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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Prise de rôle de Karl Paquette en Armand Duval dans la Dame aux camélias de John Neumeier au Ballet de l’Opéra national de Paris
Dame aux camélias (2) :
Élégance et émotion
Isabelle Ciaravola (Marguerite Gautier) et Karl Paquette (Armand Duval)
Pour son premier Armand Duval dans la Dame aux camélias de John Neumeier, la nouvelle étoile Karl Paquette a largement confirmé son accession méritée au titre suprême. Aux côtés d’une Isabelle Ciaravola à la personnalité totalement épanouie, il forme un couple souverain et charismatique, qui marquera l’histoire de l’œuvre.
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On s’étonne toujours de constater comment, à partir d’une école identique, les danseurs parviennent à être si différents. Aucune des distributions que l’on a vues depuis que cette Dame aux camélias est entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra, ne ressemble à l’autre. Certaines s’imposent avec plus de force, mais aucune ne laisse indifférent et surtout, on constate combien, malgré ce que l’on nomme souvent le carcan d’un enseignement précis et rigoureux avec des exigences spécifiques quant au style et à l’exécution des pas, les danseurs parviennent à développer leur propre personnalité, leur propre originalité.
Ainsi, le nouveau couple formé par Karl Paquette, qui abordait le seul rôle d’étoile du répertoire qu’il n’ait pas encore dansé, et Isabelle Ciaravola, s’est-il imposé d’une manière implacable, mais sans ressembler à aucun de ceux vus jusqu’à présent.
Sensibilité, générosité, sincérité, enthousiasme ont toujours permis à la technique de Karl Paquette de nous communiquer quelque chose de plus que bien d’autres interprètes. Il trouve ici un rôle où toutes les qualités qui lui sont propres peuvent s’exprimer librement. Aussi efficace au début en jeune provincial agressé par la futile société parisienne qu’ensuite, en amant passionné poussé au désespoir, il touche de mille façons différentes sans jamais tomber dans un artificiel pathos ni un mélodrame de surface. La danse est belle, expressive, même dans les passages les plus ardus et les portés les plus acrobatiques, et son physique de grand blond s’accorde à ravir avec celui d’Isabelle Ciaravola, petite beauté brune au visage, aux proportions, au regard qui paraissent, c’est presque devenu un lieu commun de le rappeler, directement descendus de quelque tableau romantique.
D’une élégance, d’un charme, d’une autorité absolus, Isabelle Ciaravola n’en fait jamais trop elle non plus, mais émeut, bouleverse tant par la finesse de son jeu dramatique que par l’extrême subtilité d’une danse où des pieds admirables, des bras immatériels, une manière évanescente de s’élever dans les portés semblent défier la gravité. Tout cela est d’une grande beauté, d’une sûreté technique sans failles, mais laisse croire d’emblée à une fragilité intérieure, autant celle de l’âme qui va être blessée à mort que celle du corps attaqué par la maladie, mais sans excès de réalisme.
Eve Grinsztajn est une fort belle Manon, technique déliée et sens du théâtre face au des Grieux de Florian Magnenet au physique toujours aussi spectaculaire. En Gaston Rieux, Josuah Hoffalt a été plus assuré qu’au soir de la première. Laure Muret, spirituelle Olympia, Adrien Bodet, Comte de N. aussi touchant que balourd, Karine Villagrassa, Nanine discrète mais omniprésente avec grâce, et Andreï Klemm, élégant Monsieur Duval de bel impact, complétaient cette nouvelle distribution avec toute l’efficacité voulue.
C’est ce type de spectacle, aux côtés de bien d’autres, en particulier dans le domaine de la création contemporaine ou d’autres acquisitions comme celle du Proust de Roland Petit, qui resteront l’image de marque de l’ère Lefèvre au Ballet de l’Opéra, tant par le choix des œuvres que par celui des interprètes et de leur accession vers le sommet de la hiérarchie de la compagnie.
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Palais Garnier, Paris Le 16/02/2010 GĂ©rard MANNONI |
| Prise de rôle de Karl Paquette en Armand Duval dans la Dame aux camélias de John Neumeier au Ballet de l’Opéra national de Paris | La Dame aux camélias
chorégraphie : John Neumeier
musique : Frédéric Chopin
décors et costumes : Jürgen Rose
Ă©clairages : Rolf Warter
Emmanuel Strosser et Frédéric Vaysse-Knitter, piano
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Michaël Schmidtsdorff
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris. | |
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