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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Reprise de Casse-Noisette dans la chorégraphie de Noureev au Ballet de l’Opéra de Paris.
Casse-Noisette (1) :
Routinière première
Décevante première pour un Casse-Noisette qui va tenir l’affiche pour les fêtes à l’Opéra Bastille avec deux solistes peu rayonnants et un Corps de ballet assez flottant. Entaché par les grèves il y a deux ans et donné sans décors, revoici ce ballet dans sa splendeur décorative et son interprétation freudienne créée par Rudolf Noureev en 1985.
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Dans ces grandes séries de classiques du répertoire, issues pour la plupart du fonds de chorégraphies – mises en scène de Rudolf Noureev que donne le Ballet de l’Opéra de Paris deux fois par an, notamment au moment des fêtes –, il n’est pas rare qu’en cours de route ne s’installe la routine. Soit que les danseurs surnuméraires remplaçant les blessés ou malades compromettent un peu l’équilibre de l’ensemble, soit que des distributions soient moins bonnes que d’autres.
Mais on avait jamais vu dès la première d’une telle série une représentation aussi tiède que ce Casse-Noisette qui restera à l’affiche jusqu’au 9 janvier. La danseuse Étoile Dorothée Gilbert, qui a pourtant été nommée à cette distinction dans ce même rôle en 2007, y semble absente et paraît danser parfaitement techniquement, mais sans aucune étincelle le rôle de Clara où jamais elle ne donne l’illusion d’être une petite fille dans un monde d’adulte.
Parfait aussi techniquement, quoique certains portés dans le grand pas de deux final se révèlent un peu périlleux, Mathieu Gagno affiche d’un bout à l’autre de la soirée un sourire de circonstance qui n’embellit pas l’expression de son visage. Il est en revanche impeccable dans la partie Drosselmeyer de son double rôle.
Beaucoup d’inégalité aussi dans les danses du second acte. Si dans la Danse arabe Karl Paquette et surtout Stéphanie Romberg créent complètement l’illusion, la Danse espagnole semble bien raide et les trois danseurs de la Danse chinoise un peu désynchronisés. De même la Valse des fleurs au quatrième tableau s’avère bien brouillonne.
Reste un spectacle qui fait mouche à chaque fois grâce à la formidable imagination de Noureev qui a réussi à faire de ce ballet trop souvent traité de façon infantile, un parcours initiatique de l’adolescence à l’âge adulte avec toutes les composantes freudiennes du rêve : les rats, les adultes transformés en monstres, les conflits, les batailles. Avec la somptuosité des costumes et décors de la Russie bourgeoise du XIXe siècle, on est vraiment au plus près du conte d’E.T.A. Hoffmann qu’avait adapté Alexandre Dumas pour servir de base à la chorégraphie de Petipa.
Dans la fosse, l’Orchestre Colonne est tenu à bout de bras et sans aucune routine par Kevin Rhodes qui, malgré quelques concessions aux possibilités et à la préparation des danseurs au II, gratifie la partition d’un nerf, d’un mordant qui lui donne un saisissant coup de jeune.
Cette série verra alterner de nombreuses distributions, et il faudra particulièrement guetter dans le rôle du Prince le dernier danseur Étoile nommé, Matthias Heymann, et le danseur russe invité Dmitri Tsiskaridzé.
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Opéra Bastille, Paris Le 11/12/2009 Olivier BRUNEL |
| Reprise de Casse-Noisette dans la chorégraphie de Noureev au Ballet de l’Opéra de Paris. | Casse-Noisette
musique : Piotr Ilitch TchaĂŻkovski
chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev
décors et costumes : Nicholas Georgiadis
Maîtrise des Hauts de seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris.
Orchestre Colonne
direction : Kevin Rhodes
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra de Paris et la participation des élèves de l’École de danse. | |
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