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L'ACTUALITE DE LA DANSE 25 avril 2024

Incidence chorégraphique au Théâtre municipal de Fontainebleau.

Le courage de la sincérité
© Agathe Poupeney

Programme austère mais très bien construit pour cette soirée du groupe Incidence chorégraphique que Bruno Bouché à présenté ce week-end au Théâtre municipal de Fontainebleau. Dix excellents danseurs de l’opéra ont défendu un programme d’une belle authenticité et résolument sans concessions.
 

Théâtre municipal, Fontainebleau
Le 17/12/2011
GĂ©rard MANNONI
 



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    Seule référence à une danse plus directement classique et spectaculaire, Ouverture en deux mouvements de José Martinez, avec ses belles diagonales, sa démonstration technique sans excès et savamment dosée, appuyée sur la musique de la Symphonie classique de Prokofiev, était une entrée en matière qui permit d’emblée d’apprécier les multiples qualités des dix danseurs composant le groupe. Sûreté du style, belle école, élégance et abattage, tout y était.

    Mais beaucoup plus ambitieuse était l’œuvre qui suivait, chorégraphiée sur la Sonate de Liszt par Bruno Bouché pour quatre garçons. Dans une demi-pénombre presque permanente ou des éclairages subtilement tamisés, quatre silhouettes émergent entre les pieds d’un piano à queue qui semble leur donner vie.

    Elles retourneront d’ailleurs à cette matrice originelle à la fin de la pièce qui développe pendant trente minutes de savantes diagonales et des rapports très structurés entre les corps, avec un travail de bras particulier qui est un peu le moteur de l’ensemble par son perpétuel renouvellement.

    Nous ne cesserons pas, titre de cette pièce, s’inspire du poème éponyme de T.S. Eliot, évocateur aussi bien de la quête de soi-même que de celle de l’autre. Très sobre, très mesurée, la chorégraphie se déroule comme un mouvement perpétuel à la gestuelle originale, d’un lyrisme pudique, remarquablement exécutée par Alexandre Gasse, Erwan Leroux, Yann Saïz et Daniel Stokes. L’interprétation très claire et très structurée d’Hélène Grimaud se prêtant bien à ce jeu de géométries sensibles où la danse d’est jamais une illustration pléonastique de la musique.

    Choix musical très différent pour la pièce de Nicolas Paul donnée en début de deuxième partie. Sur des pages de Monteverdi et du très contemporain Giacinto Scelsi, Voie sans voix traite du symbole du chausson de pointe dans son rapport à la danse féminine.

    Avec pour tout accessoire, si l’on peut dire, une énorme tas des dits chaussons de pointe qui prendra différents aspects au cours de la pièce, quatre ballerines vont établir elles aussi un rapport tour à tour personnel et collectif avec cet objet à la fois si attirant et si rebutant.

    Très bon chorégraphe, Nicolas Paul sait jouer de le flexibilité des corps, de leur théâtralité, en occupant habilement l’espace tant avec ces amoncellements de chaussons qui finissent par paraître vivants qu’avec les déplacement des danseuses. C’est original, bien réglé, intelligent et également très bien interprété par Muriel Zusperreguy, Amandine Albisson, Aurelia Bellet, Juliette Hilaire, Jennifer Visocchi, très belles personnes au demeurant.

    La soirée s’achevait avec le beau duo de Bruno Bouché, Bless-ainsi soit-il évoquant le combat de Jacob et de l’Ange sur la transcription pour piano par Busoni de la Chaconne de Bach. Ici encore, c’est la pureté et la sincérité de l’expression qui s’impose, sans effets inutiles, sans théâtralité déplacée, mais allant avec force au cœur même de cette symbolique puissante. Erwan Leroux et Aurélien Houette en était les interprètes irréprochables.

    Malgré sa volontaire rigueur, ce programme a obtenu grâce à ses réelles et peu courantes qualités, un beau succès publique.




    Théâtre municipal, Fontainebleau
    Le 17/12/2011
    GĂ©rard MANNONI

    Incidence chorégraphique au Théâtre municipal de Fontainebleau.
    Incidences chorégraphiques
    Ouverture en deux mouvements
    chorégraphie : José Martinez
    musique : Serge Prokofiev
    Nous ne cesserons pas
    chorégraphie : Bruno Bouché
    musique : Franz Liszt
    Voie sans voix
    chorégraphie : Nicolas Paul
    musique : Monteverdi et Scelsi
    Bless-ainsi soit-il
    chorégraphie : Bruno Bouché
    musique : Bach-Busoni
    Avec les danseurs du groupe Incidence chorégraphique

     


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