En 1896, Verdi décidait de fonder une maison de retraite pour vieux musiciens financée avec ses droits d'auteur. C'est la célèbre Casa Verdi de Milan. Daniel Schmid y réalisa un film en 1984. Le voici disponible en DVD. Pour tous ceux qui aiment le chant, l'opéra et les chanteurs, c'est un merveilleux témoignage, plein d'émotion. Dans leur chambre, dans les salons, dans la salle à manger, dans les couloirs, nous retrouvons ceux qui connurent les feux de la rampe lyrique avec plus ou moins de gloire mais qui en gardent tous un souvenir ébloui et une joie de vivre qui, semble-t-il, ne les quittera jamais. Aucune tristesse, aucun regret, seulement des souvenirs heureux. « J'ai chanté avec la Tebaldi, avec la Callas, avec Gigli ! J'ai chanté si souvent à la Scala et dans le monde entier ! Vous savez, l'opéra, ce sont les choeurs, avant tout. Sans eux, les solistes, ce n'est rien du tout ! » Ainsi vont les confidences, avec pour star Sara Scuderi, à la voix encore d'un fraîcheur étonnante. On passe vraiment des instants d'une qualité humaine exceptionnelle, comme ce choeur de Nabucco chanté par tous. De beaux moments de musique dans le bonus consacré justement à la Scuderi.

Ils sont espagnols, italiens, allemands et ils ont illustré l'art musical international pendant un siècle, du milieu de la Renaissance au milieu du XVIIe siècle. Dans son vaste répertoire, Jordi Savall les a choisis comme particulièrement représentatifs d'un art à la fois flamboyant et pur, typique de cette somptueuse époque évolutive. On n'a plus à faire l'éloge de Savall et ses musiciens, ni de Montserrat Figueras. On leur doit tant de découvertes et de redécouvertes, avec toujours cette alliance de soucis philologiques au sein desquels la vie de la musique n'est jamais au second plan. Il y a partout une subtilité d'approche qui permet de différencier les styles et même les époques dans ce siècle d'or de la musique européenne. Un irremplaçable voyage de retour vers des époques qui ne cesseront jamais de nous faire rêver.

Quand on entend et voit Natalie Dessay dans cette intelligente mise en scène de Caurier et Leiser, on ne peut que souhaiter au plus vite son retour en forme et son retour sur scène car elle est à peu près irremplaçable à tous égards dans ce répertoire. Face à elle, Simon Keenlyside est comme toujours aussi habile chanteur que bon comédien et ils forment une sorte de couple lyrique idéal, fort bien entouré au demeurant, notamment par le jeune ténor russe Daniil Shtoda en Laërte. La partition n'est certes pas sans quelques longueurs, mais le DVD nous permet de renouer avec la tradition perdue du spectacle d'opéra, à savoir la possibilité de s'absenter quelques minutes, ou d'échanger quelques propos, voir de consommer quelque friandise, comme au temps de Haendel ! En tout cas, une belle occasion de retrouver la Dessay telle qu'on l'aime.

Vingt ans séparent ces deux versions salzbourgeoises de Falstaff. Toscanini 1937, Karajan 1957, deux mondes en un seul, une tradition à la fois immuable et totalement renouvelée. Avec le premier, on est encore dans une esthétique italienne pure et dure, directement héritée du compositeur. Chef italien, chanteurs italiens avec Mariano Stabile dans le rôle titre. C'est haut en couleur, une référence stylistique en tous domaines, la base de ce que l'on fera ensuite. Avec Karajan, on est déjà dans une esthétique plus internationale. Aux côtés des italiens comme Gobbi, Moffo, Panerai ou Simionato, on trouve Luigi Alva et Elizabeth Schwarzkopf, comme dans la version studio si célèbre, où Barbieri était Mrs Quickly. C'est superbe, avec ce charme fin des grandes directions Karajan et la vitalité de la captation scénique également. Rapprocher ces deux versions est une magnifique idée. Elle permettra aux amateurs mille comparaisons, tant les points communs comme les différences, une fois encore, se révèlent passionnants.

Pour ceux qui ne savent pas encore tout sur la vie et la carrière de Maria Callas, ce DVD, même s'il n'apporte rien de nouveau, est riche de renseignements et d'enseignements. Plus que jamais, on comprend à quel point cette saga artistique et sentimentale est unique en son genre au XXe siècle et on voit se bâtir le mythe au fil des années et des rôles, y compris dans ce qui reste une sorte de décadence finale. Les documents sont nombreux, photos et films, les extraits musicaux aussi, ces derniers malheureusement trop brefs et coupés systématiquement par le commentaire. C'est tout de même un peu frustrant. On peut se rattraper avec le Concert de Hambourg 1962, où elle chante Le Cid de Massenet, Carmen, Ernani, La Cenerentola et O don fatale pour finir. Cela reste assez grandiose !

Tous ceux qui ont pu apprécier Gérard Lesne dans un autre répertoire plus rock au cours de la nouvelle formule des Moments Musicaux du Châtelet, retrouveront ici le chanteur et chef sous un jour plus conforme à l'habitude. Cette très belle sélection d'un répertoire que Lesne défend au plus haut niveau avec ses complices habituels constitue un ensemble exceptionnel. Bien sûr, les titres pourront vous paraître un peu austères pour les fêtes de fin d'année, mais les initiés savent qu'il ne s'agit nullement de musiques funèbres, mais de certaines des plus belles pages de notre répertoire sacré. Véronique Gens, Sandrine Piau, Agnès Mellon ajoutent leurs voix de si belle qualité et leur connaissance de ces styles à la science de Gérard Lesne et de ses musiciens. Une certaine manière de vivre la spiritualité de Noël.

Le photographe Stéphane Ruet a suivi pendant plus d'un an la vie du Ballet de l'Opéra de Paris, tant au Palais Garnier qu'au cours de deux tournées, au Japon et en Grèce. Fasciné par tous les aspects de la vie et de l'art si particuliers des danseurs classiques, il a réalisé de superbes photos de coulisses, de loges, de répétions de couloirs, de tout ce que le public ne voit pas. De très beaux portraits décontractés ou plus sophistiqués, concernant surtout les étoiles, des instants de détente ou de stress, de joie ou d'attente, tout cela est rendu de manière personnelle et poétique. C'est un très beau livre préfacé par Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l'Opéra et qui en fera rêver plus d'un amateur ou futur amateur de danse. Un seul bémol : un peu de texte aurait été le bienvenu. Aujourd'hui, la tête des danseurs marche aussi bien que leurs jambes et il est toujours un peu dommage de les réduire à des icônes purement visuelles. Mais quel beau livre !

Parfaitement bienvenue, cette publication de Philippe Verrièle, ancien rédacteur en chef des Saisons de la Danse, comble un vide réel. Ni dictionnaire ni seulement livre d'images bien que copieusement illustré de photos, c'est un panorama très judicieusement sélectif des grands ballets aussi bien classiques que contemporains qu'il faut connaître. A chaque ballet, une page de commentaire et une photo. Il n'en faut guère plus pour savoir ce qu'il convient et avoir envie éventuellement d'en connaître davantage
en allant au spectacle. C'est rédigé avec esprit et précision, facile à manipuler et il y a assez de matière pour que l'on puisse y revenir maintes fois. Une belle réussite comme l'édition de danse en connaît trop peu.