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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Solaire de Fabrice Lambert au théâtre des Abbesses, Paris.
Soleil noir
En résidence au CND jusqu’en 2014, le chorégraphe Fabrice Lambert présente aux Abbesses une pièce de 2010 emblématique de son travail sur le clair-obscur, la magie du geste ravi par l’ombre mais qui ne brillera probablement pas au firmament de son œuvre. Encore qu’elle n’a pas manqué de fasciner certains et certaines.
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Plaquées aux cintres, sept rangées de spots comme les tentacules d’une pieuvre géante ou la gerbe lumineuse d’un manège de fête foraine. Au sol deux danseuses, trois danseurs, un gros, un maigre, et Fabrice Lambert le chorégraphe de l’Expérience Harmaat (les gris en finnois). Ses bras pendent puissamment le long de son corps.
Il est d’emblée l’élément phare de Solaire, le titre provocateur de cette pièce de l’ombre créée en 2010. Toutes les pièces de Fabrice Lambert trouvent refuge dans d’incertaines lueurs et de savants fondus de vagues pénombres à l’obscurité. C’est ce qui intrigue réellement chez certaines d’entre elles, ce coté cahoteux, flou de la lumière. Elle sait aussi se mouvoir à la façon d’un spectre et habille essentiellement cette pièce, si l’on excepte les pantalons et chemises grises des danseurs et danseuses qui tâtonnent, se tâtent, tournicotent au commencement.
La musique plane ou se déchaîne, en riffs stridents. Il semble que la pièce se défende d’emblée d’aller quelque part, de se choisir un but. Ils et elles vont et viennent, se posent, procèdent à quelques embardées fluides et organiques puis quittent le plateau par à -coups.
Sera hypnotisé qui veut par ces esquisses chorégraphiques où l’on reconnaît balayée par une ombre une pose cunninghammienne. Puis une autre. Les bras se lancent les premiers, les corps suivent, les torses souples, les tours vifs sur soi-même, stoppés net.
Tout n’est que bribes, éclats de mouvements qui surgissent et disparaissent dans ce savant ballet d’ombres et de lumières conçu par Philippe Gladieux. Lambert ne nous réserve que dix minutes à peine de feux d’artifice, un affolement tantrique où il règne sans le vouloir peut-être en maitre absolu. Il s’ancre au sol ou vrille à merveille. Ses bras, ses cuisses pourfendent l’air et l’ombre. Les bras et les cuisses de Rahan.
Puis ce monde finalement se recroqueville, contemple le rien, les vagues de pénombre qui passent, s’allonge, éparpillé comme des poupées malmenées. Puis ils s’enroulent sur eux-mêmes, s’étirent comme de la pâte jusqu’à ressembler à des momies emmaillotées qui roulent imperceptiblement sous ces tentacules de lumière qui vont progressivement s’éteindre.
Un final assez saisissant conclut ce spectacle un peu bruyant, un peu sommaire, emblématique du travail poursuivi par Fabrice Lambert mais un de ses plus anecdotiques quand même. À suivre sa résidence désormais au CND jusqu’en 2014.
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Théâtre des Abbesses, Paris Le 05/03/2012 François FARGUE |
| Solaire de Fabrice Lambert au théâtre des Abbesses, Paris. | Solaire
conception et chorégraphie : Fabrice Lambert
assistante à la chorégraphie : Hanna Hedman
conception lumière : Philippe Gladieux
interprétation lumière : Mehdi Toutain-Lopez
son : Frédéric Laugt
costumes : Alexandra Bertaut.
Avec Madlaine Fournier, Hanna Hedman, Fabrice Lambert, Ivan Mathis, Stephen Thompson | |
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