Patricia Petibon, peut-être
mais cette magnifique interprète a-t-elle si peu confiance en la musique, ou en son art, si sensible lorsqu'il est nu, pour se croire ainsi obligée de le travestir sous de puérils déguisements ? Une telle qualité de diction, une telle facilité vocale ne se suffisent-elles pas à elles-mêmes, lorsqu'on a le don rare de faire passer mille émotions par sa seule voix ?
Ainsi, la soprano française est, et demeure, par son touchant besoin de séduire, une énigme. Le programme qu'elle propose, en diva de music-hall, est varié, animé d'une veine certes populaire – jusqu'à l'inattendue réhabilitation de Colchiques dans les prés –, mais toujours séduisant représentant d'un certain esprit français. Jusqu'à la Pastorale de Bizet, précédées de Hahn et de Poulenc d'une inattendue sobriété, le rituel du récital est respecté, avec les doigts complices de Catherine Daiprès.
Mais les illustrations sonores ludiques et oniriques de Joël Grare éveillent le feu follet, et les limites du bon goût, petit à petit, se dérobent, du récital au cabaret, du cabaret au cirque, avec masque et tuba, accessoires désormais bien connus d'un numéro parfaitement rodé, qui relègue trop souvent la musique au rang de figurante.
Si elle ne le faisait avec une telle aisance, un tel professionnalisme, nous serions bien sûrs exaspérés. Nous n'avons été, parfois, qu'irrités, d'autant que le public semble enchanté. Après tout, l'art du chant n'est-il pas aussi un art du plaisir ?
Mélodies de Chabrier, Poulenc, Satie, Hahn, Rosenthal, Obradors, de Falla
Patricia Petibon (soprano)
Catherine Daiprès (piano)
Joël Grare (percussions)
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