altamusica
 
       aide













 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




L'ACTUALITE DE LA DANSE 20 avril 2024

SoirĂ©e JiřĂ­ Kylián au ballet de l’OpĂ©ra national de Paris.

Déroutant Kylián
© Ann Ray

Pour remplacer le programme Tudor-Millepied initialement prévu à cette époque de la saison, Aurélie Dupont a choisi une soirée tout Kylian. Après les soirées Robbins et Forsythe, c’est un coup de projecteur sur une autre figure incontournable de la création des XXe et XXIe siècles. Avec encore des facettes à découvrir.
 

Palais Garnier, Paris
Le 29/11/2016
GĂ©rard MANNONI
 



Les 3 dernières critiques de danse

  • L’amour virtuose

  • Ivresse grecque

  • Flambeau partagĂ©

    [ Tout sur la danse ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • On croyait presque tout savoir de JiřĂ­ Kylián, de son classicisme comme de ses audaces, mais ce n’était que presque. Pour remplacer le programme qui devait rĂ©unir The Leaves are fading d’Anthony Tudor et une crĂ©ation de Benjamin Millepied, annulĂ© pour cause de dĂ©part de ce dernier, la nouvelle directrice de la danse a donc choisi cette soirĂ©e Kylián, occasion de faire entrer deux nouveaux titres au rĂ©pertoire de la compagnie.

    Bella figura, au rĂ©pertoire depuis 2001, reste d’un esthĂ©tisme avouĂ©, tout en raffinement, en subtils contrastes, jouant aussi bien de la nuditĂ© que de la somptuositĂ© de certains costumes, dans des Ă©clairages souvent en clair-obscur d’une immense sophistication. Kylián utilise la musique de cinq compositeurs dont quatre de l’époque baroque et une du contemporain Lucas Foss. Son propos est, comme souvent, sa fascination pour « cette zone grise entre ĂŞtre et non-ĂŞtre, entre lumières et tĂ©nèbres Â», qu’il retrouve notamment dans « le moment juste avant la reprĂ©sentation… parce qu’il y a un mouvement, une tension bers quelque chose qui n’est pas lĂ , qui ne rĂ©side encore que dans notre imagination. Tout est si beau alors. Â»

    D’ailleurs tout commence rideau levé avant que tous les spectateurs ne soient entrés dans la salle. Plusieurs Étoiles femmes, des Premiers Danseurs et l’élite du Corps de ballet défendent avec autant de savoir-faire que de talent et d’enthousiasme une chorégraphie aussi technique qu’émotionnelle et sensuelle. Une suite d’images d’une grande beauté, des moments uniques effectivement suspendus entre rêve et réalité, entre fantasme et vécu.

    Bien moins connu que la Symphonie de psaumes qui entrait aussi au rĂ©pertoire, Tars and feathers, de 2006, est une pièce plus complexe Ă  aborder, voire Ă  comprendre au premier abord. Cette fois, Kylián se rĂ©fère Ă  la barbare pratique d’enduire de goudron et de plumes quelqu’un en guise de châtiment, pratiquĂ©e ici et la depuis le Moyen Ă‚ge jusqu’à nos jours, surtout en pays anglo-saxons. Le contraste entre le poids du goudron et la lĂ©gèretĂ© des plumes lui suggère « une mĂ©taphore de l’insoutenable lĂ©gèretĂ© et du poids insoutenable de notre existence sur notre minuscule planète. Â» Et il ajoute : « Très souvent, notre vie ressemble Ă  une personne avec un boulet de plomb attachĂ© Ă  une cheville et pourtant tenant un ballon gonflable dans ses mains. Â»

    Pourquoi pas, même si ces réflexions, dont le lien avec Tars and feathers est rien moins qu’évident, ne sont pas d’une folle originalité. Il en résulte, comme dans ce texte du chorégraphe, une suite de contradictions visuelles et musicales, parfaitement défendues par Étoiles et danseurs, par la pianiste Tomoko Mukalyama aussi, mais dont la signification, le propos, la symbolique sont quasiment incompréhensibles à quiconque n’a pas lu le programme avant. Et même après, on s’interroge encore sur la capacité qu’ont ces images souvent fortes et belles mais assez incohérentes à traduire les idées aussi abstraites que banales du chorégraphe. Une curiosité moyennement convaincante dans l’œuvre de Kylián.

    Symphonie de psaumes qui entrait donc aussi au répertoire est tout le contraire, quasiment un classique, d’ailleurs, et d’une approche qui s’impose à première vue. Créé sur la partition de Stravinski en 1978 alors que Kylián venait de prendre la direction du Nederlands Dans Theater, le ballet impressionne et émeut toujours autant par la sobriété rigoureuse de ses structures, la gestuelle originale et sobre, la nouveauté du rapport à cette musique si intérieur et si puissante en même temps.

    Un rapport nouveau est aussi imaginé entre les danseurs qui ne quittent jamais la scène du début à la fin, impliquant une gestion très particulière de l’espace collectif et personnel. Pièce fondatrice, Symphonie de psaumes se savoure comme une grande œuvre contemporaine, si l’on ne se contente pas de rester à sa surface, à son esthétisme, mais si l’on perçoit justement tout ce qu’il y a de nouveau, de personnel et de structurant pour interprètes et public dans cette fusion entre spiritualité et esthétisme, musique, mouvement et lumières et l’engagement aussi bien collectif qu’individuel des interprètes.

    Une sorte de somme, de base, qui a d’ailleurs servi comme telle au développement du Nederlands Dans Theater. Magnifique interprétation des Étoiles, Marie-Agnès Gillot, Eleonora Abbagnato, Stéphane Bullion, Josua Hoffalt, des Premiers Danseurs Muriel Zusperreguy, Hugo Marchand et de tout le Corps de ballet.




    Palais Garnier, Paris
    Le 29/11/2016
    GĂ©rard MANNONI

    SoirĂ©e JiřĂ­ Kylián au ballet de l’OpĂ©ra national de Paris.
    Bella figura
    musique : Foss, Pergolese, Marcello,Vivaldi,Torelli.
    chorégraphie et décors : Jiri Kylián
    costumes : Joke Visser
    Ă©clairages : JiřĂ­ Kylian, Tom Bevoort

    Tars and Feathers (entrée au répertoire)
    musique : Mozart, Dirk Haudrich, Tomoko Makalyama
    chorĂ©graphie et dĂ©cors : JiřĂ­ Kylián
    costumes : Joke Visser
    Ă©clairages : Kees Tjebbes
    piano : Tomoko Mukalyama

    Symphonie de Psaumes (entrée au répertoire)
    musique : Stravinski
    chorĂ©graphie : JiřĂ­ Kylián
    décors : William Katz
    costumes : Joop Stokvis
    Ă©clairages : Jiri Kylian, Joop Caboort

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com