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DOSSIERS |
25 avril 2024 |
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Noël 2003 en CD cadeaux
La rédaction d'Altamusica tenait à souhaiter à ses internautes un Joyeux Noël, et a pensé pour l'occasion demander à ses collaborateurs une liste de CD cadeaux chers à leur coeur. Chacun a fait en fonction de ses goûts, de ses domaines de prédilection, et comme il paraît que la critique française est particulièrement impitoyable, nos collaborateurs vous ont même proposé quelques CD à offrir... à votre pire ennemi. Joyeux Noël !
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L'art de la symphonieUn monument de granitLes cadeaux de Noël 2013 d'Altamusica[ Tous les dossiers ]
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Sous le charme d'Alvarez
Marcelo Alvarez : airs français.
Massenet, Offenbach, Gounod, Donizetti, Verdi, Meyerbeer, Rossini.
Choeur de l'Opéra de Nice
Orchestre Philharmonique de Nice
direction : Mark Elder
1 CD Sony SK 89850
Il est l'une des principales révélations de ces cinq dernières années. Non seulement il s'est placé d'emblée comme rival direct des deux autres stars de la nouvelle génération, à savoir Roberto Alagna et José Cura, mais il n'a jamais déçu. Sa progression prudemment intelligente dans le répertoire qui lui convient le mieux a été incessante. De plus, il chante le français à merveille, ce qui justifie pleinement le choix du programme de ce disque. On y trouve naturellement les « standards » de notre répertoire, de Roméo et Juliette à la Fille du Régiment en passant par Werther, Manon et Faust, mais aussi des pages bien moins connues comme Don Sébastien de Donizetti, aux côtés d'autres airs d'opéras italiens créés en français comme Don Carlo, Guillaume Tell ou la Favorite. Aussi passionnant par l'art du chant que par le programme. Et quel charme permanent dans ce timbre d'Amérique du Sud, distillé avec tant de goût et de science !
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La folie géniale de Kissin
Frédéric Chopin
24 Préludes
Sonate en si bémol mineur
Polonaise op.53
Evgeny Kissin, piano
1 CD RCA 09026 63535 2
Enregistré en 1999, ce CD nous entraîne dans les fantasmes d'un Kissin parvenu à la maturité mais toujours aussi génialement inattendu. Il se jette dans les Préludes avec cet engagement qui n'appartient qu'à lui et qui échappe à toute donnée raisonnable. Mais le désespoir de Chopin malade quand il les composa relevait-il de la raison ? Même romantisme affolé pour la Sonate funèbre aux tempi surprenants, au climat à peine supportable tant il est fantasmagorique. C'est du piano tellement au-delà de toute technique qu'on ne sait plus à quels critère s'accrocher pour en parler. Il y a de l'instinct, des visions incroyables, des accents qui perturbent, et tout cela dans une flot tellement vivant qu'on touche à l'essentiel du discours musical. Trop fort peut-être pour ceux qui aiment un Chopin plus salonard, plus distingué et distancié. Mais on sait que la tuberculose déchaînait les malheureux qu'elle détruisait par des pulsions d'une violence effarante. D'instinct, Kissin a retrouvé tout ce tumulte et cette rage désespérée devant les affres de la mort.
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Immortelle Varnay
Astrid Varnay : Airs d'Opéras
Halévy, Verdi, Ponchielli, Mascagni, Strauss, Beethoven, Wagner.
Niederösterreichisches Tonkünstler Orchester
direction : Herman Weigert
1CD Melodram MEL16504
C'est le disque indispensable pour bien connaître Astrid Varnay, l'une des plus grandes cantatrices du XXe siècle, et pour de multiples raisons. Suédoise de père hongrois et naturalisée américaine Varnay est ici dirigée par son mari, Herman Weigert, qui fut aussi son professeur de chant. Et c'est assez rare, car à partir de 1951, date de cet enregistrement, on est plus habitué à la trouver sous la baguette de Knappertsbusch ou quelque autre star wagnérienne. 1951, c'est l'année où elle débute à Bayreuth pour la réouverture du Festival, après dix ans de glorieuse carrière au Met, dans un répertoire en grande partie différent, puisqu'elle y était une reine de l'opéra italien notamment. A Bayreuth, on l'invitait pour Isolde et Brünnhilde entre autres, pour avoir une voix plus claire et plus italianisante que celles de Flagstadt ou de Frida Leider ! Ce disque nous propose très précisément des pages de ce répertoire dans lequel on ne l'entendit quasiment jamais en Europe et où l'on découvre sa voix sous des aspects incroyables. Et il y a naturellement la mort d'Isolde pour finir, mais précédée de deux emplois wagnériens tout autres, Elsa de Lohengrin et Elisabeth de Tannhaüser.
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Le Pollini qu'on aime
Franz Schubert
Wanderer Fantasie D.760
Sonate pour piano en la mineur D.845
Robert Schumann
Fantaisie op.17
Sonate pour piano n°1 en sol mineur, op.11
Maurizio Pollini, piano
1CD Deutsche Grammophon The Originals 447 451-2
1CD Deutsche Grammophon The Originals 463 676-2
En 1974, date de ces enregistrements schubertiens, Pollini n'avait pas encore parcouru tout le répertoire contemporain qu'il a aujourd'hui pratiqué. Est-ce pour cela que sa sensibilité paraissait alors plus fraîche, plus spontanée, ses interprétations moins cérébrales ? Le pianiste italien, même s'il est moins à la mode en France maintenant, restera comme une des figures majeures du piano des XXe et XXIe siècles. La qualité du son, celle de l'analyse, l'approche de l'univers de ces deux monuments du répertoire relèvent de l'art pianistique le plus exaltant. A l'opposé de la folie géniale d'un Kissin, mais avec une musicalité baignée d'une lumière qui tire la musique de Schubert vers le sud plus que vers l'est, il va au coeur de ce monde schubertien si pudique et si violent à la fois, si charmeur et si désespéré. Avec lui aussi, on est fasciné autant par le rapport à l'instrument que par la pensée qui le guide et qui laisse aussi la plus large part à l'instinct. Toute une génération a redécouvert Schubert sous ses doigts.
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Pour l'Impératrice Léonie
Richard Strauss
La Femme sans ombre
Hans Hopf (l'Empereur)
Leonie Rysanek (l'Impératrice)
Elisabeth Höngen (la Nourrice)
Paul SchÂœffler (Barak)
Christel Goltz (la femme de Barak)
Kurt Böhme (le messager des esprits)
Choeur de l'Opéra de Vienne
Orchestre Philharmonique de Vienne
direction : Karl Böhm
3 CD Decca Historic 425 981-2
Il ne s'agit pas de refaire la critique globale de cet enregistrement historique réunissant certains des plus valeureux interprètes germaniques des années cinquante. Enregistrés en 1955, ces disques gardent avant tout la marque de l'Impératrice de Léonie Rysanek, encore jeune cantatrice presque débutante. Elle avait en effet révélée son immense personnalité en 1951 en Sieglinde au Festival de Bayreuth. Son Impératrice est restée inégalée, surtout dans cet enregistrement. Personne n‘a su depuis allier autant de légèreté jusqu'au suraigu dans son air d'entrée, et autant de force dramatique dans d'autres passages avec une pareille facilité. Elle a ici contribué plus que tout autre à rendre populaire cet opéra dans le monde entier. Et, bien sûr, il y a la direction de Karl Böhm, maître avec qui elle fit équipe longtemps dans le grand répertoire straussien.
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N'oublions pas Beverly !
The art of Beverly Sills
Thomas, Massenet, Charpentier, Donizetti, Bellini, Offenbach, Mozart, Heuberger, Lehar, Moore, Korngold, Strauss.
Beverly Sills, soprano
2CD Deustche Grammophon 4714766-2
C'est peut-être parce qu'elle fit l'essentiel de sa carrière aux Etats-Unis, pour des raisons familiales, que Beverly Sills est un peu la grande oubliée de la glorieuse époque des années cinquante à soixante-dix. Et pourtant, elle triompha très jeune dans le répertoire orné du bel canto et du baroque, grâce une technique ahurissante et à un registre suraigu dont on lui reprocha même d'abuser. Star du City Opera où elle débuta en 1955 et où elle révéla au public américain les grandes héroïnes royales de Donizetti, elle dut attendre 1975 pour avoir les honneurs du Met, bien qu'elle ait déjà triomphé à Vienne et à la Scala. Mais, encore une fois, ses apparitions en Europe, pourtant glorieuses, ne furent qu'épisodiques. A Paris, on ne la vit jamais dans un spectacle et guère plus que lors d'une ou deux apparitions en concert. Ces deux CD rappellent la styliste et la technicienne qu'elle fut, dans un répertoire très international. Une artiste hors norme et une personnalité très attachante qui peut faire rêver un début de XXIe siècle si pauvre en stars de cette envergure !
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Pour le toucher de Lugansky
Frédéric Chopin
24 Préludes
2 Ballades
3 Nocturnes
Nikolaï Lugansky, piano
1 CD Erato 0927-42836-2
A l'opposé de l'enfant prodige Kissin, Nikolaï Lugansky fait figure de doux poète inspiré. Son arrivée incontestée dans le peloton de tête des stars internationales du clavier a été la grande révélation des quatre ou cinq dernières années. S'il n'a rien d'un romantique échevelé, si son comportement, ses yeux bleus et sa raie sur le côté lui donnent des allures de gendre idéal, ne vous y fiez pas ! A l'intérieur, ça bouillonne très fort, mais c'est un art pianistique d'un raffinement extrême même dans la violence, et qui exprime des états d'âme tumultueux. Le toucher est miraculeux, l'approche de cet univers si typé et pourtant si varié parfaitement exacte et l'analyse est celle d'une personnalité hors du commun. Avec lui, on est plus dans la lignée d'un Guilels que d'un Richter, mais c'est un exemple type du grand piano russe au plus haut niveau.
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Manon de luxe à l'Opéra Bastille
Jules Massenet
Manon
Renée Fleming (Manon)
Marcelo Alvarez (le Chevalier des Grieux)
Jean-Luc Chaignaud (Lescaut)
Alain Vernhes (le Comte des Grieux)
Michel Sénéchal (Guillot de Morfontaine)
Frank Ferrari (Monsieur de Brétigny)
Jaël Azaretti (Poussette)
Isabelle Cals (Javotte)
Delphine Haidan (Rosette)
Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Jesus Lopez-Cobos
3 CD Sony S3K 90458
Enregistré en direct en juillet 2001 à l'Opéra Bastille, voici un exemple des grandes distributions qui auront marqué l'ère Gall à Paris. Les traces discographiques de la vie de l'Opéra sont très rares de nos jours. Il ne fallait pas manquer cette occasion de fixer deux des plus belles voix de l'époque dans une grande oeuvre de notre répertoire national. Discutable parfois lorsqu'elle s'éloigne des emplois qui sont les siens, la Fleming est ici somptueuse de bout en bout et à tous égards : musicalité, qualité de la voix, diction, interprétation. Le rêve ! On pourrait reprendre les mêmes qualificatifs pour Marcelo Alvarez. Un couple quasiment idéal et difficilement égalable aujourd'hui, si ce n'est peut-être par le ménage Alagna dont l'enregistrement de studio est aussi très réussi. A côté des deux stars, on trouve notamment un excellent Jean-Luc Chaignaud et l'inénarrable Michel Sénéchal à la carrière sans fin. Captation magnifique d'un moment miraculeux à l'Opéra de Paris.
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Schwarzkopf conquérante
Elisabeth Schwarzkopf : Récital à Carnegie Hall le 25/11/1956
Mozart, Schubert, Gluck, Richard.Strauss, Wolf.
Elisabeth Schwarzkopf, soprano
Georges Reeves, piano
2 CD EMI Références CHS 7 61043 2
La discographie de Schwarzkopf est très vaste et ne cesse de s'agrandir. Pourquoi, alors, cet album plus qu'un autre ? Schwarzkopf a été accompagnée par les plus grands pianistes de son époque, comme Walter Gieseking ou Edwin Fischer. Mais voilà , il s'agit de son premier récital à Carnegie Hall, à une époque où, Rudolf Bing lui refusant l'accès du Metropolitan Opera de New York, il lui fallait trouver d'autres lieux pour conquérir le public américain. Elle le fit là , ce soir là . En 1956 , elle est en pleine possession de ses moyens, avec encore des rôles à conquérir. Tous ceux qui assistèrent à ses récitals dans les années cinquante et soixante trouveront ici l'impact incroyable de ses interprétations de Lieder, et surtout le climat de ces soirées où elle « bissait » facilement en plein milieu de récital, pratique totalement révolue aujourd'hui. Ici, par exemple, pour conclure la série de Lieder de Mozart, elle donne tout simplement en bis le Come scoglio de Fiordiligi dans Così fan Tutte. Témoignage exceptionnel d'une époque révolue !
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Un cadeau pour un ennemi
Duetto
Marcelo Alvarez, Salatore Licitra, ténors
The Kühn's Choir
The City of Prague Philharmonic
1 CD Sony SK 90418
Comment ces deux superbes ténors se sont-ils laissés convaincre de réaliser un tel disque Frankenstein ? Il y a de tout un peu dans ce programme ni vraiment opéra ni vraiment autre chose. Çela tient du « cross-over » un temps si populaire et par lequel les maisons de disques espérait gagner un nouveau public, mais sans avoir toutes les audaces. Elles n'ont fait qu'y perdre le leur et risquent de continuer avec des objets sonores pareils. L'absence de projet artistique dans le programme, le mauvais choix des numéros, l'alliance hasardeuse des deux voix qui n'ont ni des styles ni des timbres qui s'accordent, tout contribue à montrer le personnage du ténor sous le pire jour possible. A éviter coûte que coûte
même si la renommée des deux chanteurs ne s'en trouve qu'égratignée, car on oubliera très vite cette erreur de parcours !
Gérard Mannoni |
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