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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Reprise d’Onéguine de John Cranko au le Ballet de l’Opéra national de Paris.
Onéguine 2018 (1) :
Sans reproches
Un spectacle et une compagnie en ordre de marche pour un ballet bien rodé puisqu’il est entré au répertoire maison en 2009 et en est ici à sa cinquantième représentation. Belle distribution, Corps de ballet motivé, et les soirées suivantes verront défiler d’autres Étoiles, dont celles de la toute dernière génération dont nous aurons l’occasion de reparler.
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Comme Roland Petit, John Cranko a toujours su raconter par la danse des histoires inspirées de pièces de théâtre ou d’autres formes littéraires en sachant en dégager l’essentiel, en faire vivre les personnages, les caractériser et ne pas se perdre dans des détails inutiles pour un spectacle. Cela demande des interprètes non seulement une technique accomplie – quels nombreux portés impressionnants ! – mais un sens du théâtre et une vraie capacité poétique à traduire à la fois les états d’âme et les comportements d’une civilisation attachante totalement gommée par les évènements historiques mais finalement pas si éloignée de nous dans le temps.
Autour de la belle et romantique Tatiana évolue tout un petit monde campagnard avec ses rites paisibles et bien respectables mais dont les valeurs vont échapper totalement à l’orgueilleux pétersbourgeois Onéguine jusqu’à lui faire oublier ses liens d’amitié avec celui qui l’introduit ici. On sait le drame qui en découle et comment la force de caractère de la femme russe qu’incarne Tatiana punira sévèrement le prétentieux gandin en lui révélant toute l’étendue de son erreur et le côté superficiel de ses jugements.
Mathieu Ganio, danse sublimement parfaite, campe un Onéguine très hautain qui sombre ensuite dans un désespoir pathétique. Il rend d’emblée évident tout ce qui sépare sa vision du monde de celle de cette petite société de province et se pavane comme un roi en visite chez le bas peuple et qui ne se réveille qu’en voyant l’objet de son mépris parvenue encore plus haut que lui dans la société qui est son seul repère de valeurs humaines. La Tatiana de Ludmilla Pagliero, tout aussi brillante techniquement, effectue de manière aussi convaincante le parcours qui la conduit au rang de princesse et, avec Ganio, ils sont d’un romantisme au déchirement absolu dans leur duo final.
Face à eux, Myriam-Ould-Braham et Mathias Heymann sont un couple de jeunes amoureux à la danse idéale, immatérielle, une Olga aussi physiquement légère qu’elle l’est mentalement et lui un Lenski déjà homme, ce dont elle n’a pas conscience. Mais quelle superbe technique chez l’un comme l’autre ! Florian Magnenet est un Prince Grémine très présent par sa stature et son physique exceptionnels. Il danse très bien ce qu’il lui revient comme chorégraphie, même si ce n’est pas un premier rôle. Bel engagement de tous les autres, ce qui permet au drame de se dérouler pleinement sans que rien n’y manque, ni le tragique ni le poétique, ni l’anecdotique.
Sous la baguette de James Tuggle, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris défend lui aussi avec grande conviction ce patchwork orchestré de différentes pages de Tchaïkovski qui reste finalement une excellente musique de ballet.
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Palais Garnier, Paris Le 10/02/2018 GĂ©rard MANNONI |
| Reprise d’Onéguine de John Cranko au le Ballet de l’Opéra national de Paris. | Onéguine, ballet en trois actes
livret et chorégraphie : John Cranko d’après Pouchkine
musique : TchaĂŻkovski
décors et costumes : Jürgen Rose
Ă©clairages : Steen Bjarke
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : James Tuggle
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
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