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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
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Programme William Forsythe au Ballet de l’Opéra national de Paris avec la création de Blake Works 1.
Impérial Forsythe
Standing ovation saluant la création mondiale de Blake Works 1 de William Forsythe qui terminait cette splendide soirée au Palais Garnier débutée par une entrée au répertoire de Of Any If And du même chorégraphe américain. La danse la plus excitante et la plus vraie par un artiste à l’inspiration toujours bouillonnante et des danseurs somptueux.
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L’amour virtuose
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Flambeau partagé
[ Tout sur la danse ]
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Tout commençait par l’entrée au répertoire de Of Any if And, duo créé à Francfort en 1995 sur une musique de Thom Willems dans un décor et des lumières de Forsythe en personne. Occasion de souligner d’emblée que le chorégraphe assure la création lumières de quasiment tous ses ballets et notamment des trois pièces présentées ce soir. C’est capital, et notamment ce qu’il réalise dans Blake Works 1 est d’une beauté fracassante.
D’une technicité extrême, mais jamais pour jouer sur les nerfs des spectateurs comme c’est souvent le cas dans les grands duos classiques, Of Any If And décline une multitude de rapports possibles entre les corps des deux interprètes, dans un langage aussi virtuose que complexe, mais avant tout suscitant un intérêt sans cesse renouvelé et une pure émotion permanente.
Sensualité, agressivité, douceur, colère, interrogations, propositions, refus, acceptations et ainsi de suite, ce jeu semble infini, comme un mouvement perpétuel. Vincent Chaillet, Premier Danseur à la parfaite morphologie et Eléonore Guérineau, Sujet, font une démonstration de haute école mais savent faire oublier ces prouesses physiques pour laisser la place à un langage beaucoup plus chargé de signification, générateur de réflexions et d’émotions autres que superficielles. Une impressionnante réussite.
Tout comme celle de la nouvelle version d’Approximate Sonata, pour quatre couples, créée en 1996, entrée au répertoire de l’Opéra en 2006, originellement sur des pages de Beethoven aujourd’hui remplacées par une musique de Thom Willems. C’est en fait une série de pas de deux aux architectures complexes, d’une extrême subtilité et toujours exigeant des danseurs une technique classique poussée dans ses ultimes retranchements et allant bien au-delà de ce que tradition a exploré.
Quelle démonstration encore des danseurs de l’opéra, associant sans soucis de hiérarchie Étoiles, Premiers Danseurs et Corps de ballet, tous engagés, généreux sans restrictions ! Alice Renavand et Adrien Couvez, Marie-Agnès Gillot et Audric Bezard, Eleonora Abbagnato et Alessio Carbone, Hannah O’Neill et Fabien Revillon, du grand art chorégraphique !
Démonstration qui continuera avec la création de Blake Works 1, sur de magnifiques chansons du jeune compositeur anglais James Blake. Ici, toute la jeune génération de solistes et l’Étoile Ludmilla Pagliero, le Corps de ballet, nous livrent vingt-cinq minutes de bonheur absolu. Tout est beau, les corps, les lumières, les costumes, les duos, le ensembles réglés comme dans un rêve.
C’est encore du classique revisité, repensé, imaginé à nouveau, recréé et poussé dans ses plus ultimes retranchements. Quand le rideau tombe, on s’aperçoit que le temps n’a plus existé. Un moment d’émotion intense et rare dont il faudrait pouvoir citer tous les protagonistes. Mentionnons seulement les personnalités les plus évidentes de cette génération naissante, les Léonore Baulac, Roxane Stojanov, Marion Gautier de Charmacé, Caroline Osmont, Silvia Saint-Martin, Fanny Gorse chez les femmes et bien sur François Alu, Hugo Marchand, Germain Louvet, Pablo Legassa, Simon Valastro, Maxime Thomas et Grégory Gaillard chez les hommes.
Une galaxie aux qualités artistiques bien marquées, aux physiques d’exception et divers, qui laisse songeur si l’on commet l’imprudence de la comparer à la morne démonstration académique donnée au même moment, à quelques exceptions près, par une glorieuse compagnie américaine aujourd’hui en panne de personnalités et de physiques et qui était censée servir de modèle de modernité à l’Opéra de Paris. Les pendules sont remises à l’heure.
Concluons en répétant que jamais Forsythe n’a paru plus inspiré et plus tonique, et qu’il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant de considérer le ballet de l’Opéra national de Paris comme une compagnie empêtrée dans son passé. C’est encore le coup de la paille et de la poutre…
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Palais Garnier, Paris Le 04/07/2016 GĂ©rard MANNONI |
| Programme William Forsythe au Ballet de l’Opéra national de Paris avec la création de Blake Works 1. | Of Any If And
musique : Thom Willems
chorégraphie : William Forsythe
décors et éclairages : William Forsythe
costumes : Stephen Galloway
texte : Dana Capstersen & William Forsythe
Approximate Sonata
Nouvelle version
musique : Thom Willems
chorégraphie : William Forsythe
costumes : Stephen Galloway
Ă©clairages : William Forsythe
Blake Works 1
musique : James Blake
chorégraphie : William Forsythe
costumes : Dorothée Merg & William Forsythe
Ă©clairages : Tanja RĂĽhl et William Forsythe
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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