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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
29 mars 2024 |
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Contact, de Philippe Decouflé, par la Compagnie DCA au Théâtre national de Chaillot, Paris.
Decouflé tel qu’en lui-même
Brillant, déjanté, dans le plus pur style Decouflé, flirtant avec plusieurs formes de spectacle, imaginatif et peuplé de créatures farfelues et décoratives, Contact nous rappelle que ce créateur est avant tout un faiseur d’images qui se joue du corps humain comme un magicien faisant sortir de son chapeau des lapins ou des oiseaux de toutes les couleurs.
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Ivresse grecque
Flambeau partagé
Fulgurante beauté
[ Tout sur la danse ]
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Créé en novembre dernier à la Maison de la Danse de Lyon, Contact tient du Magic Circus, de la comédie musicale, des Branquignoles, d’une revue des Folies Bergère, du cinéma, du cabaret, bref, c’est du Decouflé, individu unique en son genre, aussi bien capable d’animer de grandes manifestations populaires que de signer de petits joyaux chorégraphiques ou d’inventer des univers improbables mais percutants.
Des idées de spectacle, il y en a ici à foison, avec beaucoup de personnages, faussement sérieux ou sérieusement fous, des décors changeants et raffinés, des effets d’optiques impressionnants tels que Decouflé les a toujours aimés et dont il use ici avec une redoutable efficacité. Et puis il y a de la musique, en direct, mi-jazz mi-variétés, mais qui colle idéalement au propos grâce au talent sincère de Nosfell et de Pierre Le Bourgeois. Les arts du cirque ne manquent pas non plus à l’appel, tout comme de superbes moments vraiment dansés, avec une élégance n’excluant pas la parodie ni les regards en arrière sur des créations du passé et même sur celles de certains collègues.
Et puis, bien sûr, toute cette micro société qui chante, qui danse, qui parle, est parée d’un vrai kaléidoscope de vêtements et de coiffures décalés, rutilants ou sobres, vraiment dingues, multiples pour chaque personnage, garçons en robes de lamé ou en collants académiques, filles en paillettes, un foisonnement farfelu issu de l’incroyable imagination de Decouflé en la matière. C’est poétique, drôle, inattendu, théâtralement d’un effet certain, parfaitement assumé par tous, y compris avec hardiesse par certains physiques audacieux. On est sans cesse à la frontière du sérieux, avec ces rappels faustiens, et du dérisoire, comme dans la vie elle-même. Et tout s’achève dans une apothéose de projections sophistiquées qui nous entraînent dans le merveilleux et le rêve.
Mais comme rien n’est jamais vraiment parfait en ce bas monde, il faut avouer que l’on se perd un peu dans ce déferlement d’images et d’idées, d’allusions et de références et qu’il manque sans doute, pour que notre bonheur soit complet, une sorte de fil rouge plus lisible, ou une structure d’ensemble plus rythmée, plus évolutive où tout puisse se raccrocher. Mais avouons aussi que ces deux petites heures de diablerie ont une saveur délectable qui manque à tant d’autres spectacles contemporains.
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 09/01/2015 Gérard MANNONI |
| Contact, de Philippe Decouflé, par la Compagnie DCA au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Contact, comédie musicale fantasmagorique
mise en scène et chorégraphie : Philippe Decouflé
scénographie : Jean Rabasse, assisté de Gladys Garot Frati
costumes : Laurence Chalou assistée de Léa Rudowski
Ă©clairages : Patrice Besombes
musique originale en direct : Nosfell et Pierre le Bourgeois
Avec les danseurs de la compagnie DCA | |
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