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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
27 avril 2024 |
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Pneuma, de Carolyn Carlson, par le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux au Théâtre national de Chaillot, Paris.
Magic Carolyn
Cinquante ans de carrière, une centaine de pièces à son actif, comme le souligne la feuille programme, et Carolyn Carlson n’a rien perdu de son imagination, de son intelligence artistique faite de subtilité et se sensibilité. Défendu magistralement par les danseurs de l’Opéra de Bordeaux, Pneuma est un moment de pure magie.
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Elle s’est toujours prétendue plus philosophe et poète que chorégraphe. Voire dessinatrice, car elle a souvent illustré elle-même ses propres poèmes. C’est tout cela que l’on retrouve dans Pneuma, créé en 2014 sur la scène du Grand-Théâtre de Bordeaux par l’excellent Ballet de l’Opéra national que dirige Charles Jude avec la plus totale réussite. Le public le Chaillot lui fait un triomphe, et c’est normal.
S’inspirant de l’Air et les songes : essai sur l’imagination du mouvement de Bachelard, Carlson a construit une heure et vingt minutes de magie pure, absolument typique de son univers intérieur comme de son travail esthétique. Japonisant sans l’être de manière outrancière, le cadre établi par Rémi Nicolas a pourtant toute la finesse mystérieuse de certaines gravures nipponnes. Par sa légèreté, sa transparence, où la silhouette mystérieuse d’un grand volatile noir inquiétant trône ou se déploie (Carolyn en personne ?), il se prête idéalement à ce propos sur la légèreté, le vol, l’immatérialité.
On sait que pour le danseur classique, de manière traditionnelle et même si certains contemporains ne s’y plient pas, le travail de base est une recherche de l’élévation, du contact le plus minimal possible avec le sol. Ici, point de tutus longs ou courts ni de pointes, mais tout est souffle immatériel, impondérabilité. Grâce aux costumes, avec au besoin recours à un ventilateur-souffleur qui fait voler tuniques ou chevelures, tout est aérien, sans poids, fluide, impalpable. On joue sur le noir et sur le blanc, les structures des groupes ont la finesse des estampes anciennes venues d’Asie, mais beaucoup d’énergie aussi, avec ce travail de bras si typique de Carlson. On est autant dans l’esprit que dans la matière.
Les danseurs sont parfaits de technique, dans un rapport suprême avec la musique de Gavin Bryars. Ils ont tout ce qu’il faut pour servir ce propos d’une rare subtilité, la souplesse, la vitesse, le sens de ce monde qui n’est ni réel ni irréel, effectivement aussi philosophique que poétique. C’est très beau d’un bout à l’autre, sans une minute inutile, sans redondance, sans facilités. Un grand moment de très belle danse.
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 18/02/2016 Gérard MANNONI |
| Pneuma, de Carolyn Carlson, par le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Pneuma
chorégraphie : Carolyn Carlson (pour 22 danseurs)
éclairages et scénographie : Remi Nicolas
musique : Gavin Bryars, enregistrée et interprétée par l’Orchestre de l’Opéra national de Bordeaux-Aquitaine
Avec les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux | |
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