|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
29 mars 2024 |
|
La Sylphide de Pierre Lacotte par le Ballet de l’Opéra de Paris.
Kilts et tutus longs
C’est avec une reconstruction de La Sylphide originale de Philippe Taglioni et Jean-Madeleine Schneitzhoefer par Pierre Lacotte, référence qui a fait le tour du monde, spectacle diffusé dans les cinémas le 27 juin, que le Ballet de l’Opéra de Paris achève sa saison au Palais Garnier, en alternance avec Signes de Carolyn Carlson sur la scène bastillane.
|
|
Ivresse grecque
Flambeau partagé
Fulgurante beauté
[ Tout sur la danse ]
|
Pure essence de romantisme et de féerie, la Sylphide telle que nous la montre la reconstitution de Pierre Lacotte d’après des documents d’archives est une pièce maîtresse du répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris qui y aura été représentée à Paris 210 fois (sur un millier de représentations dans le monde) depuis 1972 quand elle fut recrée avec Ghislaine Thesmar et Michaël Denard.
On ne l’y avait pas vu depuis neuf ans. Et, c’est le miracle qu’opère quasi quotidiennement ce formidable Corps de ballet, aucune routine n’altère la fraîcheur de ces chorégraphies qui forment un fond de répertoire classique, véritable toile de fond à une activité de création de pièces modernes et contemporaines sans laquelle surviennent immanquablement la sclérose et la mort des compagnies de danse.
La Sylphide version Lacotte, beaucoup plus intéressante pour la danse et la pantomime que la version de Bournonville que conserve toujours à son répertoire le Ballet Royal du Danemark, dont le scénario diffère un peu, comporte largement de quoi mettre en valeur la troupe du Ballet de l’Opéra.
Elle débute par une grande fête dans une chaumière écossaise au premier acte avec un régiment d’écossais et d’écossaises en kilts bleus et rouges dont le clou est le long Pas de deux des Écossais interprété avec une précision technique époustouflante par Laurène Levy et Marc Moreau. Forêt enchantée au second, avec déploiement des sylphides impeccablement réglé ainsi que leurs vols dans les cintres, apothéose de la légèreté.
Des huit distributions possibles, nous avons pu savourer le trio formé par Amandine Albisson, Floriant Magnenet et Valentine Colasante, tous jeunes danseurs dans la hiérarchie du Ballet comme il est d’usage après les premières représentations de la série qui font briller les Étoiles.
Amandine Albisson (qui n’est que Sujet), avec un physique léger, un mystère et une grâce toute romantique, semble avoir été conçue pour le rôle de la Sylphide avec un mélange de fragilité et d’aplomb technique infaillible, notamment dans d’admirables ports de bras. Valentine Colasante (Première Danseuse) est touchante, quoiqu’un peu effacée, dans celui d’Effie la fiancée.
Doté d'un physique idéal, Florian Magnenet danse superbement ce rôle difficile qui le maintient sur scène pendant toute la durée du ballet. Technique magnifique, batteries et sauts impeccables, aisance scénique, et sans excès dans le jeu de pantomime. Les deux partenaires sont tout à fait au même diapason, le risque étant que chacun ne tire la couverture à soi.
Quel bonheur d’avoir pu voir pour une des de ses dernières apparitions, car il va prendre sa retraite, Stéphane Phavorin, impayable dans le rôle de la Sorcière ! Ce Premier Danseur s’est fait une spécialité de ces rôles de caractère notamment travestis comme la Mère de la Fille mal gardée et autres méchantes fées du répertoire, dans lesquels se sont illustrés d’autres grands interprètes comme Jean Marie Didière et Laurent Quéval, et on voit difficilement qui lui succédera aujourd’hui.
Philippe Hui, à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, a l’immense mérite de donner un semblant d’unité et un soin infini à cette partition qui n’est de loin pas la plus exaltante du répertoire du ballet romantique.
| | |
| | |
|