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DOSSIERS 29 mars 2024

Les cadeaux de Noël 2012 d'Altamusica
© Galeries Lafayette

Vous vous torturez l'esprit pour offrir de la musique classique à vos amis ? Vous calez devant les rayons des magasins spécialisés ou la page d'accueil d'un site de commande ? Pas de panique, Altamusica vous propose ses sélections de CD, DVD/Blu-ray et livres parmi les parutions de l'année 2012.
Joyeux Noël à toutes et à tous !
Aujourd'hui, les sélections de Noël de Yannick MILLON

 

Le 18/12/2012
Propos recueillis par La rédaction
 
  • Les cadeaux 2012 de GĂ©rard MANNONI
  • Les cadeaux 2012 d'Olivier BRUNEL
  • Les cadeaux 2012 de Yannick MILLON



  • Les 3 derniers dossiers

  • L'art de la symphonie

  • Un monument de granit

  • Les cadeaux de NoĂ«l 2013 d'Altamusica

    [ Tous les dossiers ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • Amoureusement concoctĂ©



    André Tubeuf
    Dictionnaire amoureux de la musique
    Éditions Plon, 693 pages

    Un gros livre pour commencer. La prestigieuse collection des Dictionnaires amoureux s’est enrichie d’un titre avec celui de la Musique, amoureusement concoctĂ© par AndrĂ© Tubeuf. À juste titre cĂ©lĂšbre et prestigieuse, cette collection a pour rĂšgle le libre choix de ses entrĂ©es selon les goĂ»ts et conviction de l’auteur. Elle donne Ă  la fois un point vue singulier sur un sujet et par lĂ -mĂȘme en dit long sur celui qui choisit. AcadĂ©miciens, politiciens, ministres, stars des mĂ©dias, des fourneaux, du spectacle y voisinent.

    L’auteur est bien connu des passionnĂ©s de musique qui peuvent lire dans le Point et dans ce que la presse musicale compte ou a comptĂ© comme titres sĂ©rieux, ses articles, commentaires, comptes rendus et critiques de spectacles, rĂ©citals, concerts, festivals, depuis les annĂ©es 1970.

    Quelques ouvrages musicaux consacrĂ©s Ă  des interprĂštes (Claudio Arrau, Dinu Lipatti, Elisabeth Schwarzkopf), compositeurs (Richard Strauss, Verdi, Wagner, Mozart, Beethoven), genres (la voix, le Lied, les Ballets Russes) ainsi que deux romans ont Ă©tĂ© publiĂ©s durant ces trente derniĂšres annĂ©es, auxquels s’est ajoutĂ© rĂ©cemment l’Offrande musicale, dans la collection Bouquins, qui regroupe la plus grande partie de ses articles et chroniques.

    La musique y est certes traitĂ©e selon le principe du dictionnaire avec, d’AlbĂ©niz Ă  Zemlinsky, ses entrĂ©es bien alphabĂ©tiquement alignĂ©es. Mais que l’on n’aille pas y chercher des biographies fourmillant de dates et pointilleuses sur les numĂ©ros d’opus. Il s’agit plutĂŽt de donner des pistes au lecteur (et auditeur potentiel) de ces articles qui ne traitent pas que des musiciens mais aussi d’écrivains impliquĂ©s, d’interprĂštes qui ont marquĂ© la transmission de la musique, de dĂ©finitions souvent indĂ©finissables Ă  la maniĂšre habituelle des Histoires de la musique et autres traitĂ©s savants.

    De lui ouvrir l’oreille et le goĂ»t au moyen d’un vĂ©cu, d’un entendu dont l’expĂ©rience autodidacte remonte Ă  une soixantaine d’annĂ©es et d’une rĂ©flexion qui dĂ©passe, ou plutĂŽt ne passe pas par les moyens de la stricte analyse musicale. Et si comprendre, c’est entendre mieux, mission accomplie !



     
    Un tel artiste



    Alfred Cortot
    Anniversary Edition
    ƒuvres d’Albeniz, Bach, Beethoven, Brahms, Chausson, Chopin, Couperin, Debussy ; FaurĂ©, Franck, Haendel, Haydn, Liszt, Mendelssohn, Purcell, Ravel, Saint-SaĂ«ns, Schubert, Schumann, Scriabine, Weber
    Enregistrements 1919-1959
    Livret de 80 pages abondamment illustré
    40 CD EMI Classics 5099 704907 2 5

    La quasi intĂ©grale des enregistrements du pianiste français Alfred Cortot que publie EMI pour fĂȘter le cinquantenaire de sa mort est certes un beau cadeau, nĂ©anmoins Ă  ne pas offrir Ă  n’importe qui !

    Il faut ĂȘtre fanatique de piano et de l’histoire de l’interprĂ©tation et ĂȘtre prĂȘt Ă  entendre un certain nombre de fois, dans des prises Ă©talĂ©es sur quarante ans pour l’éditeur His Master’s Voice, des Ɠuvres phares de cet interprĂšte telles la DeuxiĂšme Sonate de Chopin, ses Quatre Ballades, ses PrĂ©ludes et Études, sa Tarentelle, le Children’s Corner et les PrĂ©ludes de Debussy, les Papillons de Schumann, l’étude La leggierezza de Liszt, le concerto de Schumann, les Variations symphoniques de Franck, bref son rĂ©pertoire de prĂ©dilection.

    Alfred Cortot (1877- 1962) a menĂ© une brillante carriĂšre de soliste et encore plus de pĂ©dagogue avant de se tourner vers la direction d’orchestre. Il a fondĂ© en 1919 Ă  Paris l’École normale de musique et n’a jamais cessĂ© d’enregistrer depuis l’époque des rouleaux et du 78 tours jusqu’à l’enregistrement acoustique. Quasiment tous les pianistes qui lui ont succĂ©dĂ© tombent d’accord sur le fait qu’il est pour eux le plus bel exemple. Seule ombre au tableau, son passĂ© politique pendant la triste pĂ©riode de l’Occupation


    De toutes les Ă©tapes de cet abondant coffret, si les prises du dĂ©but sont justes acceptables pour le son (les rouleaux ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s de la sĂ©lection), dĂšs 1926, cela devient bien meilleur et carrĂ©ment correct Ă  partir de 1930. Le travail de remastering effectuĂ© sur ce plan a Ă©tĂ© exemplaire, d’autant qu’il a Ă©tĂ© supervisĂ© par Guthrie Luke, ancien disciple de Cortot et tĂ©moin de nombreuses sĂ©ances d’enregistrements Ă  l’époque.

    De ces quarante CD, on connaissait dĂ©jĂ  un bon nombre d’enregistrements publiĂ©s surtout en microsillons (la collection les Introuvables nous avait rĂ©vĂ©lĂ© les Brandebourgeois de Bach et la musique de chambre avec Thibaud et Casals ainsi que Cortot accompagnateur de Maggie Teyte). De nombreux inĂ©dits viennent s’y ajouter, notamment des piĂšces de Schumann, des Chopin et surtout une myriade de petites piĂšces d’AlbĂ©niz, FaurĂ©, Mendelssohn et Franck.

    À la fin des annĂ©es 1950, un projet d’intĂ©grale de sonates de Beethoven n’avait pas abouti. Ici est restituĂ© tout ce qui avait Ă©tĂ© enregistrĂ© quitte Ă  complĂ©ter en cas d’inachĂšvement pour quelques sonates (les Adieux, Appassionata) par des extraits de leçons d’interprĂ©tation avec exemples au piano. Un discours en hommage Ă  son Ă©lĂšve Dinu Lipatti figure aussi au nombre des nouveautĂ©s.

    On peut se perdre dans ce monument parmi toutes les redites qui ne constituent en fait qu’une Ă©volution dans son art de l’interprĂ©tation. Choix personnel : les PrĂ©ludes de Debussy de 1930 et la Sonatine de Ravel de 1931 (CD 9), le formidable Carnaval et les Études symphoniques de Schumann de 1928 (CD 7), l’époustouflante TroisiĂšme Sonate de Chopin et ses PrĂ©ludes (CD 11), le Concerto brandebourgeois n° 5 de 1932 que Cortot dirige du piano et oĂč il se lance dans une Ă©bouriffante cadence (CD 36).

    Mais comment ne pas s’extasier devant le naturel, la sonoritĂ© magnifique, le phrasĂ© quasi improvisĂ©, l’instinct musical infaillible et la dimension intellectuelle et spirituelle d’un tel artiste ?



     
    La Voix des rĂȘves



    Philippe Jaroussky
    La Voix des rĂȘves
    2 CD Virgin Classics 50999 972894 2 5
    1 DVD Virgin Classics 50999 602665 9 0

    TitrĂ©s de maniĂšre un peu racoleuse la Voix des rĂȘves, le double CD et le DVD consacrĂ©s par Virgin Classics Ă  l’une des tĂȘtes de file de son catalogue, le contre-tĂ©nor français Philippe Jaroussky, sont des compilations de tous les moments exceptionnels (ils sont nombreux) de presque dix ans d’une carriĂšre exemplaire. Quelques inĂ©dits parsĂšment ce glorieux parcours.

    À trente-quatre ans, Jaroussky peut s’enorgueillir d’un beau dĂ©but de carriĂšre. Il ne le fait cependant pas, car c’est la personne la plus simple et lucide que l’on peut croiser dans le paysage musical parisien. À l’écoute de ce remarquable parcours, on ne peut qu’admirer la pertinence de ses choix autant dans le rĂ©pertoire que pour les partenaires dont il a su toujours bien s’entourer.

    La cheville musicale est l’Ensemble Artaserse qu’il a fondĂ© et dont il est le directeur musical. Les deux CD le montrent accompagnĂ© par bien d’autres ensembles et chefs : Emmanuelle HaĂŻm, Fabio Biondi, JĂ©rĂ©mie Rhorer, Jean TubĂ©ry, Christina Pluhar, Diego Fasolis, William Christie, et partenaires : Nurial Real, Max Emanuel Cencic, JĂ©rĂŽme Ducros qui presque tous rendent dans le livret un hommage appuyĂ© Ă  ses qualitĂ©s autant artistiques qu’humaines.

    Le copieux double CD Ă©voque absolument toutes les facettes du rĂ©pertoire abordĂ© par le contre-tĂ©nor, de celui des castrats (Porpora, Caldera, Bassani) de l’opĂ©ra (Vivaldi, Monteverdi, J.C. Bach, Haendel), l’oratorio et la musique religieuse (Monteverdi, Sances, Mattioli, FaurĂ©) et la mĂ©lodie (Purcell), ainsi que sa trĂšs particuliĂšre incursion dans la mĂ©lodie française (Hahn, Chaminade, Lekeu).

    Et une autre incursion remarquable dans le domaine du tango (Los pĂĄjaros perdidos d’Ástor Piazzolla avec L’Arpeggiata). Ces choix montrent un Ă©clectisme et un appĂ©tit de dĂ©couverte tout Ă  fait singuliers. Les inĂ©dits sont d’un intĂ©rĂȘt majeur, son Ă©diteur lui ayant donnĂ© l’opportunitĂ© d’enregistrer en studio ce qui lui semblait manquer Ă  ce palmarĂšs.

    Cela nous vaut un merveilleux Music for a While de Purcell et un Laudate Dominum des Selve morale e spiruituale de Monteverdi ainsi que de Haendel l’indispensable Ombra mai fu de Serse et le virtuosissime Venti turbini de Rinaldo.

    Avec le DVD, on pourra dĂ©couvrir au-delĂ  des qualitĂ©s proprement musicales et virtuoses d’une voix qui, quoique limitĂ©e dans son volume, est capable des plus infimes nuances et inflexions pour rendre aux textes leur vĂ©ritĂ© musicale, un sens du thĂ©Ăątre innĂ© et une prĂ©sence scĂ©nique captivante. Le rĂ©pertoire du DVD reflĂšte bien le goĂ»t pour l’opĂ©ra et surtout pour le concert que Jaroussky pratique le plus.

    Plusieurs grands moments dont les sĂ©quences avec le contralto Marie Nicole Lemieux scellent des rencontres artistiques exceptionnelles. La scĂšne Sento un certo non so che du Couronnement de PoppĂ©e qu’ils ont chantĂ©e ensemble Ă  Baden-Baden en 2012 est un exemple parfait de cette complicitĂ© artistique unique.

    On y retrouve, avec l’image cette fois, les moments forts des CD notamment les mĂ©lodies françaises avec JĂ©rĂŽme Ducros filmĂ©es Ă  Verbier en 2009, le tango de Piazzolla avec Christina Pluhar Ă  Ambronnay en 2008, un poignant Lascia ch’io pianga de Rinaldo avec le Quatuor ÉbĂšne au TCE en 2010 et des rencontres non moins inattendues : Son nata a lagrimar de Giulio Cesare avec Anne Sofie von Otter et un splendide Io t’abbraccio de Rodelinda avec Nuria Real de 2008.

    Ce trĂšs copieux parcours se termine avec des souvenirs de concerts plus Ă©clectiques comme l’hilarante interprĂ©tation Ă  cinq voix du tube Le lion est mort ce soir importĂ© en France par Henri Salvador, avec les membres du Quatuor ÉbĂšne qui compte en la personne de Vincent Coq un Ă©tonnant crooner, le PrĂ©lude pour deux violons et piano (Jaroussky a commencĂ© la musique par l’étude du violon) avec rien moins que Renaud Capuçon et JĂ©rĂŽme Ducros, et l’ÉlĂ©gie de Massenet accompagnĂ©e au violoncelle par Gautier Capuçon – tous filmĂ©s en 2010 au ThĂ©Ăątre des Champs-ÉlysĂ©es.



     
    Claviers inégalement tempérés



    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Le Clavier bien tempéré, livre II
    Enregistrement studio, 1973
    Sviatoslav Richter, piano
    2 CD Melodiya MEL CD 10 02030
    Le Clavier bien tempéré, livres I et II
    AndrĂĄs Schiff, piano
    Enregistrement : Lugano, 2011
    4 CD ECM New Series 2270-73 476 4827

    Relative déception ! Il y a un an Melodya publiait un Premier livre du Clavier bien tempéré de Bach par Sviatoslav Richter, un inédit absolu enregistré en public dans la Grande Salle du Conservatoire de Moscou le 20 avril 1969. Ce document apporte par rapport à son monumental mais parfois glaçant enregistrement de studio une vie, un entrain, une variété, une dynamique absolument stupéfiants.

    On vit l’évolution de la pensĂ©e musicale et intellectuelle de Bach dans ces douze prĂ©ludes et fugues Ă  des sommets presque jamais atteints. Quelles espĂ©rances entretenait-on en apprenant par un entrefilet dans une revue que le Livre II allait bientĂŽt ĂȘtre Ă©ditĂ© par Melodiya !

    Effectivement il l’est, dans une prĂ©sentation identique, mais PAS en public. En comparant et recoupant, on s’aperçoit qu’il s’agit du Livre II de la version enregistrĂ©e en studio entre 1972 et 1973 au ChĂąteau de Klessheim (Salzbourg), coproduite par RCA et le Chant du Monde, remastĂ©risĂ©e certes, mais identique.

    L’éditeur date de 1973 ce qui fut en fait enregistrĂ© en plusieurs sessions Ă©talĂ©es sur 1972 et 1973. Le son est infiniment plus prĂ©sent que dans l’édition RCA, et si l’on retrouve l’art pianistique incomparable de Richter, on ne peut que faire la diffĂ©rence avec le Premier livre qui avait subit une telle mĂ©tamorphose dans sa version live par rapport Ă  cette version de studio.



    Le pianiste d’origine hongroise AndrĂĄs Schiff est restĂ© fidĂšle, au disque comme au concert, au Bach de ses dĂ©buts comme en tĂ©moignent des enregistrements rĂ©Ă©ditĂ©s par Denon, l’éditeur de ses dĂ©buts avant Decca pour qui il avait enregistrĂ© en 1987 les deux livres du Clavier bien tempĂ©rĂ©.

    Vingt-cinq ans plus tard, c’est pour l’éditeur munichois ECM, Ă  qui il a dĂ©jĂ  donnĂ© les Six Partitas et les Variations Goldberg, qu’il les grave Ă  nouveau. PremiĂšre constatation, l’enregistrement du piano par ECM est bien meilleur, plus prĂ©sent et met bien mieux en relief que celui de Decca la particularitĂ© de la sonoritĂ© de Schiff, la rondeur du son, le moelleux et la prĂ©cision de ses attaques.

    Pour l’interprĂ©tation, c’est Ă  un bond spectaculaire que l’on assiste. Le Schiff de 1987 (on a pu l’entendre donner cette intĂ©grale en deux soirs Ă  Pleyel Ă  la mĂȘme Ă©poque) Ă©tait d’une frilositĂ© extrĂȘme par rapport au texte.

    Un quart de siĂšcle plus tard et avec beaucoup d’expĂ©riences de concerts consacrĂ©s Ă  Bach, si la fidĂ©litĂ© au texte est toujours son souci principal, il joue avec une libertĂ©, une recherche sonore, une connaissance du style de tout l’Ɠuvre si bien assimilĂ©, qui en font un parcours passionnant, colorĂ©, un vĂ©ritable voyage que l’on Ă©coute de bout en bout captivĂ©. C’est probablement le meilleur enregistrement pianistique paru cette annĂ©e.



     
    Bach un jour, Bach toujours



    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Variations Goldberg BWV 988
    Partita n° 2
    Suite anglaise n° 2
    Grigory Sokolov, piano
    Enregistrements publics, Grande Salle du Conservatoire de Leningrad
    2 CD Melodiya MEL CD 10 02049

    Toujours Bach, avec la parution la plus rĂ©cente de Melodiya, qui Ă©dite des Variations Goldberg par Grigory Sokolov enregistrĂ©es en public au Conservatoire de Leningrad le 27 fĂ©vrier 1982, complĂ©tĂ©es par la Partita n° 2 et la Suite anglaise n° 2 du mĂȘme lieu, respectivement en 1975 et 1989.

    Ce pianiste russe qui s’est imposĂ© progressivement au public parisien au point que ses concerts annuels au ThĂ©Ăątre des Champs-ÉlysĂ©es sont parmi les plus courus de la saison, est capable de soulever l’enthousiasme le plus exacerbĂ© comme de laisser indiffĂ©rent, parfois au cours du mĂȘme concert.

    Les Variations Goldberg sont jouĂ©es avec un grand parti pris de libertĂ© quasi romantique qui fait craindre au dĂ©but pour la structure de l’ensemble. Puis le rythme s’installe peu Ă  peu, mais il faut attendre les cinq derniĂšres pour retrouver le nerf de l’Ɠuvre. On prĂ©fĂ©rera d’autres interprĂ©tations plus Ă©quilibrĂ©es dont la discographie abonde.

    La Partita n° 2 et la Suite anglaise n° 2 en revanche sont pleines de fantaisie improvisatrice, d’une sonoritĂ© Ă©quilibrĂ©e et maintiennent l’intĂ©rĂȘt constamment Ă©veillĂ©. Du grand Sokolov !



     
    Deux belles valent mieux qu’une



    Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    La Belle au bois dormant
    The Royal Ballet
    DVD Opus Arte OA 0995 D
    Ballet du BolshoĂŻ de Moscou
    DVD Bel Air Classiques BACO78

    Deux versions de la Belle au bois dormant, ballet de Marius Petipa et TchaĂŻkovski, paraissent simultanĂ©ment sur DVD. L’un du Royal Ballet de Londres dont la chorĂ©graphie est trĂšs rĂ©interprĂ©tĂ©e, l’autre plus orthodoxe par le Ballet du ThĂ©Ăątre BolshoĂŻ de Moscou avec la star du moment Svetlana Zakharova.

    Trop de fĂ©es se sont penchĂ©es sur la chorĂ©graphie de la version londonienne qui date de 2006 Ă  l’occasion du soixante-quinziĂšme anniversaire de la compagnie. Au dĂ©part adaptĂ©e par Monica Masson et Christophe Newton d’aprĂšs la version de Ninette de Valois et Nicholas Sergeyev dans laquelle Margot Fonteyn s’était illustrĂ©e, elle s’est vue complĂ©tĂ©e par des chorĂ©graphies additionnelles de Frederick Ashton, Anthony Dowell et Christopher Wheeldon (responsable d’une nouvelle Valse des guirlandes) soit les chorĂ©graphes de la gĂ©nĂ©ration suivante.

    Le spectacle roule sans problĂšme avec de nombreuses variantes avec la structure de base de Petipa pour les grands numĂ©ros du ballet. Gros reproche, au contraire de la version Noureev Ă  Paris, le Prince a vraiment peu Ă  danser en dehors de ses pas de deux. Pour le Prologue et l’acte I, Oliver Messel dont on a refait les costumes originaux, s’en est donnĂ© Ă  cƓur joie pour les couleurs bonbon anglais notamment pour les costumes des fĂ©es marraines. Les dĂ©cors sont assez jolis car ils Ă©voquent plus qu’ils n’imposent l’univers du conte d’aprĂšs Grimm et Perrault.

    FilmĂ©e Ă  l’occasion des prises de rĂŽles de la Roumaine Alina Cojocaru (technique solide et physique enfantin parfaitement appropriĂ©) et Federico Bonelli, deux Étoiles trĂšs calibrĂ©es dansant parfaitement leurs parts mais sans grand Ă©clat ni charisme particulier, la distribution est impeccable et rĂ©serve mĂȘme de bonnes surprise comme le couple Florine-Oiseau bleu de Sarah Lamb et JosĂ© Martin.

    Les deux Ă©pisodes de la FĂ©e Carabosse (dansĂ© par Genesia Rosato avec beaucoup de rĂ©alisme) bĂ©nĂ©ficient d’une mise en scĂšne trĂšs thĂ©Ăątrale et Ă  effets. L’orchestre du Royal Opera dirigĂ© par Valeriy Ovsyanikov a beaucoup de charme. Une version qui pourrait ĂȘtre trĂšs satisfaisante si on ne lui comparait pas celle filmĂ©e en 2011 au ThĂ©Ăątre Bolshoi de Moscou de la nouvelle rĂ©alisation chorĂ©graphique de Yuri Grigorovich d’aprĂšs Marius Petipa dans des dĂ©cors d’Ezio Frigerio.



    Moscou, 2011, on est avec cette nouvelle chorĂ©graphie dans une Belle au Bois dormant beaucoup plus acadĂ©mique. C’est cette production qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e rĂ©cemment en direct dans les cinĂ©mas. Les dĂ©cors de Frigerio qui Ă©voquent Versailles sont somptueux mais parfois un peu trop solennels et les Ă©clairages de Vincio Cheli manquent de nuances.

    Svetlana Zakharova, la ballerine romantique la plus demandĂ©e actuellement, est absolument irrĂ©prochable techniquement avec ce rien de froideur dont elle ne se dĂ©pare jamais. David Hallberg, premier AmĂ©ricain Ă  ĂȘtre engagĂ© comme danseur principal au BolchoĂŻ, un Prince DĂ©sirĂ© impeccable lui aussi et aux sauts impressionnants, mais trĂšs nuancĂ© dans son expression.

    La FĂ©e des Lilas de Maria Allash est au-delĂ  de la virtuositĂ© une bonne comĂ©dienne et Carabosse, ici jouĂ©e par un homme, Alexey Ovcharenko, en fait juste un peu trop ! On se prend parfois Ă  regretter le fondu de la version londonienne qui en fait un vĂ©ritable show. Ici on est d’avantage dans le grand ballet Ă  numĂ©ros mais de trĂšs haute volĂ©e. L’Orchestre du ThĂ©Ăątre BolchoĂŻ dirigĂ© par Vassily Sinaisky n’a rien Ă  envier Ă  celui de Covent Garden et a plus de musique Ă  jouer, les coupures Ă©tant moins nombreuses. Choix difficile certes mais passionnant !



     
    Du grand Petit



    La Dame de Pique
    Passacaille
    chorégraphies : Roland Petit
    DVD Bel Air Classiques BACO 12
    La Chauve-souris
    chorégraphie : Roland Petit
    DVD Arthaus Musik 107 265

    Roland Petit nous a quittĂ©s il y a un peu plus d’un an et les tĂ©moignages de son art que le DVD rĂ©Ă©dite sont prĂ©cieux. RĂ©alisĂ©s pour le BolchoĂŻ de Moscou, la Dame de Pique et Passacaille sont deux chefs-d’Ɠuvre aux antipodes. La trĂšs divertissante Chauve-souris rĂ©alisĂ©e pour le Ballet de La Scala devrait nous revenir Ă  Paris via le Ballet de l’OpĂ©ra de Vienne l’an prochain. Trois exemples du talent Ă  facette de ce grand chorĂ©graphe français.

    La Dame de Pique rĂ©alisĂ©e pour le Ballet du ThĂ©Ăątre BolshoĂŻ de Moscou en 2005 est une deuxiĂšme mouture, la premiĂšre ayant Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour Baryschnikov qui n’était pas d’accord avec le chorĂ©graphe pour l’adaptation de la nouvelle de Pouchkine. Petit a utilisĂ© comme support musical la Symphonie PathĂ©tique de TchaĂŻkovski, idĂ©e royale pour le dĂ©coupage de l’action.

    La chorĂ©graphie est criante de dramatisme et servie par deux interprĂštes historiques du ballet moscovite : NikolaĂŻ TsiskaridzĂ© et Ilze Liepa. Les dĂ©cors de Jean Michel Wilmotte sont superbes et efficaces. Le programme est complĂ©tĂ© avec une chorĂ©graphie abstraite sur la Passacaille de Webern admirablement dansĂ©e par douze solistes du BolchoĂŻ. Un copieux bonus permet d’entendre Roland Petit parler de son travail et aux deux interprĂštes de Dame de Pique de s’exprimer.



    Roland Petit n’était jamais aussi bon que quand il racontait des histoires. Sa Chauve-souris crĂ©Ă©e Ă  Monte Carlo en 1979 avec le Ballet de Marseille a subi quelques avatars avant d’ĂȘtre enregistrĂ©e en 2003 par le Ballet de la Scala de Milan au Teatro degli Arcimboldi sous le nom d’Il Pipistrello. Petit replaçait l’action dans le contexte français fin XIXe de la piĂšce le RĂ©veillon de Meilhac et HalĂ©vy qui avait inspirĂ©e l’opĂ©rette de Johann Strauss.

    InterprĂ©tation superlative avec les deux Étoiles maison Alessandra Ferri et Massimo Murru mais aussi par l’extraordinaire Luigi Bonino en Ulrich qui Ă©tait de la crĂ©ation. LĂ  encore Jean Michel Wilmotte fait mouche avec ses dĂ©cors ingĂ©nieux et poĂ©tiques et la chorĂ©graphie de Roland Petit fourmille Ă  chaque minute d’idĂ©es nouvelles et astucieuses.

    Deux tĂ©moignages indispensables de l’art de ce grand chorĂ©graphe. Signalons que sont aussi disponibles sur le support DVD ses ballets Proust, ou les intermittences du cƓur (BelAir), Notre-Dame de Paris (TDK), Le Jeune homme et la mort et Carmen (TDK), Clavigo (Arthaus), tous par le Ballet de l’OpĂ©ra de Paris.



     

    Olivier BRUNEL
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