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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Reprise de Roméo et Juliette de Kenneth MacMillan au Royal Ballet de Londres.
Pour Juliette
Tamara Rojo (Juliette)
Pour le quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, le Royal Ballet poursuit son hommage à Kenneth MacMillan tout au long de sa saison. Son œuvre la plus célèbre avec Manon, Roméo et Juliette, reprend du service pour quinze représentations en janvier et mars. Une soirée gâchée par un Roméo totalement inexpressif, qui remplaçait dans l’urgence un grand titulaire du rôle.
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Une production qui date de quarante-cinq ans, étrennée par une Margot Fonteyn et un Rudolf Noureev au faîte de leur gloire. Roméo et Juliette à Covent Garden fait toujours recette auprès des aficionados de la première heure en 1965 comme des primo spectateurs attirés par le drame universel des amants de Vérone.
La mise en scène, décors et costumes de Nicholas Georgiadis, demeurent inventifs et pétris de culture de la renaissance. Kenneth MacMillan, comme les plus grands chorégraphes des Ballets Russes loués ces dernières semaines, sut pendant quinze ans cultiver avec cet artiste théâtralité et authenticité historique. Les trois actes demeurent d'une grande efficacité, à l'exception de certaines danses de rue à la gestuelle franchement datée, notamment pendant la seconde partie. Le génie de MacMillan repose sur l'art du pas de deux et l'expressivité de ses pas.
Après les créateurs des rôles, des distributions mythiques et notamment pour Juliette Lynn Seymour, Alessandra Ferri et Sylvie Guillem, il peut sembler impossible d'en renouveler l'interprétation. Tamara Rojo relève depuis quelques années le défi. Le récent DVD gravé, avec Carlos Acosta pour partenaire, témoigne de l'importance de son apport au personnage et à la compagnie.
Pour cette reprise, Acosta déclarait forfait trois jours avant la première. Rupert Pennefather le remplace et malgré une certaine clémence pour ce type de représentations, le principal anglais s'avère très en deçà du rôle. Du trio avec Mercutio et Benvolio, comme dans ses variations, le danseur révèle sa fragilité technique.
Manquant de giration et parfois d'équilibre, les trois heures de spectacle semblent un peu laborieuses. Qui plus est, ce Roméo paraît incapable d'exprimer quoi que ce soit. Pourquoi le distribuer ainsi ? Pourtant, il demeure d'une exceptionnelle beauté. Long, blond, aux proportions idéales, le jeune homme conserve des allures de gravure de mode, à la Botticelli.
À l'opposé, Tamara Rojo se joue des difficultés des pas. Presque toujours en scène, aucune tension propre à la chorégraphie n'est perceptible. À travers elle seule, toute la narration fonctionne à merveille. Jeune fille dans sa chambre ou amante éplorée, tout sonne juste. Des pieds aux bouts des doigts, la star espagnole joue avec la musique de Prokofiev. Rien à redire, uniquement souhaiter qu'elle retrouve un partenaire digne de son aura en scène. Le public londonien, habituellement si discret, ne cache pas son enthousiasme jusqu'au fond du caverneux amphithéâtre.
Quant aux seconds rôles, deux danseurs méritent d'être mentionnés. Mercutio, l'Espagnol José Martin, revient sur scène après une blessure. Reprenant possession de tous ses moyens, il ajoute au personnage humour et poésie, avant sa mort déchirante. Le jeune Sergei Polunin promet également beaucoup dans son interprétation de Benvolio. On se prend à rêver qu'il remplace sur le champ Pennefather…
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Royal Opera House, Covent Garden, London Le 16/01/2010 Vincent LE BARON |
| Reprise de Roméo et Juliette de Kenneth MacMillan au Royal Ballet de Londres. | Roméo et Juliette
chorégraphie : Kenneth MacMillan
décors et costumes : Nicholas Georgiadis
musique : Sergei Prokofiev
Royal Ballet, London | |
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