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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
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Créations de Sébastien Bertaud, Simon Valastro, Bruno Bouché et Nicolas Paul au Ballet de l’Opéra national de Paris
Pléthore de talents
Ils n’en sont pas à leur première expérience chorégraphique, mais quatre danseurs du corps de ballet de l’Opéra national de Paris, Sébastien Bertaud, Simon Valastro, Bruno Bouché et Nicolas Paul, ont une nouvelle fois prouvé à travers quatre créations au Palais Garnier quelle pépinière de vrais créateurs est cette compagnie.
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Un spectacle étonnant par sa diversité et par l’excellence professionnelle dont il fait preuve. Quatre pièces de trente minutes chacune, avec la totalité des moyens maison à leur disposition, et ces quatre artistes ont prouvé la vitalité de la création chorégraphique française, grâce aussi au travail effectué pour certains avec l’Académie chorégraphique. C’est brillant, très diversifié, mais cela révèle une parfaite maîtrise tant des moyens artistiques que matériels dont ces chorégraphes en devenir disposaient. Esprit d’invention aussi dans les choix des collaborations effectuées avec costumiers, décorateurs, musiques, et différents procédés scénographiques.
À chacun son style et ses choix, donc. En ouverture, Sébastien Bertaud a cette fois abandonné l’avant-garde qu’il pratiqua souvent pour en revenir à un somptueux classicisme teinté d’une modernité inventive. Une manière élégante et maligne de casser certains codes tout en en respectant d’autres. Sur la musique du Concerto pour violon de Mendelssohn, dans de magnifiques costumes d’Olivier Rousteing directeur artistique de la maison Balmain, dans la tradition de la haute couture la plus raffinée et la plus personnelle, Bertaud a lancé quelques stars maison dans une chorégraphie difficile, très technique, alternant solos, duos et ensembles dans une construction parfaite. Cette Renaissance, hommage à la danse traditionnellement pratiquée dans cette compagnie et dans ce théâtre, était défendue magistralement par des Étoiles comme Amandine Albisson et Dorothée Gilbert, Hugo Marchand, de brillants Premiers Danseurs comme Hannah O’Neill, Audric Bezard, par l’étonnant Pablo Legasa et tout un lot de danseurs très investis.
Contraste avec ce qui suivait, la remarquable adaptation du conte de la Petite fille aux allumettes sur la Passion, magnifique, de David Lang. Une approche parfois plus théâtrale que chorégraphique mais une foule d’idées originales, un remarquable sens du mélodrame et du merveilleux, des Étoiles employées avec intelligence et imagination, Eleonora Abbagnato en Petite fille, Marie-Agnès Gillot d’une présence toujours impressionnante, le Premier Danseur Alessio Carbone, des chanteurs participant à l’action scénique. Les costumes de Dominique Gay, les éclairages de Hadjid Hakimi sont totalement adéquats et les quatre chanteurs et deux percussionnistes qui interprètent la partition si belle et poignante de David Lang sont au-dessus de tout éloge. Une superbe réussite.
Autre univers encore avec Undoing World de Bruno Bouché, nouveau directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin. Sur une musique de Nicolas Worms, dans une scénographie originale et efficace d’Agathe Poupeney, d’intéressants costumes eux aussi bien personnels de Xavier Ronze, Bouché lance en scène un nombre très important de danseurs menés par Marion Barbeau, Aurélien Houette et Isaac Lopez-Gomez, dans une réflexion sur le monde et ses lumières, ses zones d’ombre aussi, à partir de diverses sources d’inspiration : expositions, rencontres, textes. C’est ambitieux, pas toujours évident à suivre, mais tout est très bien tenu en main dans les moindres détails et une fois encore, le propos est personnel, différent, motivant.
Tout comme celui de Nicolas Paul dans le complexe Sept mètres et demi au-dessus des montagnes, sur des pages austères de Josquin Desprez, dans des costumes de Bernard Connan eux aussi sans concessions, et avec l’utilisation scénographique astucieuse d’un film de Jean-Christophe Guerri. De manière elle aussi assez intellectuelle, l’œuvre se réfère à un certain héritage culturel venant de l’antiquité dans le rapport au geste. L’ensemble est rigoureux, sans facilités, très musical. Et de nouveau un lot d’interprète de haute volée défend cette œuvre forte et pensée avec intelligence.
Une soirée prouvant que les danseurs doivent avoir aussi la liberté d’exprimer leur talent chorégraphique au sein d’une compagnie qui présente parfois des œuvres de créateurs connus mais bien moins intéressantes.
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Palais Garnier, Paris Le 13/06/2017 GĂ©rard MANNONI |
| Créations de Sébastien Bertaud, Simon Valastro, Bruno Bouché et Nicolas Paul au Ballet de l’Opéra national de Paris | Renaissance
chorégraphie : Sébastien Bertaud
musique : Mendelssohn
The Little Match Girl Passion
chorégraphie de Simon Valastro
musique David Lang
Undoing World
chorégraphie : Bruno Bouché
musique : Nicolas Worms
Sept mètres et demi au-dessus des montagnes
chorégraphie : Nicolas Paul
musique : Josquin Desprez
Faraj El Dihany, Adriana Gonzalez, Juan de Dios Mateos, Vladimir Kapshuk, chanteurs ; Nicolas Lamothe et Jean-Baptiste Lecière, percussionnistes
direction : Yoan Herreau (pour Passion de David Lang)
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris. | |
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