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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
24 avril 2024 |
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Uliana Lopatkina danse le Lac des cygnes avec le Ballet de l’Opéra de Paris.
Lac des cygnes (3) :
Une grande prima ballerina
Invitée pour deux spectacles à danser le Lac des cygnes avec le Ballet de l’Opéra national de Paris à la Bastille, l’Étoile du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg Uliana Lopatkina a confirmé qu’elle est bien l’une des plus grande ballerines actuelles, aux côtés du Siegfried de José Martinez et du Rothbart de Stéphane Bullion.
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Une silhouette féerique, des bras d’une onctueuse souplesse, des jambes fuselées à ravir, un visage toujours expressif, la Lopatkina a été gâtée par la nature. Tout le reste, c’est bien sûr le talent et le travail. On l’avait déjà vue à Paris, au Châtelet, mais insérée dans la compagnie de l’Opéra, c’est une joie supplémentaire.
Cela montre d’abord sa capacité à danser une version inhabituelle pour elle, exercice il est vrai auquel nos propres Étoiles se livrent avec éclat également quand elles sont invitées en Russie. Cela montre aussi combien l’École russe a évolué, sans pour autant renier ses principes de base, travail de bras et du haut du corps exceptionnel, avec cette différence que rien n’est plus un tantinet excessif.
La souplesse, le charme, l’immatérialité des mouvements de bras est poétique et suggère les battements des ailes du cygne plus qu’ils ne cherchent à les imiter. Cela paraît sobre comparé aux bras d’une Plissetskaïa, mais c’est tout aussi efficace. Même retenue dans le mimodrame, d’une totale exactitude sans forcer jamais sur l’expressionnisme à la russe.
Il en résulte une incarnation d’Odette-Odile d’un style très pur, dégageant une émotion non dénuée de pudeur, avec une fragilité, une sensibilité très touchantes. Le cygne blanc, par son moelleux, ses ralentis superbes, son intériorité, lui convient peut-être même mieux que le noir, où une Makarova déployait plus de force, de malignité et où la plupart de nos Étoiles, notamment Agnès Letestu, assument les fameux trente-deux fouettés avec plus de sûreté et d’abattage.
Mais ces fouettés ne sont qu’anecdotiques dans le ballet, même si tout le monde les attend et s’il est plus agréable de les voir exécutés avec rigueur. Une grande ballerine, donc, parmi les plus fascinantes de celles qui officient aujourd’hui.
Elle avait pour excellent partenaire José Martinez, dont la pureté stylistique et la technique sont à leur zénith. Son Siegfried, d’une émouvante sobriété, maîtrise totalement cette version qui se passe « comme dans un rêve » sans pour autant que le jeu théâtre soit négligé. Il est seulement d’une nature un peu plus distanciée, ce qui s’accorde idéalement avec l’incarnation si poétique de Lopatkina.
Stéphane Bullion était à nouveau un Rothbart aussi inquiétant que bien dansant, lui aussi rendant une parfaite justice à ce personnage à deux visages tel que l’a voulu Noureev. La tenue du Corps de ballet hommes et femmes témoigne une fois encore de l’excellence du travail accompli par les maîtres de ballet. Plusieurs prises de rôles de la nouvelle génération d’Étoiles sont encore attendues avec impatience.
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Opéra Bastille, Paris Le 17/12/2010 Gérard MANNONI |
| Uliana Lopatkina danse le Lac des cygnes avec le Ballet de l’Opéra de Paris. | Le Lac des cygnes, ballet en quatre actes
musique : TchaĂŻkovski
chorégraphie : Rudolf Noureev d’après Petipa et Ivanov
décors : Ezio Frigerio
costumes : Franca Squarciapino
Ă©clairages : Vinicio Cheli
Orchestre Colonne
direction : Simon Hewett
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris. | |
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