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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
10 mai 2024 |
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Cendrillon de Thierry Malandain par le Malandain Ballet Biarritz au Théâtre national de Chaillot, Paris.
La pureté de Cendrillon
Créée en février dernier au Théâtre Royal de Versailles, la Cendrillon de Thierry Malandain est maintenant proposée aux Parisiens. Gros succès pour un conte qui retrouve toute sa pureté et sa poésie par le seul langage d’une danse merveilleusement fluide, structurée, efficace et sans bavardage. Décor unique, mais d’une belle invention.
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Il faut une grande maîtrise d’un langage chorégraphique méthodiquement élaboré au fil des années pour parvenir à raconter cette histoire présente dans toutes les mémoires sans jamais la trahir et en la renouvelant. Sur la partition de Prokofiev, Thierry Malandain a réussi un étonnant travail d’équilibriste, entre figuratif et abstraction, nouveauté et tradition.
Son premier choix, excellent a été de s’en tenir à l’essentiel, c’est-à -dire au langage des corps, leur laissant le soin d’exprimer aussi bien le merveilleux que l’émotion, les rapports humains que la féerie, dépouillant le spectacle de tous les fatras décoratifs dont on affuble si souvent les contes.
Entre trois murs ponctués de stilets noirs, comme ceux qui permettront à la jeune fille brimée de devenir princesse, avec quelques jeux de lumière à point nommé, le chorégraphe a lancé ses vingt danseurs en collants, ou sobre costumes, dans une représentation magique où tout est raconté par la seule danse.
Qu’elle soit caricaturale, comme pour la marâtre et les deux méchantes sœurs dansées par des hommes, gracieusement physique comme pour le si beau groupe des Elfes en collants chair, technique comme pour le maître de danse, Cendrillon et le Prince, la danse caractérise les personnages, incarne leurs rapports, leurs sentiments, leurs émotions, ce qu’il veulent montrer d’eux-mêmes et ce qu’ils cherchent à cacher.
Suivant fidèlement la partition de Prokofiev, Malandain parvient donc à créer un ensemble d’images nouvelles à tous égards mais qui trouvent en nous un écho, une signification immédiats. On sent qu’il aime tous ces personnages, les méchants comme les autres, mais il ne force jamais le trait. Marâtre et sœurs sont plus ridicules que maléfiques, Cendrillon elle-même ne nous apitoie que discrètement sur ses malheurs et a le triomphe modeste.
Tout est fait en élégance, d’un trait fin, rapide, incisif, précis, mais jamais trop appuyé, y compris la danse espagnole et la danse arabe aux humoristiques conclusions. Et cela ne traîne jamais. La construction est d’une totale cohérence, tout s’emboite logiquement, ensembles, pas de deux – il y en a deux vraiment anthologiques – se déroulent et se succèdent avec naturel. Magique, vraiment, sans mièvrerie, mais le charme d’un monde autre, celui des rêves, de l’imaginaire pur.
L’excellente compagnie du Ballet Biarritz n’est plus à découvrir. Elle ne comprend que de très bons danseurs, aux physiques homogènes, à la technique brillante. Miuiki Kanei et Daniel Vizcayo forment un couple de héros d’une fraîche jeunesse, sveltes, presque miniatures, subtils, élégants. En Maître de danse, Arnaud Mahouy nous gratifie de quantité de grands jetés superbes. Tous les autres solistes font preuve d’une maîtrise absolue de leur corps et de leur art. Certainement la plus convaincante relecture de conte depuis celle de Maguy Marin.
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 09/04/2014 Gérard MANNONI |
| Cendrillon de Thierry Malandain par le Malandain Ballet Biarritz au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Cendrillon
chorégraphie : Thierry Malandain
musique : Serge Prokofiev
décors et costumes : Jorge Gallardo
éclairages : Jean-Claude Asquié
Avec les danseurs du Malandain Ballet Biarritz | |
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