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L'ACTUALITE DE LA DANSE 19 avril 2024

Centenaire des Ballets russes sous la houlette de Jean-Christophe Maillot Ă  Monte-Carlo.

Ballets russes Ă  Monaco

Le centenaire des Ballets russes enflamme les compagnies de danse. À Monaco, le directeur du Ballet de Monte-Carlo, Jean-Christophe Maillot, a imaginé une programmation étincelante qui se poursuivra jusqu’à l’été entre reconstitutions et créations. L’occasion de retrouver des incontournables comme le Sacre du printemps, le Fils prodigue, ou encore Shéhérazade.
 

Grimaldi Forum, Monaco
Le 26/12/2009
Nicole DUAULT
 



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  • Entre Monaco et la danse, le fil conducteur passe par les Ballets russes de Serge de Diaghilev qui, en s’installant quelques temps sur le rocher monĂ©gasque, voilĂ  un siècle, ont crĂ©Ă©, lĂ  comme Ă  Paris, Ă  Londres et Ă  Rome, un art chorĂ©graphique nouveau. C’est en souvenir de cet Ă©vĂ©nement que Caroline, princesse de Hanovre, a ressuscitĂ© les Ballets de Monte-Carlo. Elle en a donnĂ© la direction au chorĂ©graphe tourangeau Jean-Christophe Maillot (49 ans).

    Depuis son installation en 1993, sa quête va entre reconstitution et création. Il a imaginé une programmation d’hommage aux Ballets russes jusqu’à l’été. Il fait intervenir sur les mêmes thèmes des dizaines de chorégraphes au point qu’on va compter d’innombrables Faune ou Sacre du printemps. Peu importe, c’est l’impulsion qui compte d’autant que la salle du Grimaldi Forum est pleine de jeunes spectateurs qui rompent avec la tradition monégasque d’un public de retraités richissimes.

    Quel feu d’artifice que de programmer dans une même soirée le Fils prodigue de Balanchine et le Sacre du Printemps de Nijinski avec entre deux une Shéhérazade revisitée par Jean-Christophe Maillot ! Le résultat est magnifique. Entre reconstitution et recréation, il fascine, interpelle et séduit.

    Certes, le Fils prodigue est un ballet récurrent de l’Opéra de Paris. Spectateurs et critiques l’ont vu des dizaines de fois. Le voici à nouveau, identique à quelques détails près. Ce qui frappe c’est l’interprète de la sirène, la danseuse flamande Bernice Coppieters (39 ans) qui depuis vingt ans est associée au travail de Maillot.

    Corps de Vénus de Milo, dotée, elle, de bras et de jambes longilignes, elle subjugue et on ne voit qu’elle. Pourtant, dans ce ballet sur la musique de Prokofiev, l’essentiel est le décor de Georges Rouault. Quelle puissance, quelle violence, quel modernisme ! Et si, un jour, nos chers conservateurs se rendaient enfin compte que Rouault est un des plus puissants créateurs du début du XXe siècle !

    Qui n’a vibré à la lecture des Contes des Mille et une nuits, les récits de Shéhérazade ? L’envoûtante musique de Rimski-Korsakov magnifie cette histoire de harem, de sexe et de sang. Le compositeur ne voulait pas que l’on crée une chorégraphie sur sa musique. Diaghilev, fondateur des Ballets russes, a attendu la mort du musicien pour passer outre. Représenté à Monte-Carlo le 9 avril 1910 puis le 4 juin de cette même année à l’Opéra de Paris, ce ballet avait subjugué autant par le génie de Nijinski que par la chorégraphie flamboyante de Michel Fokine.

    Cent ans après, Jean-Christophe Maillot réinvente cette pièce à partir des décors et des costumes de la création signés du légendaire Léon Baskt. Il reprend le même livret, l’histoire de la princesse Zobéide qui trompe le sultan avec l’Esclave doré et en meurt. Mais il imbrique l’esthétique de Fokine dans la sienne. Rideau rouge luxuriant, ruisselant d’or et de pierreries, une partie du décor peu à peu s’épure, se minimalise jusqu’à n’être qu’un concept de cubes, d’aplats colorés. Glissement d’un orient à un autre : les danseurs se dédoublent et certains quittent leurs costumes surchargés pour enfiler des vêtements high tech noir et blanc. L’Orient chatoyant des Contes est interpelé par celui métallique, hyper sophistiqué de Dubaï.

    Maillot, dans son style habituel néo-classique, ensorcelle les corps qui roulent, coulent, s’emmêlent, s’enlacent dans des volutes et des arabesques aussi voluptueuses que la musique ondulante de Rimski-Korsakov.

    L’une des originalités des Ballets russes de Diaghilev est d’avoir associé aux chorégraphes et compositeurs des peintres comme Picasso, Braque, Derain. Maillot fait de même avec le scénographe Jérôme Kaplan et le plasticien Dominique Drillot dont les lumières parent la chorégraphie d’un esprit jubilatoire.

    Le troisième ballet au programme est le Sacre du printemps. L’exubérante partition de Stravinski accompagnée du ballet de Nijinski fit scandale au Théâtre des Champs-Élysées le 29 mai 1913. Depuis, la musique fascine toujours spectateurs et créateurs : on ne compte plus, de Béjart à Pina Bausch, tous ceux qui ont trouvé l’occasion de créations sublimes.

    Voici à Monaco le ballet initial de Nijinski reconstitué par deux chercheurs, Millicent Hodson et Kenneth Archer. Avec des pas en dedans, des mouvements intériorisés, un affect sublimé, la chorégraphie désuète par les costumes et le décor paraît plus créative que jamais. Magique. Un seul reproche à ces ballets et notamment au Sacre du printemps, tout cela est attrayant mais toujours politiquement ou culturellement correct. On aurait aimé bien plus de la fougue, de la sauvagerie et de la barbarie ; l’essence des Ballets russes.




    Monte-Carlo, jusqu’au 18 juillet 2010




    Grimaldi Forum, Monaco
    Le 26/12/2009
    Nicole DUAULT

    Centenaire des Ballets russes sous la houlette de Jean-Christophe Maillot Ă  Monte-Carlo.
    Le Sacre du printemps – Millicent Hodson (inspiré de Vaslav Nijinsky - 1913)
    Remonté par Millicent Hodson et Kenneth Archer
    musique : Igor Stravinski
    décor : d’après Nicholas Roerich

    Le Fils prodigue – George Balanchine (1929)
    Remonté par Patricia Neary
    livret : Boris Kochno
    musique : Serguei Prokofiev
    décors et costumes : d’après les maquettes de Georges Rouault

    Shéhérazade – Jean-Christophe Maillot
    Inspiré de Michel Fokine (1910)
    musique : Rimski-Korsakov
    décor et costumes : Leon Bakst et Jérôme Kaplan

    Orchestre philharmonique de Monte-Carlo
    direction : Nicolas Brochot

     


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