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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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A Swan Lake, dâAlexander Ekman par le Ballet national de NorvĂšge au ThĂ©Ăątre des Champs-ĂlysĂ©es, Paris.
La mare aux canards
Voulant rĂ©gĂ©nĂ©rer le mythe du Lac des cygnes, qui en a vu dâautres, le chorĂ©graphe suĂ©dois Alexander Elkman, au ThĂ©Ăątre des Champs-ĂlysĂ©es, ne livre avec le Ballet national de NorvĂšge que quatre-vingts minutes dâennui brouillon et prĂ©tentieux. Il commet au dĂ©part une grave erreur quant au vrai sujet du ballet dâorigine.
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Depuis sa crĂ©ation en 1877, le Lac des cygnes a vĂ©cu mille vies. Il en existe des dizaines de versions dites classiques, sur la â on pourrait dire les â musique(s) de TchaĂŻkovski tant les versions diffĂšrent, Ă partir des la chorĂ©graphie dâIvanov et de Petipa. Il en existe aussi de nombreuses versions transgressives.
Depuis Lac des cygnes : illusions like Swan Lake de Neumeier en 1976 jusquâĂ la version toute masculine de Mathew Bourne en 1995, celle trĂšs Ă©quivoque de Roland Petit Ă Marseille ou celle carrĂ©ment dĂ©calĂ©e dâAndy de Groot en 1982, en passant par le trĂšs sulfureux mais gĂ©nial Mats Ek, la Sud-Africaine Dada Masilo aux danseurs noirs torse-nu dans leurs tutus blancs, Fredryck Rydman au Casino de Paris avec ses dealers et ses prostituĂ©es en fourrure blanche, et quelques autres encore, le conte crĂ©Ă© par TchaĂŻkovski et Petipa fait dâune compilation de lĂ©gendes de toutes Ă©poques, se prĂȘte Ă des approches trĂšs variĂ©es, avec son fond dâhomosexualitĂ© mal vĂ©cue par TchaĂŻkovski lui-mĂȘme. Toutes ces versions ne sont pas formidables, mais elles ont toutes un mĂ©rite : elles traitent lâessentiel du sujet. Ce quâa ratĂ© Ekman.
Dans le Lac des cygnes, lâimportant ce sont les cygnes, pas le lac. En ne reprĂ©sentant que lâeau et en Ă©ludant les cygnes, Ekman nâa plus rien dâintĂ©ressant Ă raconter. Il nâa Ă montrer que des jeux aquatiques savamment Ă©clairĂ©s, des gerbes dâeau jaillissant dans les projecteurs, des glissades sur le ventre ou sur des matelas pneumatiques de couleur comme Ă la piscine, des gamineries qui font rire deux ou trois personnes bien disposĂ©es Ă sâamuser dans le public â on urine dans un coin, on se gonfle les joues et on asperge son voisin.
Il y a bien deux cygnes, un blanc et un noir. Ils se giflent Ă tour de bras quelques minutes avant que ne surgisse une horde de malabars qui font castagner aussi un peu avant de se disperser. Et il y a deux gros volatiles-bateaux qui entrent quelques instants en scĂšne. On songe Ă la rĂ©flexion du gamin toulousain criant du poulailler du Capitole Ă lâarrivĂ©e de Lohengrin dans une toute nouvelle production : « Eh vĂ© ! Ils ont repeint le canard ! »
Tout se dĂ©roule dâailleurs dans la pĂ©nombre, avec des danseurs en costume de plongĂ©e, qui font tout et son contraire, un festin aux chandelles, un court-circuit, bref du nâimporte quoi du moment quâil ne sâagit pas cygnes. Câest la grande rĂ©volution, la grande nouveautĂ©. Mieux en rire mĂȘme si on pourrait en pleurer. Le tout sur une bande son sans intĂ©rĂȘt, avec juste un beau solo de tuba en direct. Quand on pense au si intelligent et efficace emploi des danseurs pieds dans lâeau par Pina Bauch dans Arien !
Bref, vouloir faire un Lac sans cygnes, câest un pari perdu dâavance, comme faire une omelette sans Ćufs ou une tarte aux pommes sans pommes. Mieux vaut carrĂ©ment faire autre chose, si on veut simplement montrer des danseurs pataugeant en public. Et puis, il est Ă peine honnĂȘte de projeter en prĂ©ambule des images du Lac traditionnel dĂ»ment sĂ©lectionnĂ©es pour ne montrer, parfois avec de trĂšs grands danseurs, que des images en gros plans de maquillages excessifs, dâinstantanĂ©s dans des positions pĂ©rilleuses et forcĂ©ment ridicules. Un peu facile comme procĂ©dĂ© pour tenter de mettre en valeur ses propres images et bien montrer quâil est grand temps de passer Ă autre chose. Mais hĂ©las, ça ne marche pas car ce quâon nous propose ensuite est encore bien pire.
On attendra avec dâautant plus de de curiositĂ© la crĂ©ation dâAlexander Ekman programmĂ©e Ă lâOpĂ©ra de Paris la saison prochaine.
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ThĂ©Ăątre des Champs-ĂlysĂ©es, Paris Le 30/03/2017 GĂ©rard MANNONI |
| A Swan Lake, dâAlexander Ekman par le Ballet national de NorvĂšge au ThĂ©Ăątre des Champs-ĂlysĂ©es, Paris. | A Swan Lake
chorégraphie et décor : Alexander Ekman
musique : Michael Karlsson
costumes : Henrtik Vibskov
Ă©clairages : Tom Visser
son : Michael Karlsson, Alexander Ekman
vidéo : Todd Rives
Avec les Ătoiles et les danseurs du Ballet national de NorvĂšge | |
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