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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Suivront mille ans de calme, d’Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot, Paris.
Preljo trop intello ?
Projet de collaboration entre la Compagnie Preljocaj et le Théâtre du Bolchoï dans le cadre de l’année France-Russie, la pièce Suivront mille ans de calme, empruntant son titre à l’Apocalypse, créée à Moscou puis à la Biennale de la Danse de Lyon est à l’affiche de Chaillot jusqu’au 22 octobre. Mi-réussite, mi-déception.
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On pensait un peu qu’avec un sujet aussi exaltant que cette errance distanciée autour de l’Apocalypse et le stimulant apporté par cette collaboration avec des danseurs du Bolchoï, Angelin Preljocaj allait nous entraîner dans l’une de ces randonnées chorégraphiques passionnantes dont il a parfois le secret. Mieux réussi que cette autre tentative assez intellectuelle vécue à l’Opéra avec Siddharta, Suivront mille ans de calme n’est pourtant pas vraiment abouti.
Preljocaj a l’habitude de travailler avec des danseurs des plus grandes compagnies du monde, Opéra de Paris, New York City Ballet et autres. Il a donc su parfaitement opérer la fusion entre ses dix danseurs et ses dix invités, tous excellents. Ce n’est pas là que le bât blesse.
Pas dans le domaine de la construction non plus, sauf que sa régularité géométrique très étudiée, très bien réalisée, reste statique et ne s’ouvre vraiment que pour l’ultime tableau, généreuse image d’un avenir de paix, avec drapeaux de quelque trente-cinq pays du monde et couple d’adorables petits agneaux d’une blancheur virginale.
Gestuelle typiquement Preljocaj, avec beaucoup de recherche dans la symétrie du travail de bras, dans le domaine des flexions du buste, aussi dans la manière dont les groupes s’organisent vite et se défont lentement, quelques belles images, comme ces dix femmes placées sur ces carrés luisants au premier tableau, ces chaînes qui tombent des cintres comme des éclairs de foudre, tout cela ne parvient pourtant pas à donner un souffle d’ensemble à la pièce.
On piétine trop dans le répétitif, non sans lourdeur parfois, comme dans Siddharta, d’ailleurs. Ces séquences d’égale longueur si bien léchées individuellement semblent accolées les unes aux autres, sans que l’on aille de l’avant, sans que l’on ait le sentiment que la réflexion progresse ou s’enrichisse.
C’est très souvent beau, notamment grâce aux éclairages de Cécile Giovanelli, mais sans doute à trop vouloir charger sa danse de messages fort intéressants et estimables, le chorégraphe prend trop de distance avec l’énergie parfois provocante et imaginative qu’il savait mettre en œuvre dans des pièces comme le Parc, Casanova, ou même sa récente Blanche neige qui choqua tant l’avant-garde radicale !
À trop se consacrer au travail de ses petites cellules grises, ne perd-il pas un peu de son âme d’homme de théâtre, de scène, générateur de sensations puissantes, inattendues, uniques dans leur originalité et leur cohésion ?
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 06/10/2010 Gérard MANNONI |
| Suivront mille ans de calme, d’Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Suivront mille ans de calme
chorégraphie : Angelin Preljocaj
scénographie : Subooth Gupta
costumes : Igor Chapurin
Ă©clairages : CĂ©cile Giovanelli
musique : Laurent Garnier, Benjamin Rippert, Beethoven
Danseurs du Ballet Preljocaj et du Théâtre du Bolchoï | |
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