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L'ACTUALITE DE LA DANSE 26 avril 2024

Programme Mats Ek avec Carmen, Another Place et Boléro au Ballet de l’Opéra national de Paris.

Mats Ek, le retour ?
© Ann Ray

Il avait annoncé en 2014 tout abandonner. Mais il n’a pu résister et fait un retour très attendu et médiatisé avec le ballet de l’Opéra. Un retour, vraiment ? Ou plutôt l’envie irrépressible de mesurer une nouvelle fois procédés et découvertes si géniaux dans la majorité de ses créations à d’autres musiques ? Résultats hélas discutables.
 

Palais Garnier, Paris
Le 22/06/2019
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Si l’on veut ĂŞtre objectif, on doit reconnaĂ®tre que cette soirĂ©e est une grosse dĂ©ception. On voit certes du Mats Ek authentique quant Ă  la gestuelle, au traitement du corps, tels qu’on les a vus dans ses chefs-d’œuvre passĂ©s. Mais quoi d’autre ? Sa Carmen, qui eut un si gros succès lors de sa crĂ©ation en 1992, apparaĂ®t aujourd’hui plus comme un exercice de style que comme un traitement de l’essentiel des thèmes de l’œuvre. Les gens du Nord ont du mal avec la sensibilitĂ© de ceux du Sud.

    Carmen n’est pas une pute qui passe son temps par terre les jambes écartées dès qu’elle voit un homme à l’horizon. C’est une gitane, dure, redoutable de détermination et d’énergie, que rien n’effraie, et surtout pas la mort. Le sexe ? Pourquoi pas ? Puisqu’il y a du choix avec cette garnison et ce nouveau venu un peu différent. Rien à voir pourtant avec l’univers clinquant de music-hall proposé ici, ces multitudes de robes aux volants froufroutants et aux couleurs métalliques acidulées pour revue de Broadway, ni cet Escamillo moulé dans son pantalon en simili cuir, même si Hugo Marchand impressionne autant par sa plastique que par sa superbe technique.

    Murièle Zusperreguy fait ce qu’elle peut pour exister comme piège à hommes. Elle danse très bien, et ce n’est pas sa faute si le personnage est un contresens. On demande à Florian Magnenet d’être un beau Don José un peu effacé, ce qui n’est pas mal. Les fluides apparitions de M, qui dissimule Micaëla, sont également très bien assumées par Séverine Westermann. Mais tout s’achève sans que l’on ait ressenti la moindre émotion, même pour l’exécution finale de José face au peloton d’exécution, d’autant que la partition de Rodion Chtchedrine n’y pousse guère non plus.

    Avec Another Place, Mats Ek reprend aussi une idée, qu’il avait si génialement développée dans Appartement. Dans un premier Place, il avait aussi, pour Ana Laguna et Michael Barychnikov, représenté cette difficulté du couple ordinaire d’assumer cette dualité dans la vie courante quotidienne. Ici, de nouveau une table et quelques accessoires genre chaussures que l’on enlève et remet et une sorte d’affrontement autour de cette table, un enfermement à la Beckett, qui va déboucher sur une libération superbe quand le rideau de fer de fond de scène se lève et que le couple est absorbé par le foyer de la danse, ses lustres scintillants et ses dorures historiques. Enfin un moment fort !

    Mais une question demeure : quel rapport avec les déchaînements romantiques de la Sonate en si de Liszt qu’interprète avec passion Staffan Scheja en direct ? Aurélie Dupont et Stéphane Bullion font le job avec tout le grand talent qu’on leur connaît. Et puis ? Quant à Boléro, c’est encore une autre histoire. Renonçant cette fois à toute tentative d’espagnolade, Mats Ek fait le choix de la sobriété tant pour les costumes que pour la chorégraphie, assez linéaire, construite sur le rythme mais sans accent mis sur le crescendo qui est au cœur de l’œuvre.

    Du début à la fin, Niklas, frère du chorégraphe, déguisé en vieillard un peu clochard, traverse sans arrêt la scène en zigzaguant entre les danseurs, portant un seau d’eau avec lequel il remplit une sorte de baignoire design dans laquelle, comme on s’y attend, il se jette tout habillé au point final de la partition. Est-ce vraiment tout ce que cette musique inspire à Mats Ek, même s’il veut faire différent ? On reste assez perplexe sur ce qui est montré par ce grand retour, si l’on veut dire autre chose que les compliments attendus et habituellement associés à cet immense créateur.




    Palais Garnier, Paris
    Le 22/06/2019
    GĂ©rard MANNONI

    Programme Mats Ek avec Carmen, Another Place et Boléro au Ballet de l’Opéra national de Paris.
    Carmen
    musique : Bizet & Chtchedrine
    chorégraphie : Mats EK
    décors & costumes : Marie-Louise Ekman (assistée de Peter Freiij)
    éclairages : Jörgen Jansson

    Another Place (création)
    musique : Franz Liszt
    chorégraphie : Mats Ek
    décors & costumes : Peter Freiilj
    Ă©clairages : Erik Berglund
    piano : Staffan Scheja

    Boléro (création)
    musique : Maurice Ravel
    chorégraphie : Mats Ek
    décors et costumes : Marie-Louise Ekman (assistée de Peter Freiij)
    Ă©clairages : Erik Berglund

    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Jonathan Darlington

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris

     


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