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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
23 avril 2024 |
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Reprise du Roméo et Juliette de Prokofiev et Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris.
Roméo et Juliette (1) :
Couple idéal
La reprise du meilleur ballet personnel de Rudolf Noureev va permettre à une nouvelle génération de s’approprier cette grande et belle fresque dramatique riche en rôles diversifiés. Menée par deux Étoiles idéalement employées, cette première distribution brille aussi par d’autres prises de rôle et un bel investissement des ensembles.
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L’amour virtuose
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Flambeau partagé
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Mathieu Ganio en Roméo, cela paraissait s’imposer. C’était apparemment à ce jour le seul rôle des Grands Noureev qu’il n’ait pas abordé. Outre le physique, bien sûr, il a exactement le type de danse qui peut le mieux correspondre au personnage tel que le chorégraphe l’a conçu. Technique classique rigoureuse, élégante, aux lignes impeccables, énergie de la jeunesse, car il y a beaucoup à danser, tout le temps, et surtout, nul besoin d’en rajouter dans le jeu théâtral, car il vaut mieux que tout passe par la danse pour ne pas sombrer dans le mélodrame excessif. Cette histoire est bien assez triste sans que l’on ait besoin d’en rajouter.
C’est également ce qu’avait compris Manuel Legris lorsqu’il reprit en 1985, encore Sujet seulement, le rôle qu’avait créé en 1984 Patrick Dupond. Ganio joue juste ce qu’il faut, ce qui correspond bien au caractère de Roméo, jeune homme emporté inconsciemment dans les pièges tendus par un destin féroce, chahuteur avec ses amis, mais plus racé qu’eux. C’est crédible et émouvant de bout en bout.
D’autant qu’Amandine Albisson lui donne la meilleure des répliques, elle aussi parfaite techniquement dans la sobriété et l’élégance, la fraîcheur, sensuelle par nature, sans avoir, pas plus que Ganio, à entrer dans la gestuelle plus explicite d’une civilisation renaissance violente et sexuellement très libre de la bande de jeunes qui les entoure. Ce sont des seigneurs, d’emblée différents. Leurs pas de deux notamment sont en tous points exemplaires par leur fusion et le vrai dialogue qu’ils instaurent.
Autour d’eux, un Corps de ballet très investi, et d’autres solistes totalement engagés aussi pour incarner les différents moteurs dramatiques de l’action. Karl Paquette, Tybalt blond, ce qui change un peu, a la violence et l’agressivité maléfique adéquate, François Alu, avec sa phénoménale agilité et un vrai don de comédien, en ferait presque trop en hyper-joyeux Mercutio, tandis que Fabien Revillon est un Benvolio calme à souhait et qu’Héloïse Bourdon parvient à donner une belle présence au rôle pourtant épisodique de Rosaline.
Bref, tout est mené avec vivacité et ce qu’il faut de théâtre dansé pour redonner vie à cette fresque Renaissance que Noureev a reconstituée comme le reflet de toute une culture et de toute une civilisation aux mœurs à la fois très libres et limitées par certaines lignes rouges à ne jamais franchir. Seule restriction, une direction musicale de Simon Hewett souvent trop pesante et s’appuyant plus sur les effets les plus bruyants de la splendide partition de Prokofiev que sur le détail de son orchestration.
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Opéra Bastille, Paris Le 23/03/2016 Gérard MANNONI |
| Reprise du Roméo et Juliette de Prokofiev et Noureev au Ballet de l’Opéra national de Paris. | Roméo et Juliette
musique : Prokofiev
chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev
décors : Ezio Frigerio
costumes : Ezio Frigerio & Mauro Pagano
Ă©clairages : Vinicio Cheli
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Simon Hewett
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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