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L'ACTUALITE DE LA DANSE 26 avril 2024

Reprise d’Orphée de José Montalvo et Dominique Hervieu au Théâtre national de Chaillot, Paris.

Orphée intemporel
© Laurent Philippe

Créé dans cette même salle en 2010, l’Orphée de José Montalvo et Dominique Hervieu reste l’un des traitements scéniques les plus hardis du célèbre mythe. Grand divertissement touchant au théâtre total, cette pièce qui allie danse, chant, musique et images de synthèse absolument réussies est d’une maîtrise qui impressionne.
 

Théâtre national de Chaillot, Paris
Le 06/03/2012
Gérard MANNONI
 



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  • L’aisance magistrale avec laquelle José Montalvo et Dominique Hervieu manipulent tant de langages à la fois est bien la somme de trente années de collaboration. 1981-2010, voilà un parcours commun dont la majorité des créations nous a enchantés de manière bien particulière.

    Car il ne suffit pas d’avoir une idée et de mettre au point une technique en grande partie nouvelle pour arriver à produire pareille série d’œuvres aussi diversifiées. Cet Orphée est donc la somme de toutes ces expériences, le mythe se prêtant bien à cette marche progressive vers la tragédie, dans une alternance de réalisme, de rêve mythologique, de poésie, le tout absolument intemporel.

    On peut en jouer à sa guise, de Gluck s’en servant pour révolutionner l’opera seria à Cocteau en plein surréalisme, en passant par l’humour d’un Offenbach y caricaturant la société et les politiciens du Second Empire.

    José Montalvo et Dominique Hervieu s’en donnent donc à cœur joie dans un montage visuel et sonore aussi savant sinon plus que celui de certains ballets de Béjart. Ils jouent à la fois de leurs célèbres images projetées totalement oniriques, décapantes, irrévérencieuses mais tellement poétiques, et des talents formidables d’un ensemble d’artistes tout aussi inhabituel puisqu’il comprend des danseurs, des chanteurs, des musiciens chanteurs issus d’écoles et de cultures différentes.

    Musiques et rythmes, gestuelles frôlant le classique ou s’éclatant dans un hip-hop de la plus haute technicité, permettent de faire se côtoyer une étonnante variété d’expressions corporelles et vocales, sans que jamais cela ne tourne à la confusion. Tout reste dans une sorte de logique parfaitement claire malgré la rapidité des changements de ton, de style, d’images.

    Car, tout en ayant pour fond visuel presque permanent des vues très attachantes des berges parisiennes de la Seine, le fil rouge que suit le mythe traditionnel n’est jamais abandonné. Les mêmes personnages aux incarnations symboliques et aux physiques inhabituels dans le monde de la danse servent de jalons, de repères.

    On admire leur incroyable technique, ou plutôt leurs incroyables techniques car ils en possèdent chacun plusieurs, musicale, vocale, chorégraphique, sans oublier l’humour sous-jacent qui ne s’efface qu’aux moments les plus intenses du drame.

    Si l’on voit des tigres et des lions sous l’eau, des chevaux assis sur des bancs dans harmonieuse compagnie d’un chien, une paisible famille de canards qui traversent à maintes reprises discrètement l’écran et tant d’autres plans inattendus, imaginatif, drôles ou plus violents illustrant le monde animal du mythe, tout peut devenir aussi un monde d’ombres noires sur fond gris ou de corps déchirés et sanglants quand le héros finit déchiqueté par les Bacchantes.

    Il en va de même des musiques où se succèdent sans se bousculer les plus modernes et les plus anciennes. Ces multiples facettes permettent de traiter bien des aspects du mythe et de poser la majorité des questions qu’il pose sur l’art, l’artiste, la création, l’amour, la mort.

    On est ébloui par l‘intelligence avec laquelle une matière si complexe est traitée et par la qualité artistique supérieure de tous les participants, même si l’on sait cela habituel dans le travail de Montalvo et Hervieu. On passe en tout cas quelque soixante-dix minutes délectables qui nous arrachent à la morosité de l’hiver et de ce que nous proposent en ce moment à entendre et à voir tant de médias.




    Théâtre national de Chaillot, Paris
    Le 06/03/2012
    Gérard MANNONI

    Reprise d’Orphée de José Montalvo et Dominique Hervieu au Théâtre national de Chaillot, Paris.
    Orphée
    chorégraphie, scénographie, conception vidéo : Dominique Hervieu et José Montalvo
    costumes : Dominique Hervieu.
    Musiques : Monteverdi, Gluck, Glass, Durante, Casals, Sanches, Jacchini, Bonfa, La Secte Phoétik, Sergio Balestracci
    éclairages : Vincent Paoli
    son : Jean-Christophe Parmentier

    Avec les danseurs Stéphane Florant, Natacha Balet, Delphine Nguyen dite Deydey, Luca Patuelli dit Lazylegz, Babacar Cissé dit Bouba, Grégory Kamoun, Karim Randé, Stevy Zabarel dit Easley, les danseurs-chanteurs Sabine Novel, Blaise Kouakou, Merlin Nyakam, les chanteurs et musiciens Soanny Fay (soprano), Julien Marine (contre-ténor), Sébastien Obrecht (ténor-violoncelliste), Diého Salamanca (théorbe).

     


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