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| DOSSIERS |
26 avril 2024 |
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Cosi Fan Tutte avec Harnoncourt
L'Opéra de Zürich est un opéra de troupe ; Liliana Niketeanu, Roberto Saccà , Oliver Widmer sont des habitués de ses productions, souvent cornaquées on le sait par Nikolaus Harnoncourt ; lequel ne manque pas de pousser l'orchestre vers des sommets que celui-ci n'atteint pas toujours
À l'occasion, s'y adjoint Cecilia Bartoli : qu'on se souvienne de certain Orfeo ed Euridice de Haydn (Saccà , Holzmair). Le chef autrichien est devenu en même temps un vieux routier de Così fan Tutte, qu'il a longuement expérimenté avec le Concertgebouw d'Amsterdam avant de le graver – de manière toute personnelle, c'est-à -dire brillante - chez Teldec.
Riche des expériences passées, la présente captation prend valeur d'aboutissement, avec en prime une distribution de très haute volée. Omniprésent sur les DVD classiques, le réalisateur Brian Large assure avec métier (mais sans génie) un balayage attentif d'une scénographie efficace et colorée, sinon décoiffante.
Astucieuse dans les mouvements de groupe, peu inventive pour les monologues, elle joue à fond le sous-titre de l'oeuvre (" l'école des amants "). Don Alfonso y est un instituteur face à son tableau, l'accessoire et sa capacité de refléter les visages fournit un commentaire de l'action. En prime, de très beaux plans rapprochés pour figurer les tourments des âmes.
La voix de la prima donna Bartoli n'entre guère dans les cases habituelles de l'art lyrique. Mezzo avec de l'aigu ? Soprano maîtrisant des sauts redoutables dans le grave ? Peu importe : Un Bellini lui-même (1801-1835) ne connut jamais de son vivant l'expression de " mezzo-soprano ". Così étant distribué pour deux sopranos à la tierce, Bartoli est chez elle avec Fiordiligi.
Quant à sa prestation, excepté une attaque parfois rude, avec une émission postillonnante sur la consonne " p ", sa composition est tout de go anthologique. Avec ses vocalises souveraines, " Come scoglio " est totalement replacé dans sa parodie d'opera-seria. Moins opposé qu'alter ego de Dorabella, Fiordiligi est sans cesse sur le bord du précipice, dans la langueur ou l'exultation de " Per pietà  " ou " Fra gli amplessi ".
De son côté, Harnoncourt retrouve la verve originale de son enregistrement mais expurgée de certains tics et scories, en particulier des tempi moins déroutants. Si le chef privilégie à raison une lecture toujours grave de Cosi (on ne badine pas avec l'amour !), c'est aussi pour mettre le talent d'une véritable troupe de théâtre.
Piquante de caractère mais un peu impersonnelle de voix, la Dorabella de Nikiteanu trouve du répondant avec l'extravagante Despina d'Agnès Baltsa qui rachète grâce à Harnoncourt une seconde partie de carrière parfois peu élégante (sa Carmen par exemple).
Moins éclatants sans doute, mais entièrement au diapason de cette école des vrais-faux amants, les messieurs sont dominés par le Guglielmo d'Oliver Widmer, un timbre certes banal compensé par un immense abattage scénique.
Très réussi, ce DVD fait déjà saliver dans l'attente d'un Don Giovanni imminent, peu ou prou avec les mêmes. Déjà diffusé sur la chaîne ZDF, le public allemand sait déjà que l'Elvira de Bartoli y gravit une nouvelle marche vers un empyrée qui lui est depuis longtemps promis.
Così Fan Tutte de Mozart
Choeurs et Orchestre de l'Opéra de Zürich
Direction : Nikolaus Harnoncourt
Mise en scène : Jürgen Flimm
Réalisation : Brian Large
Avec Cecilia Bartoli : Fordiligi – Liliana Nikiteanu : Dorabella – Agnès Baltsa : Despina – Roberto Saccà  : Ferrando – Oliver Widmer : Guglielmo – Carlos Chausson : Don Alfonso.
Captation réalisée février 2000
2 DVD Arthaus, 2001, n° 4 006680 100128.
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