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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Programme Cunningham/Forsythe au Ballet de l’Opéra national de Paris.
Entrées contrastées au répertoire
Trois entrées au répertoire pour ce programme contemporain imaginé au Ballet de l’Opéra de Paris par Benjamin Millepied dont les goûts restent étranges. Autant l’éclat de Herman Schmerman et Trio de William Forsythe semblent les imposer pour la compagnie, autant Walkaround Time de Merce Cunningham paraît hors de propos et très daté.
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Pas facile décidément de suivre Benjamin Millepied dans les choix de la programmation qu’il a laissée derrière lui. Dans la très vaste œuvre de Balanchine, on ne voyait déjà guère la nécessite d’exhumer un Songe d’une nuit d’été qui ne compte pas parmi les chefs-d’œuvre du grand chorégraphe alors que l’Opéra possède celui, incomparable, de Neumeier.
De même, dans la riche production de Merce Cunningham, il existe bien des pièces plus significatives et enrichissantes tant pour les danseurs que pour le public que ce Walkaround Time, créé en 1968 d’après un texte de Marcel Duchamp de 1934 et sur une musique du minimaliste David Behrmam, qui collabora un temps avec Cunningham.
Cinquante minutes assez statiques où l’on admire la capacité de nos danseurs à ne pas bouger alors qu’on les voit d’habitude s’agiter sans cesse. Le décor assez rigolo d’après Marcel Duchamp a perdu beaucoup de son zeste avec les années. Bref, reconnaissons qu’on s’ennuie assez vite, alors que tant d’autres pièces de Cunningham vues ici ou ailleurs ont si fortement marqué les esprits et l’histoire de la danse.
Et puis, après l’entracte, viennent des pièces de Forsythe hyper inventives, hyper toniques, où les idées chorégraphiques ou scéniques foisonnent, surgissent à chaque seconde. Trio, de 1996, sur un mouvement du Quatuor n° 15 de Beethoven, est aussi coloré que rythmiquement astucieux, inattendu, drôle, d’un humour mordant. Eléonore Guérineau, Maxime Thomas et Hugo Vigliotti sont parfaits à tous égards, avec le sens adéquat du second degré qui convient et une virtuosité gestuelle remarquable.
Herman Schmerman, de 1992, est du superbe Forsythe, acrobatique, inventif, sur une musique comme toujours très scénique de Tom Willems. Les idées jaillissent, surprennent, on transgresse hardiment et avec allégresse les traditions du classique sans en abandonner pour autant les principes de bases ni les richesses inépuisables. Il n’y a pas une minute inutile, un instant où l’attention serait tentée de s’évader.
Les danseurs sont magnifiques et rivalisent de technique, d’esprit, d’abattage, Aurelia Bellet avec l’athlétique Aurélien Houette, Hannah O’Neill brillantissime, Lydia Vareilhe si élégante, Roxanne Stojanov agile et percutante, Sébastien Bertaud à la danse largement déployée en puissance et en virtuosité, Pablo Legasa tout en finesse et en subtilité. Un ensemble exceptionnel d’interprètes de haut vol très investis et bien rodés aux démoniaques et géniales inventions du chorégraphe. Voilà bien deux pièces que l’Opéra a eu raison de s’approprier.
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Palais Garnier, Paris Le 05/05/2017 GĂ©rard MANNONI |
| Programme Cunningham/Forsythe au Ballet de l’Opéra national de Paris. | Walkaround Time
musique : David Behram
paroles : Marcel Duchamp
chorégraphie : Merce Cunningham
décors : d’après Marcel Duchamp
costumes : d’après Jasper Johns
Ă©clairages : Beverley Emmons
coordination technique : Davison Scandrett
Trio
musique : Beethoven
chorégraphie et scénographie : William Forsythe
costumes : Stephen Galloway
Ă©clairages : Tanja RhĂĽl et William Forsythe
Herman Schmerman
musique : Tom Willems
chorégraphie et scénographie : William Forsythe
costumes : Gianni Versace et William Forsythe
Ă©clairages : Tanja RĂĽhl et William Forsythe
Avec les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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