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DOSSIERS 25 avril 2024

Les fils de Royaumont
© Jérôme Johnson

L'Abbaye de Royaumont

Qu'ils soient disciples de Lifschitz, Lesne ou Malgoire, Royaumont les a vus naître. Jeunes (Sarah Jouffroy, Edwin Crossley-Mercer) et moins jeunes (Patricia Petibon, Karine Deshayes, Stéphane Degout, Philippe Jaroussky), ces enfants de la Fondation se réunissent autour d'une thématique consacrée à l'art du chant. L'occasion de goûter la santé retrouvée d'un certain art du chant français.
 

Le 02/10/2005
Propos recueillis par Mehdi MAHDAVI
 
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  • Art délicat que celui de la mélodie française, car art du dire, assurément, autant que du chant, mais d'une langue souvent rebelle, dont la phonation demande une certaine science. Gabriel Fauré surtout, symboliste évidemment, dont le flot continu ne doit jamais se trouver brisé par le mot, sans que celui-ci n'échappe à l'intelligence.

    Passé maître dans l'art de transmettre, et qui depuis 1986 dirige les programmes de préparation au récital et d'interprétation de Lieder et de mélodies, Ruben Lifschitz s'est donc fait le porte-parole du compositeur auprès des jeunes talents à peine éclos de Sarah Jouffroy et Edwin Crossley-Mercer, avec l'attentive complicité des pianistes Michaël Guido et Hélène Lucas.

    Que ce soit dans Mirages, sur des poèmes de Renée de Brimont, le Jardin clos, sur des poèmes de Charles van Lerberghe, ou l'Horizon chimérique, sur des poèmes de Jean de la Ville de Mirmont, la ligne vocale semble primer sur l'intelligibilité du texte. La mezzo-soprano Sarah Jouffroy, le timbre souvent dispersé, la technique encore fragile, laisse à peine deviner les mots, alors que chez le baryton Edwin Crossley-Mercer se distingue déjà un legato cultivé, qui traduit le sens d'une portée, d'une posture un peu empruntée encore, d'une voix qui, souple, sait si bien laisser mourir le son.

    Une de nos carrières les plus prometteuses, et grande habituée de Royaumont, à qui elle doit presque tout son art, Karine Deshayes livre à son tour une Chanson d'Eve purement vocale, où une certaine culture de l'opulence engendre rapidement la monotonie. Ce cycle du premier jour du monde demande plus que le velours du timbre, comme un émerveillement mystique de l'aube au crépuscule. Pour l'heure plus convaincante dans les exercices pyrotechniques chers à Rossini, la jeune mezzo-soprano ne déploie ici qu'une couleur, capiteuse certes, et un éventail dynamique restreint, alors que lui manque, davantage encore, l'appétit du mot.

    Stéphane Degout, lui, les dévore, à pleines dents, d'une diction qui tient de l'art, tant sont maîtrisés les moindres résonateurs faciaux. Aucune concession à la vocalité dans ce chant toujours souple, toujours plein, toujours brillant, sur un ambitus à la palette vive et riche : chaque voyelle est émise avec naturel, chaque consonne fait rebondir le sens. Les Trois ballades de François Villon de Debussy sont à cet égard idéales de variété, les Histoires naturelles de Ravel sur des textes de Jules Renard, dont le Cygne ne refuse pas l'hédonisme, débordantes d'esprit. Mais plus encore, de totale osmose avec le piano d'Hélène Lucas, ses Duparc sont à pleurer, et l'on donnerait tout, pour qu'une fois encore, le baryton français nous invite au Voyage, « au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
     Â»

    En vérité, peu d'artistes semblent aujourd'hui capables d'allier à ce point la parfaite intelligibilité d'un texte chargé de sens à cette constante beauté de la ligne vocale.



    Mélodies de Fauré, Debussy, Duparc et Ravel
    Sarah Jouffroy (mezzo-soprano)
    Edwin Crossley-Mercer (baryton)
    Karine Deshayes (mezzo-soprano)
    Stéphane Degout (baryton)
    Michaël Guido et Hélène Lucas (piano)

     

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