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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Jiuta, trois solos de kabuki par Tamasaburô Bandô au Théâtre du Châtelet, Paris.
La fascination du kabuki
En prélude à l’opéra Pavillon aux pivoines, le Châtelet propose trois solos de danse japonaise. Ils sont interprétés par Tamasaburô Bandô, qualifié par le gouvernement japonais de trésor national vivant. Impressionnant, cet interprète de 62 ans est capable dans un rôle travesti de faire rêver aux émois et aux passions des jeunes filles en fleurs.
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Subtil, sublime, surréel, l’art de Tamasaburô Bandô échappe à toutes les classifications. Voilà trente ans, ce comédien-danseur-metteur en scène et réalisateur de films avait bouleversé Paris. À la fin des années 1970, on le découvrit à Mogador. Puis aux côtés des danseurs Patrick Dupond et Jorge Donn, le chorégraphe Maurice Béjart en fit une star en le propulsant dans sa vision du Roi Lear.
Revoilà au Châtelet le maître du kabuki comme metteur en scène et acteur de la fresque le Pavillon aux pivoines. Auparavant seul en scène, il suscite l’émotion, trois soirs de suite, dans trois petites pièces de quinze minutes chacune.
Bandô est accompagné de deux musiciens, le trésor national vivant Seikin Tomiyama, qui interprète des mélodies délicates en jouant du shamisen – instrument à trois cordes pincées – et son fils Kiyohito Tomiyama qui utilise également un instrument à cordes pincées, le koto. Ce que fait Bandô sur scène n’est ni de la danse, ni de la pantomime, ni du théâtre mais tout cela à la fois. Il est la poésie incarnée.
Visage blanchi, regard souligné de rouge comme les commissures de ses lèvres, il blottit son corps massif d’un mètre soixante-quinze, courbé pour paraître minuscule, dans les soies magnifiques de kimonos voluptueux. Il bouge à peine ; ses mouvements, d’une lenteur extrême, ressemblent à l’ondoiement des vagues ou aux traits acérés des estampes japonaises.
Dans une palpitation des paupières, c’est toute la détresse du monde qui surgit ; il ouvre son ombrelle et la joie pétille. Qui est-il ? Un onnagata, c’est-à -dire un homme qui interprète une sensibilité de femme. Il n’est pas un travesti. Ce ne sont pas des personnages mais des sentiments, des émotions et des illusions qu’il illustre. Il les transmet au public qu’il tient en haleine, miraculeusement, avec aussi peu de moyens.
La première pièce évoque une geisha qui, un soir de neige, rêve à un amant d’antan et passe de la solitude à la douleur ; la seconde est l’intrusion du démon de la jalousie au sein d’une âme fragile ; la troisième, dans le décor d’un cerisier en fleurs, sous des flocons, décrit le ressentiment amoureux.
Que fait découvrir Tamasaburô Bandô ? La puissance et la magie d’un geste, l’art du frémissement. Ce même raffinement, on l’attend dans l’opéra chinois le Pavillon aux pivoines. Le trésor national japonais le présentera avec une troupe chinoise et en langue chinoise. Il s’agit d’extraits. L’épopée lyrique fleuve de vingt-deux heures a déjà été présentée en France, à Caen et à Paris, à la Villette. C’était lors du festival d’automne 1999.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 05/02/2013 Nicole DUAULT |
| Jiuta, trois solos de kabuki par Tamasaburô Bandô au Théâtre du Châtelet, Paris. | Yuki (La neige)
Aoino-ue (Le Dit du Genji)
Kanega-misaki (Le Promontoire de la cloche du temple)
TamasaburĂ´ BandĂ´, danse
Duo Seikin Tomiyama (Trésor national vivant du Japon) | |
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