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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
23 avril 2024 |
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Last Work d’Ohad Naharin par la Batsheva Dance Company au Théâtre national de Chaillot, Paris.
La force de la danse
Avec Last Work, créé en 2015, Ohad Naharin lance avec la Batsheva Dance Company au Théâtre national de Chaillot une sorte de défi à la danse contemporaine en refusant d’être soit abstrait soit figuratif. Il nous lance au visage des images tantôt calmes tantôt agressives. À nous de les recevoir et de les analyser comme nous le pouvons.
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Depuis qu’il dirige la compagnie, Ohad Naharin a fait de la Batsheva l’une des plus célèbres institutions chorégraphiques du monde. Avec une technique très particulière et unique en son genre, qu’il a inculquée à ses danseurs, il obtient du corps humain des effets étonnants, qui ne sont ni dans la grande lignée d’un classique athlétique détourné comme chez Forsythe, ni dans les excès souvent étonnants de certains flamands, ni le minimalisme stérile d’un Platel.
C’est autre chose, une possibilité de nous transmettre des idées, en l’occurrence sur la violence et la cruauté inhérentes au monde actuel, sans rien raconter de précis mais en construisant une architecture d’images qui par elles-mêmes, par leurs oppositions, engendrent des chocs qui se complètent et incitent notre sensibilité à réagir selon sa capacité personnelle à le faire.
Il y a en fond de scène comme l’arête dorsale autour de laquelle tout s’élabore, une danseuse qui court calmement pendant les soixante-dix minutes que dure le ballet. C’est tranquille, régulier, apaisant, ou irritant, selon chacun. Et puis, se succèdent ces images de corps qui se contorsionnent comme s’ils étaient en caoutchouc, qui rampent, qui s’agressent, se frôlent, s’ignorent, changent d’aspect, tantôt hystériques ou transformés en bébés, tantôt méditatifs en longues robes noires de popes.
Il y a une arme qui tire un coup, mais un seul, une sorte de fête et un danseur qui ligote peu à peu tout le monde avec un très long ruban adhésif et encore bien d’autres choses, évoquant violence, sensualité, cruauté, bref tout ce qui rend notre monde difficile à vivre et dangereux. Une condamnation ? On ne sait pas, mais une manière de créer un malaise qui n’en n’est pas loin.
Les danseurs sont tous formidables, comme toujours avec cette compagnie qui apparaît quand même ici sous un jours très spécial, occasion pour Naharin de prouver à quel point son inspiration est variée, évolutive, ouverte sur un monde dont il connaît les forces et les fractures.
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 08/06/2017 Gérard MANNONI |
| Last Work d’Ohad Naharin par la Batsheva Dance Company au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Last Work
chorégraphie : Ohad Naharin
Ă©clairages : Avi Yona Bueno
son : Maxime Warratt
musique originale : Grischa Lichtenberger
Scénographie : Zohar Shoef
costumes : Eri Nakamura
Avec les danseurs de la Batsheva Dance Company | |
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