporté à l’art de la danse.
C’est parfois totalement assumé, parfois juste allusif, comme effleuré, mais ce travail si spécifique sur le corps, sur son rapport au sol comme à l’espace scénique, avec ce mélange d’intellectualisme et de sensualité, est évident comme jamais, soutenu, expliqué, mis en perspective par le remarquable travail des éclairages de Christine Shallenberg.
Vaste voyage poétique des corps moulés dans les sobres mais efficaces costumes d’Anna Fink, Nearly 90 2, deuxième version de Nearly 90, est également servi par des danseurs dont l’élégance, la précision, l’engagement, fascinent. Souplesse des bustes, remarquable travail de jambes, rigueur des ports de bras, nous sommes dans un monde où la perfection technique est langage, émotion.
La chorégraphie se déroule sans chocs, sans heurts, mais avec de constants effets de surprise dans les solutions apportées à la rencontre des corps, à leur désunion, à leur partage du mouvement. Entrées et sorties sont tout aussi inventives tout en paraissant toujours naturelles, spontanées, complémentaires.
C’est une leçon pour tous ceux qui, se présentant comme héritiers de ce révolutionnaire créateur, n’ont su qu’accumuler un fatras de gesticulations et d’accessoires aussi vainement prétentieux qu’inutiles. Avec juste l’essentiel, une fois encore, Cunningham montre que l’on peut tout dire. Certains l’ont compris, fort heureusement, mais combien d’autres se perdent dans l’inutile et la vacuité !
Cet équilibre incroyable encore dépouillement et poésie, entre abstraction et impérieuse présence physique, soutenu par la présence de la musique en direct assurée par John King et Takehusa Kosugi, restera dans les mémoires comme, finalement, ce qui devrait être le fondement de toute danse.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 02/12/2009 Gérard MANNONI |
| Nearly 90 2 de Merce Cunningham, par la Merce Cunningham Dance Company au Théâtre de la Ville, Paris. | Nearly 90 2
chorégraphie : Merce Cunningham
musique : composition réarrangée par John Paul Jones et Takehusa Kosugi
costumes : Anna Finke
éclairages : Christine Shallenberg
musiciens : John King et Takehusa Kosugi
Danseurs de la Merce Cunningham Dance Company | |
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