Art de cour, privilège des érudits, l'opéra se veut le fruit d'abord élitiste des recherches de la Camerata Bardi et du développement de l'intermède, à tel point que ses probables origines populaires tendent à être occultées. *Pourtant, le Maggio, genre théâtral populaire dont la tradition perdure dans le Nord de la Toscane et l'Emilie, pourrait avoir eu quelque influence sur la naissance du recitar cantando. La pratique des Commedie di Maggio prend en effet racine à Sienne au XVI^e, sous la forme de comédies légères, champêtres et pastorales, dont les vers étaient psalmodiés sur une mélodie archaïque immuable, soumise aux infimes variations de l'expression.

Les Maggi dramatiques les plus anciens parvenus jusqu'à nous datent du XVIII^e siècle, textes dus à des paysans, des ouvriers et des artisans. Aujourd'hui, le Maggio est un texte en quatrains d'octonaires, dont les stances sont séparées par de courts intermèdes du violon, de la guitare ou de l'accordéon, qui accompagnent la plupart du temps la déclamation. Il se joue en plein air, avec la participation de toute la communauté.

A Buti, petite ville de la région de Pise, le genre s'est singularisé par rapport à la tradition sous l'égide du poète Pietro Frediani (1775-1857), faisant petit à petit son entrée au théâtre. Autour de sa Medea, le travail de la Compagnia del Maggio Pietro Frediani a permis de raviver une tradition qui menaçait de s'éteindre dans les années 1950. Dans le cadre du projet autour de la Fabula d'Orfeo d'Angelo Poliziano (1480), que Romain Rolland considérait comme « l'Opéra avant l'Opéra Â», la Fondation Royaumont a passé commande à la compagnie de Mario Filippi d'une oeuvre originale autour du mythe d'Orphée, « qui nous fait approcher ce que l'oeuvre originale d'Angelo Poliziano aurait pu devenir si celle-ci avait été conservée dans la tradition orale Â».*




*Le texte entre astérisques a été rédigé d'après les remarquables notes de programme de la Fondation Royaumont dues à Francis Biggi.