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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Programme Paul-Rigal-Lock-Millepied au Ballet de l’Opéra de Paris.
Une certaine austérité
Malgré les tentatives humoristiques improbables de la création de Pierre Rigal, cette soirée était assez austère. Un rayon de soleil, le très joli pas de deux réglé par Benjamin Millepied pour Aurélie Dupont et Hervé Moreau, qui, blessé, était remplacé par Marc Moreau, et des œuvres en noir et blanc, poussant plus à l’introspection qu’au divertissement. Mais pourquoi pas ?
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Deux reprises, deux créations, et plusieurs chorégraphies de grande qualité. On peut penser que les meilleures de ces pièces aurait été plus en valeur en contraste avec d’autres de nature plus différente. La création de Pierre Rigal, Salut, était peut-être destinée à apporter une notre d’impertinence satirique, mais cette gestuelle mécanique, ce jeu cent fois vu de noir et de blanc, cette manipulation parodique de costumes classiques, tournent court et n’amusent que quelques minutes.
On attend ensuite, vainement, que l’on danse un peu, ce qu’on voudra, mais qu’on danse. Rien ne se passe. Comme cela est arrivé à certains de ses contemporains à qui l’on faisait le cadeau magnifique d’une création pour la meilleure compagnie du monde, Rigal n’a rien vu de ce qu’il pouvait faire de plus ici qu’avec n’importe quelle troupe de deuxième ordre. Même Jérémie Bélingard et Benjamin Pech disparaissent dans ce fatras qui se veut géométrique. C’est un comble d’utiliser aussi mal des artistes de cette trempe !
Tout avait commencé par la reprise de l’excellent Répliques de Nicolas Paul créé en 2009. Sur des pages variées de Ligeti, Paul a agencé une série de tableaux très personnels, dans un style bien à lui, sans exhibitionnisme, mais avec une grande sûreté. Traitant du thème du double et de notre rapport à l’image, il structure le plateau en plusieurs plans multipliant les approches ou les opposant, utilise les corps avec une sobre efficacité, créant un univers aussi concret qu’abstrait, une sorte de non-lieu imaginaire où erre notre subconscient. Ludmilla Pagliero et Vincent Chaillet sont en tête d’une excellent distribution, très investie dans la défense de cette pièce intelligente, inspirée, originale.
Très néo-classique américain, Together Alone, chorégraphié par Benjamin Millepied sur l’Étude n° 10 pour piano de Philip Glass remarquablement jouée par Elena Bonnay, est un moment de pur plaisir, fluide, aussi subtile que du Robbins, musical, plein de belles idées pour associer les corps. Aurélie Dupont, royale comme toujours, poétique, spontanée, avec une élégance détachée avait pour partenaire Marc Moreau qui remplaçait en dernière minute Hervé Moreau blessé. Belle silhouette, technique très nette et solide, Marc Moreau assure avec abattage, achevant de faire de ce pas de deux sans excessive prétention un moment de bonheur.
Retour à un univers plus sombre à nouveau avec l’excellent AndréAuria d’Edward Locke créé en novembre 2002. Gestuelle très stylisée faite de petits gestes faussement mécaniques, du noir et du blanc, des silhouettes curieusement dessinées, un décor mouvant, Edward Locke avait su, lui, se servir des interprètes d’exception dont il disposait pour réussir une démonstration stylistique très personnelle.
Il faut beaucoup de technique pour dominer ces pas ciselés, acrobatiques et d’une inquiétante précision, dans la vitesse ou dans la force, sans dénaturer le côté ludique et provocant du propos. Une distribution de premier ordre était réunie, avec Alice Renavand, Valentine Colasante, Héloïse Bourdon, Stéphane Bullion, le jeune et décidément formidable Germain Louvet, Mathias Heymann, Josua Hoffalt, Mélanie Hurel notamment.
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Palais Garnier, Paris Le 02/02/2015 GĂ©rard MANNONI |
| Programme Paul-Rigal-Lock-Millepied au Ballet de l’Opéra de Paris. | Répliques
chorégraphie : Nicolas Paul
musique : György Ligeti
scénographie : Paul Andreu
costumes : Adeline André
Ă©clairages : Madjid Akimi
Salut
chorégraphie : Pierre Rigal
musique originale : Joan Cambon
costumes : Roy Genty
éclairages : Urs Schönebaum
Together alone
chorégraphie : Benjamin Millepied
musique : Philip Glass
éclairages : Urs Schönebaum
AndréAuria
chorégraphie : Edward Lock
musique : David Lang
scénographie : Stéphane Roy
costumes : Liz Vandal
Ă©clairages : John Munro
Elena Bonnay, Denis Chouillet, Nicolas Mamllante, pianos
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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