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DOSSIERS 20 avril 2024

Des offrandes musicales
© Pierre Bretagnolle

Les marchés du disque et du livre classiques sont, paraît-il, perpétuellement enrhumés. En guise de modeste contribution pour sauver un capitalisme qui lui est cher, altamusica propose de le soutenir en demandant à ses lecteurs d'offrir des CD et des livres à leurs amis. Et puisqu'il faut aider les ventes à gonfler, pourquoi ne pas offrir aussi des disques à ses ennemis ?
 

Le 20/12/2000

  • Les cadeaux d'Olivier BERNAGER
  • Les cadeaux de Stéphane HAIK
  • Les cadeaux de Mathias HEIZMANN
  • Les cadeaux de Antoine LIVIO
  • Les cadeaux de Françoise MALETTRA
  • Les cadeaux de Gérard MANNONI
  • Les cadeaux de Michel PAROUTY
  • Les cadeaux de Roger TELLART
  • Les cadeaux de Philippe VENTURINI



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  • L'art de la symphonie

  • Un monument de granit

  • Les cadeaux de Noël 2013 d'Altamusica

    [ Tous les dossiers ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • 4 disques à offrir à des amis

    "ENERGY", récital Elizabeth Chojnacka (clavecin)
    avec Ko Ishikawa (shô), Dimitri Yanov-Yanovsky (Chang), Stéphan Schmidt (guitare flamenca), Max Bonnay (bandonéon)
    1 CD Opus 111 -OPS 30-293


    Dans l'univers surexposé de la musique contemporaine, Elizabeth Chojnacka est indiscutablement une star. Armée d'une énergie et d'un esprit d'aventure à toute épreuve, elle multiplie depuis 30 ans les interventions plus que remarquées pour donner au clavecin ses vraies chances d'entrer dans le siècle, paré de nouveaux habits de lumière. Sans rien ignorer de la vague déferlante baroque, elle a très vite pris ses distances et choisi de faire de son instrument une des voix haute et forte de la création musicale d'aujourd'hui.

    Xenakis, Ohana, Ligeti, Mach, Donatoni, Bussotti, Nymann
    aucun compositeur vivant n'a échappé à son solide appétit. Sommée d'obtempérer, tous ont répondu et son clavecin, frotté, caressé, électrifié, percuté, ne cesse depuis, de se saouler de ces musiques qu'il n'espérait plus.

    Pour son dernier disque elle lui offre une fête sensuelle, envoûtante, rutilante, pleine d'échos d'histoires lointaines, en convoquant la guitare flamenca (Cabala del Caballo), le bandonéon (Tango-Fusion), des percussions africaines (Umbhiyozo), un shô japonais (Mirage), un chang venu d'Ouzbekistan (Music of Dreams), et la bande magnétique (Espressivo, Shingalana) qui visiblement l'inspire avec ses pulsions douces ou provocatrices, raffinées ou abruptes, sans jamais lui voler le premier grand rôle. Ne pas oublier qu'en 1970 elle sortait son premier disque : Clavecin 2000. Bel exemple d'intuition et d'entêtement farouche.

     
    Jean-Sébastien BACH
    Pièces pour orgue
    Francis Jacob, à l'Orgue Bernard Aubertin de Saessolsheim
    avec Caroline Magalhaes (mezzo-soprano) et Philippe Froeliger (ténor)
    1 CD Zig-Zag Territoires


    Francis Jacob est un jeune organiste alsacien (premier prix du concours international de Budapest 1997) qui s'est battu pendant 9 ans, en brave petit soldat, pour que son village natal de Saessolsheim dans le Bas-Rhin possède un orgue digne de ce nom. Aujourd'hui l'instrument existe, il est signé de Bernard Aubertin. On vient d'un peu partout en Europe pour le faire sonner, et il est d'une grande qualité.

    Pour toutes ces raisons, il semble évident que Francis Jacob a imaginé le programme de son disque comme si Bach lui-même explorait le nouvel instrument de préludes en fugues, de canons en chorales, transcrivant, captant l'air du temps, introduisant au passage les voix des chanteurs, combinant les styles français et italiens, élaborant des harmonies et des polyphonies savantes, se jouant de toutes les ressources de l'orgue. Et Francis Jacob qui le suit de près prend alors possession des claviers avec cette formidable liberté de l'interprète qui refuse la pesanteur et l'obscure introspection.

    Il y a une telle générosité, une telle vitalité dans l'art de donner certaines pièces qu'elle soient sacrées ou profanes, de jeunesse ou de maturité, qu'en cette fin d'anniversaire de la mort de Jean-Sébastien Bach, j'ai envie d'accorder à Francis Jacob le dernier mot.

     




    Pérégrinations Golberg
    Nancy Huston (voix et texte), Freddy Eichelberger(clavecin), Michel Godard(serpent)
    1 CD Naïve/Auvidis


    Ce disque est l'histoire d'une relation intime ininterrompue, sans cesse reprise, entre Nancy Huston et les Variations Golberg de Jean-Sébastien Bach, auxquelles elle consacrait, il y a vingt ans, son premier roman. Et c'est le même discours sur le souffle, haletant, explosé entre son double imaginé, la claveciniste Liliane Kulainn et les Goldberg qu'elle s'apprête à interpréter chez elle, devant quelques amis, obsédée par l'idée "d'atteindre à la perfection d'exécution dans une orgie de pureté et de rigueur".

    Et la soirée commence, qui va se dérouler dans un rituel hallucinant, où de variation en variation, l'auteur fait entrer dans le jeu et manipule les souvenirs, les confidences, les secrets inavouables des invités, de la musicienne et de joueur de serpent qui les rejoint.

    De temps en temps, des personnages furtifs apparaissent, vite éloignés, comme des ornements superflus, tandis que la partition progresse, et n'en finit pas de varier. Les pensées se nouent et se dénouent, se croisent et s'évanouissent, en français, en anglais, en québécois, au rythme implacable des Goldberg, semblables aux délires nocturnes du grand insomniaque pour lesquelles elles auraient été composées.

     
    Henri IV et Marie de Médicis – Messe de Mariage
    Doulce Mémoire. Direction Denis Raisin-Dadre.
    1 CD Astrée Naïve E8808


    Denis Raisin-Dadre a le goût de ces grandes heures musicales de l'histoire de France qui ont accompagné les noces, les sacres et les funérailles des princes. Avec son ensemble Doulce Mémoire, il excelle dans l'art de réinventer la munificence des pompes royales, leurs joyeuses entrées ou leurs déplorations, célébrées dans la langue de l'époque et dans sa scansion. Après les funérailles d'Henri IV de l6lO, signées d'un "Requiem" d'Eustache du Caurroy, Raisin-Dadre remonte le temps et nous fait assister aux noces du même Henri IV avec la florentine Marie de Médicis, future mère de Louis XIII.

    Et le réalisme est saisissant : d'heure en heure, de sinfonias en pavanes, de messes en épithalames, selon Du Caurroy, Claude Lejeune, ou Marco da Gagliano, c'est bien une véritable chronique de la double cérémonie de mariage. À Florence, d'abord (mariage par procuration, le grand duc de Toscane tient la place du monarque) : grandes orgues en la Cathédrale, divertissement dans les trompettes, des fifres et des tambours, jusqu'à Lyon où le Roi doit enfin s'unir à Marie pour la faire Reine de France, devant le bon peuple en liesse.

    Le disque emprunte aux deux folles journées, mêlant le profane au sacré. Mais les moments les plus voluptueux ne sont pas nécessairement là où on les attendait ( la Messe à deux choeurs de Gagliano en est un bel exemple) et les plus religieux n'ont rien à envier à des préoccupations ostensiblement concrètes pour la circonstance : ainsi le Te Deum de Claude Lejeune, où le choeur lance aux mariés cette injonction : "Donc, entr'aimez-vous, et foisonnez de bref en enfants."

     

    1 disque à offrir à un ennemi



    Récital Renée Fleming
    Airs d'opéra
    ÂŒuvres de Puccini, Cilea, Leoncavallo, Catalani, Bizet Verdi, Bellini
    London Philharmonic Orchestra dirigé par Sir Charles Mackerras
    1 CD Decca 467 049-2


    Parce que tu ne jures que par Johnny, Bruel, Pagny, Salvador et les autres, parce que tu m'infliges disco, techno, rap, rock, dans ta voiture, sur ton répondeur, jusque sur ton radio-réveil, parce que tu as osé à plusieurs reprises m'humilier devant tes amis en brocardant le merveilleux colorature de Natalie Dessay (si, tu as parlé d'un phénomène d'hystérie collective !), en parlant de "gesticulations névrotique " à propos de la direction de Svetlanov dans la sixième de Mahler (si, j'ai mes propres témoins !), ne serait-ce que pour ces deux seules excellentes raisons, je " me " donne une dernière chance d'en finir avec toi, en t'offrant Renée Fleming.

    Tu aimes trop les femmes pour résister à celle-ci, et tu ne pourras pas résister à un ange. Tu vas immédiatement fantasmer, désirer cette femme, sentir déjà son corps vibrer. Sa voix va te rendre fou, et peu à peu, le piège que je t'ai tendu va se refermer sur toi. La douceur de Butterfly va t'anéantir, la sensualité de Musette te consumer lentement, tu vas convoiter l'innocence de Manon, hurler aux loups à la mort de Norma, tenter d'arracher Juliette des bras de Roméo, tendre les tiens à Liu, parader devant Nedda, rêver de te ruiner pour Laurette. Tu t'épuiseras à vouloir les étreindre toutes, mais rien n'y fera : elles préféreront mourir d'amour pour un autre.

    Alors, tu voudras tout arrêter, mais tu ne pourras pas ? Pas encore. Renée Fleming s'acharnera à te mettre les nerfs à vif, les sens en panne, et le coeur en pièces. Tu ne supporteras pas. Fou de colère, tu décideras de me retourner le disque sans un mot, ou mieux, de l'offrir à ton pire ennemi, mais tu ne le feras pas. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'arrivé au bout de ton cauchemar, tu l'auras détruit, sauvagement.


     
    1 livre à offrir à un ami

    Les Cancans de l'Opera- Le Journal d'une habilleuse, 1836-1848
    par Jean-Louis Tamvaco
    Éditions du CNRS/l5OO pages/2OO documents en noir et blanc/2 volumes (68O FF jusqu'au 3l décembre 2OOO/au-delà : 78OFF)


    Parce que la mystérieuse habilleuse des "Cancans" s'était ingéniée, avec une habileté diabolique, à brouiller les pistes (en commençant par la vérité sur son identité), Jean-Louis Tamvaco a du mener une véritable enquête policière pour débusquer les manuscrits, dispersés dans diverses bibliothèques, et dont quelques rares spécialistes soupçonnaient l'existence. Mais la récompense était à la mesure de la persévérance : une somme incroyable de documents de toute nature, d'informations de première main, sur la scène ; la fosse et les coulisses d'une Salle Le Peletier, ancienne Académie Royale de Musique , Babylone insensée où allait flamber la Monarchie de Juillet.

    Et l'on apprend que "l'habilleuse" enfin démasquée l5O ans après par Jean-Louis Tamvaco n'est autre que le sieur Louis Gentil, contrôleur du matériel de l'Opéra de son état. Du haut des cintres jusqu'aux dessous du théâtre, l'homme a tout vu, tout noté, tout répertorié. Soir après soir, il a rédigé son journal de bord des spectacles et de l'éblouissant cortège des abonnés qui s'y pressent : artistes, intellectuels, aristocrates et politiciens, piégés par les lumières propices des loges et des alcôves accueillantes, dans les effluves romantiques des années l836-l848.


     
    Escorté de cocottes éphémères, de bourgeoises corsetées jusqu'au col, et de lions de tous poils, tout ce petit monde ivre de plaisirs qui venait faire allégeance à ses idoles, les Tzaglioni, les Falcon, les Nourrit, les Sontag, ignorait que Monsieur Gentil "qui avait souvent des éclairs d'esprit et de bon sens", et auquel rien n'échappait des moeurs de la "Grande Boutique", ne se privait pas de les épingler au passage en les immortalisant dans une galerie de tableaux bien brossés, où l'on assiste, par exemple à "Une audition de postulants à l'Opéra", aux "Politesses du Prince envers les nymphes", aux "Lamentations d'un chanteur moraliste", où l'on pénètre les mystères de "La loge nocturne" ou encore ceux de "La Bonne fortune d'un brésilien".

    Commenté, annoté, enrichi d'un appareil iconographique inédit, le journal de Monsieur Gentil devient, pour les historiens du spectacle et les chercheurs en science sociale, une mine d'or, d'où surgissent de joyeux fantômes, trop longtemps oubliés dans un injuste purgatoire. Pour l'amateur d'opéra éclairé, comme pour le simple curieux des choses de la musique, la délectation est totale.

    Il est à noter que certains de nos collaborateurs ont choisi les mêmes disques, altamusica a respecté leurs inclinations. Par ailleurs, puisqu'on n'offre pas nécessairement des livres ou disques de parution récente, certains ont carrément préféré des valeurs sûres.

     

    Françoise MALETTRA
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