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L'ACTUALITE DE LA DANSE 26 avril 2024

Tours de rôles dans Paquita de Pierre Lacotte et concours annuel du Ballet de l’Opéra de Paris.

Bataille de dames
© Agathe Poupeney

Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio

Deux belles ballerines, Émilie Cozette et Dorothée Gilbert, rivalisent de charme dans les nouvelles distributions du rôle-titre de Paquita, tandis que le jury du concours de promotion annuel du Ballet de l’Opéra national de Paris ne parvient pas à départager les candidates pour désigner une nouvelle Première Danseuse.
 

Palais Garnier, Paris
Le 06/11/2010
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Cette belle sĂ©rie de reprĂ©sentations de Paquita de Pierre Lacotte aura permis Ă  plusieurs Étoiles maison de briller chacune Ă  sa manière. Tandis que la brune DorothĂ©e Gilbert reprenait un rĂ´le oĂą elle s’était dĂ©jĂ  illustrĂ©e, la blonde Émilie Cozette abordait pour la première fois cette hĂ©roĂŻne on ne peut plus romantique.

    Ravissante comme on le sait, elle apporte un charme bien spécifique à son personnage, un peu à la Marie d’Agoult, tout en finesse, en délicatesse, en subtile féminité. Sa technique très pure lui permet d’assumer les mille difficultés qui peuplent la chorégraphie et elle parvient à être touchante, sensible, attachante.

    Avec le Lucien d’Hervilly du très solide Stéphane Bullion, physique de rêve, danse largement déployée – quels magnifiques tours en l’air et quel impressionnant manège à la fin de son ultime variation ! –, elle forme une sorte de couple sorti de quelque conte de fée.

    Dorothée Gilbert, c’est une autre personnalité. Joie irrépressible de danser, technique d’enfer – quel jeu de bas de jambes, quels sauts et quel équilibres de rêve ! – une manière pétillante d’exister sur scène, avec la plus belle danse à la française qui soit. Face à cette partenaire d’exception, Mathieu Ganio campe crânement son premier Lucien d’Hervilly. Style épuré, danse déliée, onctueuse, c’est lui aussi un beau héros romantique de légende comme on aime les imaginer et une Étoile de grande lignée.

    Le personnage de caractère d’Inigo bénéficie de l’interprétation parfaite du Premier Danseur Vincent Chaillet, superbe technique lui aussi et sens très exact du mimodrame. Avec le potentiel qu’il a et la technique qu’il maîtrise déjà, c’est dans les grands rôles classiques et romantiques qu’on espère le voir aussi maintenant et pas seulement dans ces incarnations, intéressantes et difficiles, certes, mais en deçà de la place qu’il devra tenir à l’avenir dans la compagnie.


    Un concours avancé de plusieurs semaines

    Et puis, il y eut le concours, avancé cette année au début novembre alors qu’une tradition assez sadique le plaçait en général au moment des fêtes de fin d’année. Il n’y avait pour les danseuses qu’une seule place par classe, c’est-à-dire une place de Coryphée, une place de Sujet et une place de Première Danseuse.

    C’est Silvia-Cristel Saint-Martin qui a été promue Coryphée, après une belle variation imposée – pas de trois du Lac des cygnes – et une remarquable variation libre, celle de l’acte trois de Sylvia dans la version Darsonval d’après Mérante, choix hardi mais payant, car la ballerine y révèle non seulement une jolie technique mais beaucoup de finesse.

    Valentine Colasante a été promue Sujet, très bonne elle aussi dans la variation imposée – Grand Pas de l’acte II de Paquita – et dans sa variation libre, la Sérénade de Suite en blanc. Deux promotions tout fait méritées.

    Pour le poste unique de Première Danseuse, ce fut un autre problème. Deux ballerines s’étant trouvées à égalité encore au quatrième tour, il fut décidé de ne nommer personne, comme le permettent les règlements maison. Cela arrive rarement, mais parfois tout de même.

    On imagine aisément la déception engendrée auprès de ces artistes qui ont travaillé somme toute pour rien dans l’immédiat, même si tout travail est bénéfique. Facile de dire qu’elles attendront une année. Il peut se passer bien des choses dans la vie d’une ballerine en une année et l’on n’est jamais certain d’arriver à nouveau en forme au bon moment.

    Trois ballerines avaient fait un excellent concours, Alice Renavand, qui devrait être depuis longtemps Première Danseuse, Amandine Albisson et Sarah Kora Dayanova. Mathilde Froustey, belle personnalité aussi, avait très bien réussi la variation imposée, celle de l’Histoire de Manon de MacMillan. Peut-être eut-elle tort de choisir en variation libre une autre variation de séduction, celle de Carmen de Roland Petit, difficile entre toutes. Bref, match nul pour cette année chez les Sujets femmes et pas de nouvelle Première Danseuse.

    Côté hommes, il y avait davantage de places, avec cinq postes de Coryphées, cinq de Sujets et un de Premier Danseur. C’est comme prévu Florian Magnenet qui a obtenu ce dernier, comme prévu car il assume depuis un certain temps de nombreux rôles d’Étoiles.

    Excellent physique, technique en place, il ne lui manque que cette étincelle d’énergie ou d’imagination supplémentaire qui distinguent les fortes personnalités. Libéré désormais des concours, mis en valeur par cette promotion, il est très possible qu’il développe ces qualités qui peuvent ultérieurement en faire une belle Étoile. À suivre !

    La classe des Quadrilles n’a pas spécialement brillé dans la variation imposée, celle du deuxième acte de Giselle. Beaucoup d’erreurs, voire de quasi chutes. On ne peut donc s’étonner que quatre postes seulement sur les cinq mis en concours aient été pourvus. Les deux premiers du classement, Pierre-Arthur Ravaud et Hugo Vigliotti, se détachaient nettement du lot.

    Sûrs dans l’imposée, ils furent brillants dans la variation libre, Napoli pour Ravaud et la Sylphide pour Vigliotti, belle technique, abattage, élégance. Deux personnalités à l’avenir certain et dont il va falloir guetter maintenant les apparitions et l’évolution. Les deux autres, Alexandre Gasse et Julien Cozette, ont bien leur place chez les Coryphées.

    La classe des Coryphées hommes s’est révélée en revanche très brillante, à tel point que certains éléments ayant pourtant fait un excellent concours ne se sont pas trouvés promus, la subjectivité du jury entrant en pareilles circonstances forcément en jeu.

    Parmi les cinq promus – Daniel Stokes, Yannick Bittencourt, Marc Moreau, Cyril Mitilian, Allistair Madin –, personne ne sera hors de propos dans la classe des Sujets, même si un Sébastien Bertaud aurait lui aussi largement mérité de figurer parmi les élus. Yvon Demol, très artiste, aussi.

    Parmi les élus, la personnalité la plus rayonnante et sans doute la plus prometteuse reste celle de Yannick Bittencourt, monté Coryphée l’an dernier. L’aube d’une très belle carrière, certainement. Marc Moreau, parfois moins convaincant en spectacle, a fait aussi un beau concours avec notamment une très personnelle et vivante interprétation d’Arepo de Béjart.

    Une compagnie plus que jamais débordante de vie et de talents et qui va maintenant se lancer pour le mois de décembre dans deux programmes totalement opposés, le Lac des cygnes version Noureev et un patchwork très contemporain Balanchine-Bausch-Brown, contraste qu’elle est quasiment la seule au monde à pouvoir assumer à pareil niveau.




    Palais Garnier, Paris
    Le 06/11/2010
    GĂ©rard MANNONI

    Tours de rôles dans Paquita de Pierre Lacotte et concours annuel du Ballet de l’Opéra de Paris.
    Paquita, ballet en deux actes de Paul Foucher et Joseph Mazilier
    musique : Édouard Marie Delvedez et Ludwig Minkus, adaptée et orchestrée par David Coleman
    adaptation et chorégraphie : Pierre Lacotte d’après Joseph Mazilier (1846) et Marius Petipa (1881)
    décors et costumes : Luisa Spinatelli
    Ă©clairages : Philippe Albaric

    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Philippe Hui

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris.

     


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