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DOSSIERS 18 avril 2024

Les cadeaux de Noël 2006 d'Altamusica

Voici revenue la période des fêtes, et tout logiquement les cadeaux de Noël Altamusica qui l'accompagnent. Comme chaque année, nos rédacteurs vous proposent leurs sélections cadeaux (CD, DVD ou livres) de fin d'année, avec pour particularité cette fois de vous les présenter chacun à leur tour.
Joyeux Noël à toutes et à tous !

 

Le 12/12/2006

  • Les cadeaux 2006 de Mehdi MAHDAVI
  • Les cadeaux 2006 de Gérard MANNONI
  • Les cadeaux 2006 de Yannick MILLON
  • Les cadeaux 2006 de Laurent VILAREM
  • Les cadeaux 2006 de Thomas COUBRONNE
  • Les cadeaux 2006 de Yutha TEP



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  • L'art de la symphonie

  • Un monument de granit

  • Les cadeaux de Noël 2013 d'Altamusica

    [ Tous les dossiers ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • Un castrat pop en mise en bouche



    Domenico Scarlatti (1685-1757)
    Cantates
    Max Emanuel Cencic, contre-ténor
    Aline Zylberajch, pianoforte
    Maya Amrein, violoncelle
    Yasunori Imamura, théorbe, guitare baroque

    CD Capriccio 67 173 + DVD

    Revoici Max Emanuel Cencic, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Ceux qui ont connu l'enfant prodige, membre des Petits Chanteurs de Vienne, qui conserva intact son lumineux soprano après la mue, seront sans doute surpris par sa métamorphose en contre-ténor naturellement sombre et ample. Les autres découvriront une voix phénoménale et une musicalité extravertie qui en font, parmi la nouvelle génération de falsettistes, la seule alternative possible à Philippe Jaroussky, mais non son concurrent, tant leurs dons se complètent, à l'instar d'Andreas Scholl et David Daniels.

    Dans cette seconde anthologie de cantates de Domenico Scarlatti – la première ayant marqué son retour sur le devant de la scène –, Cencic fait valoir une palette belcantiste miraculeusement large : aigus flamboyants, trilles délicats – bien plus qu'esquissés, à peine moins que battus –, diminuendi ensorceleurs, folles embardées virtuoses, et surtout une diction exemplaire au service d'un sens théâtral épanoui jusqu'au lyrisme le plus exubérant, à tel point qu'il pourra parfois paraître à l'étroit dans ces miniatures aux subtiles étrangetés, accompagnées par le pianoforte trop souvent occulté par tant de splendeur vocale d'Aline Zylberajch, dont la revanche éclatante dans les trois sonates qui complètent le programme n'en est que plus méritée.

    Mais l'expression passionnée et la virtuosité débridée du contre-ténor sont décidément irrésistibles. Quant à sa personnalité singulière, mi-castrat, mi-star de la pop, elle s'illustre à la fois à travers un DVD, où le kitsch de clips en play-back voisine avec la sincérité de la confession de ce jeune chanteur à l'expérience déjà longue, parfois même douloureuse, et la vanité revue et corrigée au goût du jour qui orne cet exubérant coffret.



     
    Tapas de luxe



    ¡ Pasión ! Canciones et tonadillas
    Pièces de Fernando J. Obradors, Enrique Granados, Joaquín Turina, Manuel de Falla et Xavier Montsalvatge.
    Joyce DiDonato, mezzo-soprano
    Julius Drake, piano

    CD Eloquentia EL0608

    Dans la galaxie pourtant à la limite de la saturation des mezzo-sopranos clairs et agiles, Joyce DiDonato a très rapidement su se faire une place de choix, rossinienne naturellement virtuose et malicieuse, mozartienne frémissante et lumineuse, haendélienne étourdissante, dont les talents de tragédiennes furent révélés par la folie de Déjanire dans l'Hercules mis en scène au Palais Garnier par Luc Bondy, qui ne valait justement que par elle.

    Éblouissante à la scène, la mezzo américaine ne s'en distingue pas moins dans le domaine du récital, à travers des programmes exigeants, comme celui de son premier disque chez Eloquentia, The Deepest Desire (EL0504), marquant son attachement pour la musique contemporaine américaine. Après un détour par Venise dans un programme paru dans la série du Wigmore Hall (WHLive0009, encore indisponible en France), Joyce DiDonato rend hommage avec ¡ Pasión ! au compositeur qui la décida, voici près de quinze ans, à embrasser une carrière lyrique plutôt que d'enseigner le chant choral en collège : Fernando J. Obradors, qui mériterait pour cette seule raison qu'on lui élève une statue.

    Sans jamais sacrifier la simplicité, l'attachante mezzo, accompagnée par le piano aux sonorités orchestrales de Julius Drake, met sa technique époustouflante, ses ressources dynamiques infinies, et toutes les couleurs de son timbre de miel et d'argent, où passent çà et là des reflets de Caballé et de Berganza, au service de ces canciones où l'ironie souvent se mêle à la nostalgie, où la passion se fait murmure pour mieux éclater en des rythmes ensorceleurs. Un disque gorgé de vie et de soleil, sur lequel plane l'espace d'un instant l'ombre douloureuse des tonadillas de Granados.



     
    Madrigaux selon la recette authentique du Maestro Alessandrini



    Claudio Monteverdi (1567-1643)
    Madrigali guerrieri ed amorosi
    Concerto Italiano
    direction : Rinaldo Alessandrini

    Livre-disque 3CD Naïve 3 OP30425

    Il ne manquait au 8e livre vu par Rinaldo Alessandrini qu'une poignée de madrigaux, notamment les duos de ténors, pour être la référence de cet aboutissement de l'art monteverdien. Près de dix ans après les deux premiers volumes, le voici enfin complet, dans une édition luxueuse au parcours iconographique aussi riche qu'éloquent, où les palettes de Botticelli, Rubens, du Caravage et du Tintoret rivalisent avec les figuralismes du compositeur crémonais. Et cette parution est d'autant plus passionnante qu'elle témoigne de l'évolution d'un chef qui, le premier, sut pleinement restituer ce répertoire à son idiome vocal et poétique, grâce à un groupe de chanteurs exclusivement italiens.

    Il est indéniable que les nouvelles voix du Concerto Italiano pâtissent de la présence immédiate des anciennes, qui ont depuis pris leur indépendance en fondant la Venexiana, et qu'il leur manque ce souffle audacieux qui traverse les deux premiers volumes. Mais malgré des options interprétatives moins extrêmes, la griffe d'Alessandrini demeure, à l'affût de la moindre dissonance, exacerbant les contrastes chromatiques et rythmiques en jouant de la ductilité des tempi – vingt-cinq minutes de plus que René Jacobs sur l'ensemble du Livre –, illustrant avec ardeur la notion de sprezzatura.

    Cette approche au scalpel se révèle paradoxalement d'une totale liberté poétique, culminant dans un Hor che'l ciel e la terra plus que jamais hors du temps. Et, sommet absolu, le Combat de Tancrède et Clorinde, porté par la déclamation d'une clarté naturelle et habitée de Roberto Abbondanza, est le plus puissamment évocateur, osons même dire le plus réaliste de la discographie. Alessandrini et son éditeur nous doivent désormais une Selva morale e spirituale.



     
    Entremets vivaldiens



    Vivaldi Heroes
    Philippe Jaroussky, contre-ténor
    Ensemble Matheus
    direction : Jean-Christophe Spinosi

    CD Virgin Classics 363 414 2

    Non, ceci n'est pas le nouveau pendant masculin d'une mode vénitienne lancée par Cecilia Bartoli au tournant du millénaire, et régulièrement remise au goût du jour par Naïve, aussi bien à travers des programmes originaux, tel les airs de basse par Lorenzo Regazzo et Rinaldo Alessandrini (OP30415), que des compilations puisant dans l'intégrale en cours, dont la dernière en date ose le titre carrément racoleur de Il Furioso (OP30432). Car le récital Vivaldi de Philippe Jaroussky et Jean-Christophe Spinosi est avant tout l'aboutissement d'une collaboration d'autant plus étroite que ce programme a été étrenné, rôdé, ajusté, peaufiné aux quatre coins de la France avant d'être enregistré, signe de haute exigence artistique, à une époque où le disque précède souvent la scène.

    Ce qui frappe donc avant tout dans ces pages qui illustrent avec variété et finesse l'ambivalence du guerrier amoureux typique de l'opéra baroque, c'est l'osmose entre le chef et le chanteur, l'alchimie entre les timbres de l'Ensemble Matheus et la voix du contre-ténor, l'attention chambriste qui lui est portée, jusque dans le plus frémissant murmure d'un Zeffiro leggier. Cette voix, justement, qui, sans rien perdre de son angélique extension, ne cesse de gagner en rondeur, en couleurs, demi-ton par demi-ton, dans le grave de la tessiture. Au jeu des comparaisons – et pour trois airs au moins la concurrence est rude –, Philippe Jaroussky ne fait pas mieux, mais différent, ce qui, finalement, est encore mieux : il faut avoir goûté en concert, à une semaine d'intervalle, et avec les mêmes musiciens, les sortilèges antagonistes du contre-ténor et de Sara Mingardo dans l'hypnotique Mentre dormi de l'Olimpiade.

    Parce qu'elle est mélodieuse, directe dans son ardeur descriptive, souvent euphorisante, la musique de Vivaldi a la réputation d'être facile. Invitant à l'écoute plus qu'il ne donne à entendre, ce disque en révèle les plus savoureuses subtilités.



     
    Corbeille de fruits vénitiens



    Antonio Vivaldi (1678-1740)
    Griselda, opéra en trois actes

    Marie-Nicole Lemieux (Griselda)
    Verónica Cangemi (Costanza)
    Simone Kermes (Ottone)
    Philippe Jaroussky (Roberto)
    Stefano Ferrari (Gualtiero)
    Iestyn Davies (Corrado)

    Ensemble Matheus
    direction : Jean-Christophe Spinosi

    2 CD Naïve OP3419

    Complément idéal au récital de Philippe Jaroussky, cette Griselda marque la consécration d'une équipe qui, depuis la Verità in cimento en 2002, a fait sien l'idiome dramatique vivaldien. Révélation de l'Orlando furioso, la contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux, dont un concert avait déjà permis de goûter les affinités avec les emplois d'Anna Giró, module son timbre moelleux avec une douleur rageuse dans ces airs « d'expression Â» et « d'agitation Â» que Vivaldi conçut pour la vocalité limitée de sa cantatrice favorite, réservant les cascades de doubles-croches aux interprètes de Costanza et Ottone.

    De la première, Verónica Cangemi livre une interprétation à fleur de lèvres, d'une virtuosité aussi spectaculaire qu'écorchée par ces écarts délirants auxquels elle soumet régulièrement son ravissant soprano léger pour parfaire sa métamorphose en assoluto vivaldien, tandis que Simone Kermes, audiblement engagée sur une voie identique, tente de compenser la fixité de l'aigu par la lumière d'un timbre irréel. En plus belle voix que jamais, Philippe Jaroussky est décidément né pour chanter cette musique, à l'instar de Stefano Ferrari, révélation de cet enregistrement, auquel un timbre sombrement latin, malheureusement peu phonogénique, un souffle inépuisable et une autorité incontestable promettent le plus bel avenir dans les emplois en mal de titulaires de ténors graves et agiles du dernier baroque. Quant au contre-ténor Iestyn Davies, il n'est jamais en retrait dans le rôle peu gratifiant de Corrado.

    Et si la Griselda vivaldienne n'a pas les qualités dramatiques de celle d'Alessandro Scarlatti, Jean-Christophe Spinosi parvient à maintenir l'intérêt dans les récitatifs, jouant dans les airs de la palette de plus en plus raffinée d'un Ensemble Matheus certes fougueux, mais surtout attentif au chant. Des qualités que l'on goûtera avec d'autant plus de plaisir que la Fida ninfa à venir s'annonce comme leur dernière contribution à l'édition Vivaldi de Naïve.



     
    Les grands crus classés de Natalie Dessay



    Le miracle d'une voix, ses plus grands rôles sur scène
    Natalie Dessay, soprano

    DVD Virgin Classics 363 339 9

    Tragédienne funambule, Natalie Dessay est sortie de sa chrysalide, ses rêves belcantistes enfin devenus réalité. Mais plus que le miracle d'une voix limpide, facile, ductile, à laquelle les années ont conféré une étoffe qui n'était au départ que le privilège d'un registre suraigu unique, cette nouvelle voie est la récompense du travail accompli durant les quinze premières années d'une fulgurante carrière, dont la soprano française a sélectionné quelques-uns des meilleurs moments sur le DVD de Ses plus grands rôles sur scène, reflet d'autant plus fidèle de son art que la chanteuse se double d'une actrice ébouriffante, qui par sa seule présence galvanise le public.

    De la Frühlingsstimmenwalzer de Johann Strauss, de pur brio vocal, dans une mise en scène momifiée, estampillée Opéra de Vienne, de la Chauve-souris au désopilant et très coquin Duo de la Mouche d'Orphée aux Enfers selon Laurent Pelly, Natalie Dessay éclaire chaque extrait de ses yeux immenses, de sa voix grave et chaleureuse, avec une anecdote souvent, une analyse parfois, déclarant son amour à ces mêmes rôles qu'elle a tant aimé détester, mais avec lesquels elle semble désormais réconciliée, peut-être justement parce qu'ils appartiennent au passé.

    Mais l'atout majeur de ce DVD est incontestablement de proposer plusieurs visions d'un même rôle, d'un même air. Qu'y a-t-il en effet de commun entre la Reine de la Nuit séductrice, pacifique du Théâtre de l'Archevêché, et la furie vengeresse aux suraigus tranchants du Palais Garnier, entre les larmes de la Zerbinetta ravagée de Salzbourg, et les éclats de rire de la touriste délurée de Paris, entre l'Olympia autiste de Louis Erlo, la ballerine de porcelaine d'Andrei Serban, et la poupée loufoque de Jérôme Savary ? Le talent protéiforme de Natalie Dessay bien sûr.

    Et s'il fallait ne garder qu'un seul des diamants de cette éclatante rivière, ce serait la bouleversante scène de la folie d'Hamlet, qui scelle entre la chanteuse et l'actrice une rencontre d'une intensité définitivement supérieure.



     

    Mehdi MAHDAVI
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