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DOSSIERS 25 avril 2024

Centenaire Chostakovitch :
Dans les affres du régime soviétique

À l'heure où pas un média ne risque d'oublier le 250e anniversaire du fils prodige de Salzbourg, Altamusica a choisi de consacrer un dossier annuel au centenaire Chostakovitch. Car si Mozart est à jamais emblématique du créateur auquel les cieux ont apporté leur consécration suprême pour que sa musique réconcilie avec la vie d'ici-bas, celle de Chostakovitch fait au contraire resurgir la noirceur d'une histoire marquée par l'inhumanité.
 

Le 23/03/2006
Propos recueillis par Benjamin GRENARD
 
  • Une jeunesse dans l'après-1917
  • La chape de plomb
  • L'après-Staline



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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • Staline disparu, le système demeure. Mais la disparition du potentat consacre néanmoins une période de dégel, ne fût-elle que relative. Chostakovitch réapparaît au-devant de la scène avec une 10e symphonie (1953), dont le Scherzo est un vengeur portrait au vitriol de Staline. L'intérêt pour le genre symphonique va alors de plus en plus céder le pas au quatuor à cordes, que Chostakovitch a abordé dès 1938 et qui va constituer jusqu'à la fin de sa vie une sorte de journal intime, ne comprenant pas moins de quinze ouvrages, égaux en intérêt et en nombre aux symphonies.

    Les relations avec le pouvoir restent tendues. Conflit violent avec les autorités, la création de la 13e symphonie (1962) pour commémorer le massacre des juifs à Babi Yar provoque remous et fortes pressions de la part d'un régime antisémite, qui n'est que l'expression institutionnelle de tout un pan de la société russe. Différence non négligeable avec Staline, l'ouvrage est créé avec quelques modifications de texte pour sauver la cause russe ; cela ne l'empêche pas d'être interdit par la suite.



    Miné par la maladie, Chostakovitch se replie sur soi les dernières années de sa vie. On assiste ainsi à un recentrage de sa création avec la mort pour thème central. Ironie sombre et suprême qu'au moment précis où une notoriété internationale confère au compositeur une relative sécurité politique, la mort lui fait signe. Aboutissement logique de tout un oeuvre aussi ; après l'impossibilité de sortir de la spirale tragique d'une histoire funeste, l'impossibilité d'échapper au néant ne pouvait que trouver une expression définitive avec le thème de la mort.

    Le dernier Chostakovitch est peut-être le plus essentiel de tous. Après les grandes fresques sombres, puissantes et marmoréennes du passé, le langage devient ascétique, épuré à l'extrême, d'un hermétisme fascinant. Le dodécaphonisme, auparavant si vilipendé par un régime arrogant, y trouve sa part et témoigne des changements profonds que connaît la création soviétique. D'une expression rappelant encore la violence des oeuvres antérieures, la 14e symphonie (1969) présente la mort sous de multiples aspects ; Chostakovitch la considère comme l'une de ses pièces maîtresses.

    Le reste de sa création tardive est beaucoup plus intérieure. Au-delà de la radicalité de la 14e symphonie, les 15e symphonie (1971) et 15e quatuor (1974), la Sonate pour alto (1975) – achevée quelques jours avant sa mort – constituent autant de requiem austères, dont la profondeur et l'exigence se hissent à la hauteur des derniers chefs-d'oeuvre beethovéniens.

    Marqué par le sceau de l'histoire, c'est la place de l'humain au milieu d'un monde effroyable et tragique que Chostakovitch met au coeur de son oeuvre. Altamusica vous invite à pénétrer plus profondément dans cet univers sombre et poignant à travers une série d'entretiens pour fêter un centenaire quelque peu escamoté par l'irradiante lumière du divin Mozart.





    À suivre

    Chostakovitch et la musique juive, entretien avec le musicologue Frans Lemaire

     

    Benjamin GRENARD
  • Une jeunesse dans l'après-1917
  • La chape de plomb
  • L'après-Staline
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