La beauté architecturale d’un lieu comme la chapelle Saint Frambourg de Senlis, tout en sobre finesse gothique, où György Cziffra implanta sa fondation, se prête à tous les styles de danse.

Le programme proposé par Incidence Chorégraphique est en outre particulièrement adapté au lieu et à sa vocation puisque deux des trois pièces proposées sont chorégraphiées sur des pages pour piano jouées en direct par l’excellent François Dumont. Rappelons que le groupe créé par Bruno Bouché est composé de danseurs de l’Opéra national de Paris, avec l’autorisation bienveillante de Brigitte Lefèvre, directrice de la danse.

En ouverture, le très romantique Pas de deux de Roméo et Juliette de Prokofiev dans la version Lavrovski, est dansé par deux jeunes interprètes, Jennifer Vissochi et Yvon Demol. Physiques de rêve pour ces personnages mythiques, mais encore plus perfection de la technique et du style chez ces jeunes artistes qui illustrent l’excellence du travail effectué à l’Opéra.

Précision, élégance, charme, habileté à gérer un plateau tellement moins vaste que ceux auxquels ils sont habitués, sincérité de l’investissement, on ne peut qu’être admiratif et touché par ce moment de pureté artistique dans un cadre pareil. Place ensuite au langage contemporain de la danse, tout aussi à sa place dans ce lieu.

Le style de Bruno Bouché, chorégraphe de Bless-ainsi soit IL et de Nous ne cesserons pas est en effet lui aussi d’une grande pureté. Il a déjà été question dans ces colonnes de ces deux pièces inspirées respectivement par la Chaconne en ré mineur de Bach dans la transcription de Busoni et par la Sonate en si de Liszt brillamment interprétées ici par François Dumont.

L’une comme l’autre font preuve d’une belle maîtrise d’un langage chorégraphique sobre, très structuré sur la base de lignes savamment organisées, d’un travail de bras approfondi, créant l’émotion dans la sobriété sans recherche d’effets fracassants.

On garde le souvenir de belles idées, d’images marquantes, comme, encore une fois, dans Nous ne cesserons jamais, de la manière dont les quatre danseurs sont comme enfantés par le piano au début de la pièce avant de retourner, à la fin, dans cette matrice sonore où s’égrènent les dernières notes si apaisées de la Sonate de Liszt.

Alexandre Gasse et Aurélien Houette dans Bless-ainsi soit IL illustrent avec un total engagement cette évocation du combat de Jacob et de l’Ange. Daniel Stokes, Yvon Demol, Alexandre Carniato et Aurélien Houette défendent avec un irréprochable talent Nous ne cesserons jamais, inspiré par des vers de T.S. Eliot., donnant une très appréciable unité artistique à cette attachante soirée chorégraphique.