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L'ACTUALITE DE LA DANSE 23 avril 2024

Centenaire du Sacre du printemps de Stravinski au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

D’un Sacre, l’autre
© Vincent Pontet

Le Sacre du Printemps a eu cent ans mercredi et le Théâtre des Champs-Élysées résonne encore du beau chahut de sa création le 29 mai 1913. Le théâtre de l’Avenue Montaigne rend un hommage appuyé à ce monument de la musique du siècle dernier, soirée retransmise en direct sur ARTE ayant touché des millions de téléspectateurs.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 30/05/2013
Olivier BRUNEL
 



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  • Un siècle n’aura pas suffit Ă  faire oublier la soirĂ©e mĂ©morable et houleuse oĂą le très aristocratique et bourgeois public du tout nouveau Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es, temple de l’Art DĂ©co, un an avant la Grande Guerre, chahuta en prĂ©sence de tout ce que Paris comptait alors d’artistes (de Picasso Ă  Proust, de Ravel Ă  Florent Schmitt), ce qui est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme la pierre angulaire de la modernitĂ© symphonique : le Sacre du printemps d’Igor Stravinski.

    Le public découvrait avec stupeur ce chef-d’œuvre et ne manquait d’exprimer son indignation à la fois devant tant de hardiesse musicale et d’audace chorégraphique devant le travail de Vaslav Nijinski pour son invité de marque, les Ballets Russes de Serge de Diaghilev, nouvelle coqueluche du monde artistique dans un monde prêt à basculer dans une autre ère.

    Cent ans après, la question reste ouverte de savoir si de telles réactions (hurlements, injures, coups, évanouissements et autres excès, scandale magnifiquement raconté par Gabriel Astruc, directeur de l’époque avenue Montaigne, dans un texte reproduit dans le programme du théâtre) furent le fait de la musique ou de la danse.

    Après avoir rendu un hommage appuyé à la chorégraphie (une autre version historique du Sacre, celle de Pina Bausch, sera présentée cette semaine) le Théâtre des Champs-Élysées le fera en juin pour la partition en la faisant diriger au cours de trois concerts symphoniques par des personnalités aussi diverses qu’Esa-Pekka Salonen, Daniele Gatti et Yannick Nézet-Seguin.

    Pour la danse, c’est le Ballet du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg et son orchestre dirigé par leur directeur musical Valery Gergiev qui montera les deux versions à son répertoire, l’originale de Nijinski reconstituée, et une création de la chorégraphe Sasha Waltz. Ceux qui ont vu la retransmission le mois dernier sur ARTE, de l’ébouriffant gala d’ouverture de la toute nouvelle deuxième salle du Mariinski, ont déjà pu avoir un aperçu de ces deux versions juxtaposées dans la même exécution.

    ©Vincent Pontet

    Les premières représentations parisiennes ont attiré de nombreux invités, ministres actuels et passés, people en tous genres et une invitée de marque, Tamara Nijinski, fille du chorégraphe, 93 ans. Un scandale chassant l’autre, la résurrection de la chorégraphie de son père résultat d’une collaboration entre Robert Joffrey, alors directeur du Joffrey Ballet de Chicago, la chorégraphe et historienne de la danse américaine Millicent Hodson et à l'historien de l'art, anglais Kenneth Archer, n’a jamais entraîné de versement de droits d’auteurs aux héritiers Nijinski.

    Une récente modification législative française le lui permettait et par là-même d’assister pour la première fois à cette reconstitution. Et c’est bien pour telle qu’il faut tenir cette chorégraphie restituée d’après des photos, croquis, récits, d’une forte puissance narrative avec ses costumes rutilants et ses toiles fraîchement reconstituées d’après les originaux de Nicolas Roerich.

    Le Ballet du Mariinski excelle dans l’interprétation de cette pièce désormais part de son répertoire patrimonial à qui un peu plus de raffinement dans les éclairages aurait certainement ajouté la part de mystère qui faisait défaut. Bel Air Classiques publie en un très beau livre DVD collector du centenaire la captation au Théâtre Mariinski de ce Sacre de Nijinski complété par l’Oiseau de feu, chorégraphie de Fokine, sous la direction musicale de Valery Gergiev.

    Place au présent ensuite, et c’est la commande à la chorégraphe et metteur en scène berlinoise Sasha Waltz qui succède à la version historique. Suivant de prêt l’argument de Stravinski et Roerich, ne reniant pas une bonne part d’influence de Maurice Béjart, chorégraphe d’un autre Sacre historique que l’on regrette de ne pas voir faire partie de cette célébration, la chorégraphie, avec des éclairages très sophistiqués, joue la carte de la sensualité, de la fluidité et offre un très intéressant contraste dans son discours social, sa liberté d’expression corporelle et la diversité physique des participants avec la reconstitution historique. L’applaudimètre privilégie d’ailleurs largement cette création.

    Mais le plus fascinant reste la façon dont le chef ossète Valery Gergiev, pivot de la soirée, celui pour lequel le président Poutine a le 1er mai dernier rétabli l’ancienne distinction de l’ère soviétique de Héros du Travail, nuance les deux exécutions successives de la partition. Dès les premières mesures et l’ineffable solo de basson, on savait que pour le Sacre historique il privilégierait le rythme alors que pour la création de Waltz, il ferait avec son excellent Orchestre du Théâtre Mariinski un fabuleux travail sur les timbres dont abonde cette partition qui un siècle après sa création n’a pas fini de fasciner.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 30/05/2013
    Olivier BRUNEL

    Centenaire du Sacre du printemps de Stravinski au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Le Sacre du printemps
    musique : Igor Stravinski
    chorégraphie originale : Vaslav Nijinski (1913)
    chorégraphie, décors et costumes reconstitués : Millicent Hodson et Kenneth Archer (1987)
    Le Sacre du printemps
    chorégraphie : Sasha Waltz (création française)
    costumes : Bernd Skodzig
    décors : Pia Maier Schriever & Sasha Waltz
    Ă©clairages : Thilo Reuther
    Ballet et Orchestre du Théâtre Mariinski
    direction : Valery Gergiev

     


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