|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
29 mars 2024 |
|
Reprise du Lac des cygnes dans la production Noureev au Ballet de l’Opéra de Paris.
Immuable Ă©motion
Pour cette 275e représentation de la version du Lac des cygnes conçue par Rudolf Noureev en 1984 avec Ezio Frigerio pour les décors et Franca Squarciapino pour les costumes, la nouvelle génération d’Étoiles et de Premiers Danseurs prend la relève d’une chorégraphie où se sont illustrés ses plus glorieux aînés. Et l’émotion reste intacte.
|
|
Ivresse grecque
Flambeau partagé
Fulgurante beauté
[ Tout sur la danse ]
|
Pour les rôles principaux, ils ont nom Léonore Baulac, Étoile (Odette-Odile), Germain Louvet, Étoile (Prince Siegfried), François Alu, Premier Danseur (Rothbart) et dans certaines autres interventions d’autres Premiers Danseurs comme Hannah O’Neill, Sae Eun Park ou Paul Marque, éblouissants dans le pas-de-trois du premier acte. De futures Étoiles aussi, très probablement.
Léonore Baulac n’est pas un grand format à la Platel, à la Letestu ou à la Guérin, sans parler de Guillem qui y gagna ses galons d’Étoile. Elle ferait davantage penser à une Elisabeth Maurin, avec un travail tout en finesse, silhouette presqu’adolescente, mais d’une grande force infernale et aigue en cygne noir. On a certes vu jadis des fouettés plus électrisants, mais ce tour de force technique qui ravit tous les publics ne représente qu’une part infime du rôle. Baulac tient bien son personnage, elle existe.
Son partenaire, il est vrai, est la quintessence du grand danseur noble. La ligne est idéale, avec des jambes incroyables, et la danse toujours naturelle, aisée, poétique, délivrée avec élégance et facilité. Une grande démonstration de style, de maîtrise technique et de générosité dans l’interprétation.
En Rothbart, rôle auquel Noureev a donné de l’importance, l’ayant conçu pour lui-même et en faisant finalement le pivot central de l’action et du mécanisme de l’inconscient du prince, François Alu se taille comme toujours un beau succès personnel tant il dégage de force, d’énergie, tant il est investi dans cette chorégraphie compliquée avec cette cape encombrante. Mais il s’y donne si bien, qu’il se fait une place de choix aux côtés des autres protagonistes, tâche peu aisée.
Et puis, on ne peut que dire et redire le somptueux travail du Corps de ballet et de ceux qui l’ont fait répéter. Ces cygnes sont lâchés en scène avec une rigueur absolue, des lignes parfaites, des ensembles dessinés comme dans un rêve, mais avec justement cette dimension d’irréalité. Rien de mécanique ni de raide, tout s’épanouit et se met en place dans les lumières de Vinicio Cheli comme des fleurs filmées au ralenti et que l’on voit s’ouvrir à la projection. Une vraie splendeur qui demande, encore une fois, énormément de travail et d’engagement individuel de chaque danseuse.
Bref, une superbe soirée de danse, prouvant, s’il en était besoin, que le langage académique le plus codifié est apte à raconter et à transmettre des émotions très fortes, quand il est employé avec le talent et l’enthousiasme adéquat. On le savait pour l’avoir maintes fois vécu avec cette même compagnie. C’est une joie de constater que les années passent mais que l’essentiel demeure. Côté musique, on a entendu l’Orchestre de l’Opéra dirigé avec plus de subtilité dans cette partition que par Valery Ovsyanikov.
| | |
|
Opéra Bastille, Paris Le 19/02/2019 Gérard MANNONI |
| Reprise du Lac des cygnes dans la production Noureev au Ballet de l’Opéra de Paris. | Le Lac des cygnes
musique : TchaĂŻkovski
chorégraphie : Noureev d’après Petipa et Ivanov
décors : Ezio Frigerio
costumes : Franca Squarciapino
Ă©clairages : Vinicio Cheli
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Valery Ovsyanikov
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | |
| |
| | |
|