1/2 Finale Opéra
Mercredi 16 septembre, après-midi – Théâtre musical
Mozart : Les Noces de Figaro (Porgi amor : la Comtesse)
Verdi : Don Carlo (Ella giammai m’amò ; Philippe II – Fontainebleau ; Don Carlo)
Cette année, aucun répit pour les candidats, qui doivent enchaîner les quarts et les demi-finales sans jour de repos. L’épreuve est particulièrement redoutable, au vu de la culture vocale de plus en plus erratique des chefs, jeunes comme moins jeunes, grands comme moins grands, de notre époque. Et si la majorité des concurrents s’en tirent honorablement en oratorio, l’épreuve d’opéra est souvent celle où surviennent les effondrements les plus terribles. Cette édition ne fera à cet égard pas exception à la règle.
Brillant au premier tour, stylistiquement dĂ©faillant au deuxième, Domingo GarcĂa est la principale victime de la session d’opĂ©ra, qui a lieu dans la fosse du Théâtre musical bisontin. Son Mozart file droit, d’une respiration jamais en phase avec la vocalitĂ© mozartienne. Plus grave, son Verdi est dĂ©sespĂ©rant de neutralitĂ©, dĂ©bitĂ© au mètre. Surtout, on assiste au pire qui puisse arriver dans ce type de concours, une incapacitĂ© totale, malgrĂ© des tentatives rĂ©pĂ©tĂ©es et les injonctions du prĂ©sident du jury, Ă rĂ©tablir une synchronisation dĂ©faillante avec un chanteur.
D’une posture à la Nosferatu vraiment pas sexy, Rossen Gergov propose un tactus souple, et suit bien, voire facilite le terrain à la soprano dans Mozart. Son travail sur Verdi, pas franchement italien, le voit très attentif à son soliste, qui parvient cette fois à se caler sur la battue. Réactif, le Bulgare s’adapte très bien au récitatif et réussit sans peine l’épreuve.
Yuko Tanaka demande à essayer d’emblée un tempo très allant dans la Cavatine de la Comtesse, et trouve alors une fluidité très classique, qui allège beaucoup la texture sans contraindre la chanteuse. Dommage que le tempo ne tienne pas jusqu’à la fin de l’air ! Dans le Verdi, le flux est bon, mais on retrouve quelques soucis de synchronisation avec Philippe II, accusant quelques limites à cet exercice d’accompagnement.
Après la pause, Kazuki Yamada retrouve la grâce mozartienne de sa Flûte enchantée, avec un excellent tempo, et un calme olympien. Dans Verdi, il est celui qui réussit le mieux l’accompagnement lachrymal des cordes dans l’air de Philippe II, avec une gestique claire, élégante, distinguée, lisible. Il est aussi le premier à formuler des demandes musicales aux chanteurs, qu’il suit admirablement tout en les cadrant.
On n’aurait en soi pas grand chose à reprocher à Henry Shin, mais on s’ennuie ferme à son Mozart trop scrupuleux, et Verdi le voit se faire promener par l’orchestre, et peiner à suivre le chanteur, qu’il cadre de manière trop dirigiste.
Pour clore cette première partie de demi-finale, Tomohiro Seyama trouve un beau climat de déploration contemplative dans Mozart, une sobriété que conserve son Don Carlo fort de pics d’intensité qui n’entament en rien le sens d’avancée dans la lenteur. Mais on regrettera là encore une synchronisation perfectible.
Surtout, on s’étonnera du niveau extrêmement médiocre des solistes vocaux convoqués pour l’exercice, entre une soprano verte aux voyelles très vagues, un baryton leggerissimo en guise de Philippe II, et un Don Carlo au timbre possible mais à l’intonation proprement calamiteuse, que certains chefs s’escrimeront à rectifier l’index pointé vers le haut.
Complément :
Vidéo ARTE Live Web de l’intégralité de la 1/2 Finale Opéra
| | |