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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Reprise du spectacle Mats Ek au Ballet de l’Opéra national de Paris.
Géniale modernité
Alice Renavand (la Servante)
À revoir au Palais Garnier la Maison de Bernarda et A sort of de Mats Ek dans la programmation du Ballet de l’Opéra national de Paris, on ne peut qu’admirer la modernité inspirée de ce chorégraphe qui aura marqué notre temps aux côtés des plus grands. Une vision sombre mais aussi caricaturale de l’enfermement sur soi-même.
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Avec un décor minimaliste mais d’une redoutable efficacité, des costumes qui ne disent rien de plus que l’essentiel, un choix de musique parfaitement en situation, la Maison de Bernarda apparaît plus que jamais comme l’un des œuvres maîtresses de Mats Ek. D’autant qu’entré au répertoire de la compagnie en 2008, le ballet bénéficie encore d’une distribution exceptionnelle.
Qu’il est angoissant, cet univers fermĂ© et castrateur peint par Mats Ek dans nombre de ses ballets oĂą règne une mère abusive ! Ici, c’est l’essentiel du drame ultime de Federico GarcĂa Lorca que nous restitue le chorĂ©graphe. Imposant par la terreur Ă ses cinq filles un deuil forcĂ© Ă la mĂ©moire de leur père, la monstrueuse Bernarda, prise elle-mĂŞme entre austĂ©ritĂ© forcenĂ©e et pulsion mystico-sexuelle, conduira au drame sa tribu fĂ©minine, non sans avoir tentĂ© d’entrouvrir une porte vers la vraie vie Ă sa fille aĂ®nĂ©e.
C’est à un homme qu’est confié le rôle de Bernarda, renforçant le caractère équivoque du personnage. Occasion d’un bref retour pour Kader Belarbi affiché en alternance avec José Martinez. Toujours aussi scénique et expressif, personnalité qui marqua les belles années Noureev de la compagnie, Belarbi est entouré d’un lot de magnifiques danseuses d’où se détachent d’abord Alice Renavand, dans le rôle de la servante.
Quelle belle créature et quelle danse magnifique d’éclat, de vivacité, d’humour quand il le faut, de théâtralité, bref, de tout ce qui fait les ballerines d’exception ! Mélanie Hurel fait elle aussi une composition marquante en sœur aînée et Eleonora Abbagnato, toujours aussi belle, s’impose en jeune sœur comme la superbe artiste qu’elle demeure.
Les autres sont parfaites, Laure Muret, tragique sœur bossue, Aurélia Bellet et Amélie Lamoureux, les sœurs jumelles. Saisissante incarnation aussi de l’Homme par Audric Bezard qui parvient avec sobriété à imposer un personnage fort.
Entré au répertoire en même temps que Bernarda, A sort of exprime fondamentalement les mêmes angoisses mais de manière radicalement différente sur des pages de Górecki. Au drame fulgurant succède un humour agressif, surréaliste, où rêve et réalité se confondent, où tout bouge et tout change sans cesse, où l’on est constamment en dedans et en dehors d’un univers aux couleurs acidulées.
On ne peut plus typique de cette démarche, le premier pas de deux est assuré au plus haut niveau par le Premier Danseur Vincent Chaillet, chez qui on découvre, au-delà de son exceptionnel potentiel technique, un impact théâtral qui en fait l’un des artistes les plus complets de la jeune génération. Séverine Westermann, bien attachante artiste, est trop souvent oubliée lors du concours annuel !
Et puis, tout le monde entre en scène dans une sorte de savant charivari gestuel et visuel construit de la plus savante manière. Un deuxième couple s’y insère, l’Étoile Jérémie Bélingard, qui apporte comme toujours une présence physique impérieuse et un sens artistique profond à ce qu’il danse, et Caroline Robert, très investie elle aussi, personnalité trop souvent perdue dans la masse du Corps de ballet.
Après le passage de la compagnie du Bolchoï, il restera encore pour la fin de saison trois programmes maison on ne peut plus contrastés, l’entrée au répertoire de Rain, d’Anne Teresa de Keersmaeker, la création de l’Anatomie de la sensation de Wayne McGregor et la reprise des si poétiques Enfants du paradis de José Martinez.
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Palais Garnier, Paris Le 28/04/2011 GĂ©rard MANNONI |
| Reprise du spectacle Mats Ek au Ballet de l’Opéra national de Paris. | La Maison de Bernarda
chorégraphie : Mats EK
musique : Bach et musique traditionnelle de guitare espagnole
décors et costumes : Marie-Louise Ekman
éclairages : Jörgen Jarsson
A sort of
chorégraphie : Mats Ek
musique : GĂłrecki
décors et costumes : Maria Geber
Ă©clairages : Ellen Ruge
Avec les Étoiles, Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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