1/2 Finale Oratorio
Mercredi 18 septembre – Kursaal
Mendelssohn : Elias (première partie)
Chœur Contre Z’Ut
Orchestre national de Lorraine
Retour au Kursaal le soir pour l’épreuve d’oratorio, qui verra les candidats se succéder dans le même ordre que l’après-midi. Si l’épreuve d’opéra vise avant tout à évaluer comment les chefs gèrent les chanteurs solistes, la partie oratorio est prévue pour montrer les capacités de travail avec chœur. On regrettera donc en partie le choix de passages ne mettant guère les effectifs choraux en valeur, une majorité de pages étant dévolues au rôle-titre d’Elias, presque dans une épreuve d’opéra-bis.
Moins en déroute que l’après-midi, Kai-Hsi Fan laisse pourtant l’orchestre ronfler dans les médiums, et ne règle jamais les problèmes d’équilibre avec un Elias aux aigus étranglés et complètement absorbé par la masse orchestrale. Elle ne module guère les textures et se contente là encore d’un travail de bricolage, demandant seulement plus de texte au chœur.
D’une voix pas vraiment jolie, Szymon Makowski invoque le Dies irae et les visions d’enfer, mais file beaucoup de passages sans prendre le temps de régler la balance, très problématique avec des voix graves solistes un peu dépassées par les événements. Le jeune Polonais inspire toujours le même sentiment de crispation, avec cette main gauche tremblant en permanence, à la Valery Gergiev, et confirme une certaine perte de vitesse.
Pour avoir une vision moins dramatique de la partition, Huba Hollóköi offre plus de nuances et une pâte sonore qui respire davantage, avec des attaques moins nettes sur les Gib uns Antwort, Baal ! du chœur. Au moins s’attarde-t-il sur le sens du texte, et explique-t-il que Baal est un vrai dieu, et Elias un menteur. Son travail bénéficie d’une belle montée en puissance, notamment grâce à des demandes précises sur le texte du chœur doublé du crescendo en triolets des timbales. Mais le Hongrois ne fait lui aussi pas assez travailler l’arioso d’Elias après le passage choral.
Premier candidat à vraiment régler le trop plein de son dans les médiums et les graves, Kiril Stankow propose le travail le plus pertinent, sans doute très avantagé par le texte chanté dans sa langue natale. Il corrige au passage les voyelles approximatives du ténor et demande au chœur de chanter avec plus de longueur des consonnes voisées comme le double « m » de Himmel.
On note aussi beaucoup de ferveur dans son exécution, et un climat de Passion de Bach sans doute pas étranger au fait qu’il reste le seul à faire réellement travailler le chœur. Pour l’Allemand, cette demi-finale est bien celle de toutes les réussites.
Enfin, pour clore cette journée usante pour les nerfs des candidats, Yao-Yu Wu démontre que l’on peut presque tout régler par le geste et s’en tenir à parler un minimum. Sa capacité de montage dans le travail s’avère décuplée par une gestique toujours en modèle de suggestion.
Dans l’arioso d’Elias que tant de candidats ont laissé en pâture, il crée un climat rappelant la transition Sanctus-Benedictus de la Missa solemnis de Beethoven, éthéré, suspendu, et vaut aussi le moment de grâce de la soirée dans l’exécution du choral en quatuor de solistes, comme en lévitation, soprano et basse se fondant dans la nuance plus douce de ténor et alto en un seul geste du chef.
Et alors qu’on a le souvenir de délibérations parfois interminables, dépassant l’heure et quart, de mémoire de festivalier, jamais un jury n’avait tranché aussi vite dans les cinquante-deux éditions précédentes du concours. Moins de dix minutes après la fin des épreuves, alors que la majorité du public n’a pas encore quitté les lieux, la cloche bat le rappel pour annoncer en toute logique que Huba Hollóköi, Kiril Stankow et Yao-Yu Wu sont qualifiés pour la finale.
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