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L'ACTUALITE DE LA DANSE 26 avril 2024

Ouverture de saison contemporaine du Ballet de l’Opéra national de Paris avec des pièces de Justin Peck, William Forsythe, Crystal Pite et Tino Seghal au Palais Garnier, Paris.

Du meilleur au pire
© Julien Benhamou

Soirée sans doute significative de ce que Benjamin Millepied prétendait apporter à cette compagnie et qui comporte un ensemble de créateurs américains allant du génial Forsythe depuis fort longtemps connu in loco aux pitoyables propositions de Tino Seghal, en passant par le tonique In Creases de Justin Peck et le puissant The Seasons’ Canon de Crystal Pite.
 

Palais Garnier, Paris
Le 26/09/2016
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Encore un de ces programmes amĂ©ricains fourre-tout auxquels Benjamin Millepied semblait croire pour donner enfin vie Ă  cette vieille machine qu’était Ă  ses yeux l’OpĂ©ra de Paris. William Forsythe, dont on reprenait le gĂ©nial Blake Works 1 crĂ©Ă© en juillet dernier, est ici chez lui depuis des lustres. La pièce reste d’une beautĂ© impĂ©rieuse, d’une inventivitĂ© splendide et fascine autant que lors de sa crĂ©ation, toujours dĂ©fendue par un lot exceptionnel de danseurs, Étoiles, Premiers Danseurs ou Corps de ballet, investis, brillants, Ă©tonnants d’aisance technique, de prĂ©cision et de rayonnement.

    La soirée avait commencé par le Grand Défilé du Corps de ballet, qu’Aurélie Dupont, nouvelle et intelligente directrice de la danse, avait rétabli dans sa version d’origine sur la musique de Berlioz, la préférant avec raison à la nouvelle version imaginée par Millepied. Un spectacle toujours unique au monde en son genre, indissociable du patrimoine artistique de la danse française.

    Mais tout n’avait pas vraiment commencé par ce Défilé. Une heure avant le spectacle de salle, on était convié à voir ce que Tino Seghal avait imaginé pour les parties publiques du Palais Garnier. En divers endroits en effet, avec ou sans musiques d’un autre monde, gisaient des danseurs, un, voire deux, se tordant au pied d’un mur comme pris d’une colique, ou assis au milieu du foyer et regardant une main levée tournant lentement sur elle-même. Aussi bouleversant qu’innovant et inoubliable… Après avoir reçu ce formidable choc esthétique, les yeux enfin ouverts sur ce qu’est la danse, on pouvait pénétrer dans la salle et voir le spectacle avec toute la fraîcheur de ceux qui viennent d’avoir la Révélation…

    Avant le Blake Works I de Forsythe, donc, venait la reprise de In Creases du jeune chorégraphe (un vrai, celui-là) américain Justin Peck. D’un joli néoclassicisme bien maîtrisé, la pièce garde sa tonicité, sur de très belles pages pour deux pianos de Philip Glass et ses huit interprètes, Valentine Colasante, Hannah O’Neill, Ida Wikinkoski, Aubane Philbert, Vincent Chaillet, Marc Moreau, Daniel Stokes, Alexandre Gasse, restent exemplaires à tous égards, belle technique, investissement sincère, panache. Un bien joli ballet.

    Deux créations suivaient. The Seasons’ Canon, de la chorégraphe américaine, ancienne interprète et collaboratrice de Forsythe, Crystal Pite, est conçu sur la musique des Quatre Saisons de Vivaldi recomposées par Max Richter. En quelque sorte une version musicale des moustaches mises à la Joconde, mais avec quand même une meilleure réussite, car même dans cet état, ce qui reste de l’œuvre fait une bonne musique de scène.

    Pite, dans un décor original de Jay Gower Taylor et d’excellentes lumières de Tom Wisser, a organisé de vastes scènes de groupes, quasiment de foule, puissantes, dans des géométries mouvantes, fluides, plus charnelles que vraiment sensuelles, humanité grégaire, dont les agglomérats de déroulent, se défont, se regroupent et d’où se détachent quelques interventions individuelles, dont les ébouriffants sauts de François Alu. C’est original, un univers proche des rituels du Sacre du printemps, à la fois fait de désir, de violence, d’affrontements et d’irrésistibles attractions. Les danseurs sont formidables, et sans être le chef-d’œuvre du siècle, c’est une réussite.

    Que dire, pour finir du Sans titre de Tino Seghal ? Rien, ou presque, comme ce que l’on voit ou plutôt ne voit pas. Une démonstration du fonctionnement des rideaux de scène, puis des portants et des pendrillons, puis quelques danseurs qui viennent dans la salle frissonner et trembloter en divers points, sur l’excellente musique d’Ari Benjamin Meyers, jouée dans la fosse par de remarquables instrumentistes.

    C’est une consolation et une manière positive de s’occuper en les écoutant et en les regardant, car le reste, qui se prolonge dans le grand escalier après que le public a quitté la salle car il n’y a ni vrai fin ni saluts (c’est plus prudent) est vraiment nul de chez nul, surtout d’une inquiétante prétention, car d’une ringardise pathétique, dans un lieu qui abrite depuis bien longtemps des créations tellement plus innovantes, provocantes, fondatrices que cette désespérante platitude qui se veut sans doute donneuse de leçons.




    Palais Garnier, Paris
    Le 26/09/2016
    GĂ©rard MANNONI

    Ouverture de saison contemporaine du Ballet de l’Opéra national de Paris avec des pièces de Justin Peck, William Forsythe, Crystal Pite et Tino Seghal au Palais Garnier, Paris.
    Défilé du Ballet
    musique : Hector Berlioz
    In Creases
    chorégraphie : Justin Peck
    Musique : Philip Glass
    Blake Works I
    chorégraphie : William Forsythe
    musique : James Blake
    The Seasons Canon
    chorégraphie : Crystal Pite
    musique : Vivaldi, recomposée par Max Richter
    Sans titre
    chorégraphie : Tino Seghal
    musique : Ari Benjamin Meyers

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs, le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris

     


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