|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
24 avril 2024 |
|
Illusionen wie Schwanensee de John Neumeier à l’Opéra de Munich.
Tchaïkovski chez Louis II
L'entrée au répertoire du Ballet d'État de Bavière d'Illusionen wie SChwanensee de John Neumeier a tout d'une évidence trente-cinq ans après sa création à Hambourg. Cette version très personnelle du chorégraphe américain fonctionne à merveille dans cette région d'Allemagne encore très marquée par ses monarques romantiques.
|
|
L’amour virtuose
Ivresse grecque
Flambeau partagé
[ Tout sur la danse ]
|
Le Ballet de l'État de Bavière a comme toute compagnie de ce standard multiplié les productions du Lac des cygnes. Toutes inspirées de Marius Petipa et de Lev Ivanov, elles eurent une durée de vie variable selon la qualité des décors et des costumes, et selon les directions artistiques.
Ivan Liska, présent responsable et proche de John Neumeier, a eu l'heureuse initiative de faire entrer la version du chorégraphe dans sa scénographie originale. La transposition repose sur l'histoire de la fin de la vie de Louis II de Bavière. Le souverain demeure plus souvent associé à la vie de Richard Wagner, mais le parallèle avec Tchaïkovski et l'argument du Lac des cygnes fonctionne sans difficulté. Neumeier ainsi alterne de brèves scènes de la captivité de Louis II avec des tableaux évocateurs du ballet original ou d'épisodes de la vie du souverain.
Le premier long tableau mêle ainsi l'acte d'exposition du Lac avec la construction de Neuschwanstein, folie architecturale du roi. Louis II est interprété par Marlon Dino. Sa présence et son jeu collent avec l'argument, mais il lui manque la fragilité caractéristique de ce personnage désespéré. Quant à sa danse, calme mais sans ampleur, elle laisse un peu sur sa faim.
Au cours de ce premier acte, Natalia, sa promise, dansée par la charismatique Daria Sukhorukova, enchante par son bas de jambe ainsi que par sa capacité à exprimer son désespoir de femme délaissée. Tout au long du ballet, Olivier Vercoutère intrigue dans l'ombre de la Cour. L'homosexualité de Louis II est habilement suggérée par la transformation physique de ce mentor et amant.
Le deuxième acte, théâtre dans le théâtre, reprend l'intégralité de l'acte blanc chorégraphié par Lev Ivanov. Ekaterina Petina, ancienne danseuse du Mariinski, offre une Odette parfaite dans son académisme. Cyril Pierre incarne Siegfried, déguisé comme une caricature de chanteur wagnérien au XIXe siècle. Malgré son indéniable talent et une production qui tient parfaitement la route, Jürgen Rose pourrait redessiner certains costumes, au risque sinon de ringardiser l'ensemble.
L'acte III comme le premier alterne les figures attendues de la chorégraphie de Marius Petipa et la réflexion plus personnelle de John Neumeier. Tout au long du spectacle, il exhume des morceaux oubliés de la partition, colle et déplace certains passages dans un respect parfait de l'esprit d'une œuvre qui, créée en 1877, débuta par une entière reconstruction de Marius Petipa et de Lev Ivanov en 1895.
Le Ballet d'État de Bavière compte une nouvelle œuvre de Neumeier à son répertoire. Il est probablement le chorégraphe le plus représenté en Allemagne, devançant John Cranko son maître et William Forsythe, un autre de ses élèves.
| | |
|
Nationaltheater, München Le 21/05/2011 Vincent LE BARON |
| Illusionen wie Schwanensee de John Neumeier à l’Opéra de Munich. | Illusionen wie Schwanensee
chorégraphie : John Neumeier
Ballet d’Etat de Bavière | |
| |
| | |
|