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L'ACTUALITE DE LA DANSE 24 avril 2024

Spectacle Roland Petit au Ballet de l’Opéra national de Paris.

Rendez-vous avec l’émotion
© SĂ©bastien MathĂ©

Première soirée tout Roland Petit à l’Opéra depuis la disparition du grand chorégraphe, ce programme proposait trois ballets importants, dont le premier fut un grand moment d’émotion. Le Rendez-vous, le Loup et Carmen, trois titres riches de souvenirs si forts que les comparaisons sont parfois dures à assumer mais renouer avec ce fabuleux univers reste toujours magique.
 

Palais Garnier, Paris
Le 15/03/2013
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Étrange et assez bouleversante impression que celle produite par l’absence du chorĂ©graphe qui venait gĂ©nĂ©ralement saluer son public Ă  l’issue de telles soirĂ©es. Le Palais Garnier est, comme toujours, comble en pareille occasion et personne ne pourra nier que les trois ballets prĂ©sentĂ©s, dont le plus rĂ©cent date de 1953, soit de plus d’un demi-siècle, ont gardĂ© toute leur acuitĂ©, leur modernitĂ© et leur impertinente audace. Ils ont aussi chacun une personnalitĂ© bien marquĂ©e, qui s’impose de manière impĂ©rieuse dans le flot de crĂ©ations de toutes sortes qui anime depuis la vie chorĂ©graphique.

    De ces trois chefs-d’œuvre qui traitent tous trois du destin, de la rencontre inéluctable avec une mort qui prend chez Roland Petit si volontiers le masque de l’amour, c’est le Rendez-vous, le plus bref, le plus sobre, et d’une certaine manière le plus radical qui nous bouleverse vraiment une fois encore en profondeur.

    Avec une concision exemplaire, ce rapide parcours où le destin prend la forme du hasard qui mène le Jeune homme tout droit vers la Plus belle fille du monde qui le tue, doit autant sa puissance à la géniale invention chorégraphique de Roland Petit qu’aux collaborateurs dont, déjà en 1945, il avait su s’entourer, Brassaï, Prévert, Kosma et Picasso.

    De cette complicitĂ© est nĂ© non seulement un conte tragique et poĂ©tique d’amour et de mort mais une inĂ©galable Ă©vocation d’un Paris aujourd’hui disparu, celui des petits bals, d’un Montmartre mal Ă©clairĂ©, oĂą joies naĂŻves et misère se cĂ´toyaient, d’un temps oĂą, comme le disait Roland Petit, « l’eau de la Seine coulait encore limpide Â».

    Interprétation magistrale de Nicolas Le Riche, qui se dirige de manière éclatante vers la fin d’une grande carrière. On sait qu’il fera ses adieux à l’issue de la saison prochaine, mais pour l’instant, avec ce Jeune homme aussi approfondi sous l’angle de la danse que sous celui du théâtre, il donne une leçon absolue à la génération qui le suit. La Plus belle fille du monde est à nouveau Isabelle Ciaravola, idéale effectivement de beauté, dangereuse, mortifère, jambes et pieds sublimes comme toujours, totalement investie dans son personnage. Inoubliable !

    Hugo Vigliotti est un Bossu agile, lui aussi bien dans l’esprit de cette chorégraphie si intelligente, si inspirée, où chaque caractère se détache sur ce fond de ville aux cent mystères. Excellent Destin incarné par Stéphane Phavorin inquiétant à souhait et belle interprétation par Pascal Aubin du thème si célèbre de Kosma qui devait devenir celui des Feuilles mortes.

    Pourquoi ne retrouve-t-on pas la même intensité émotionnelle, la même perfection scénique dans les deux ballets suivants ? Sans doute parce que les interprètes principaux, pour certains du moins, portent toute leur attention sur l’exécution technique des pas, oubliant une peu que chez Roland Petit, rien n’est théâtralement ni dramatiquement sans une grande signification.

    Dans le Loup, il faut parvenir à donner à la chorégraphie la dimension mythique du conte sans être englouti par les couleurs des décors et costumes de Carzou ni par la géniale musique de Dutilleux. Ni Laetitia Pujol ni Benjamin Pech, malgré la qualité de leur danse, n’ont vraiment relevé ce défi avec assez de force.

    Quant à Carmen, s’il n’y a rien à reprocher aux ensembles ni aux seconds rôles tenus avec beaucoup d’exactitude, ni non plus au Don José de Stéphane Bullion, porteur ne serait-ce déjà que par son remarquable physique sombrement romantique d’un puissant drame intérieur, on doit bien reconnaître que Ludmilla Pagliero est passée à côté du rôle-titre, comme tant d’autres avant elle d’ailleurs.

    Elle a la technique, mais rien de l’insolence sensuelle, à la fois charnelle et aigue, ironique et tragique, de l’héroïne créée par Zizi. Sans même se référer à celle-ci que personne n’égalera jamais, il y eut sur cette scène des interprètes qui avaient cette complexité, cet impertinent éclat, cette présence trouble, multiple, rassemblant l’intensité des Carmen de Mérimée et de Bizet.

    On pense entre autres aux Loudières ou aux Pietragalla en particulier, des tragédiennes nées. Jambes maigrichonnes, bras sans ampleur, visage limité à deux expressions, Pagliero, malgré sa virtuosité, ne fut jamais crédible. Eleonora Abbagnato et Aurélie Dupont qui alterneront avec elle auront une toute autre présence.

    Il reste que l’originalité de ces trois ballets, avec cette osmose parfaite entre chorégraphie, musique et décoration, continue à rester un exemple de ce que la danse dite classique peut produire de plus subtil, de plus expressif et de plus irrésistible pour le public de tous les temps.




    Palais Garnier, Paris
    Le 15/03/2013
    GĂ©rard MANNONI

    Spectacle Roland Petit au Ballet de l’Opéra national de Paris.
    Le Rendez-vous
    argument : Jacques Prévert
    musique originale : Joseph Kosma
    chorégraphie : Roland Petit
    rideau de scène : Pablo Picasso
    décors : Brassaï
    costumes : Mayo
    éclairages : Jean-Michel Désiré.
    Le Loup
    argument : Jean Anouilh & Georges Neveux
    musique : Henri Dutilleux
    chorégraphie : Roland Petit
    décors et costumes : Carzou
    éclairages : Jean-Michel Désiré
    Carmen, d’après la nouvelle de Mérimée
    musique : Bizet, arrangée par G.Tommy Desserre
    chorégraphie : Roland Petit
    décors et costumes : Antoni Clavé
    éclairages : Jean-Michel Désiré

    Orchestre Colonne
    direction : Yannis Pouspourikas

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris

     


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