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DOSSIERS 25 avril 2024

Les cadeaux de Noël 2004 d'Altamusica
© Pierre Bretagnolle

A l'approche de fêtes de fin d'année accourant au grand galop, Altamusica a voulu donner un petit coup de pouce à ceux qui ne savent pas trop quoi offrir à leurs amis mélomanes au milieu de la pléthore des références disponibles sur le marché français. Voici donc une avalanche de CD et DVD qui nécessiteront quelques deniers. A tous nos internautes-lecteurs, un très Joyeux Noël !
 

Le 17/12/2004
Propos recueillis par Yannick MILLON
 
  • La sélection cadeaux de Gérard Mannoni
  • La sélection cadeaux de Mehdi Mahdavi
  • La sélection cadeaux de Thomas Coubronne
  • La sélection cadeaux de Yutha Tep
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • Gardiner à la noce



    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Les Noces de Figaro
    Rodney Gilfry (Le Comte Almaviva)
    Hillevi Martinpelto (La Comtesse Almaviva)
    Bryn Terfel (Figaro)
    Alison Hagley (Susanna)
    Pamela Helen Stephen (Chérubin)
    The Monteverdi Choir
    The English Baroque Soloists
    direction : John Eliot Gardiner
    mise en scène : Olivier Mille
    Enregistrement : 1990

    DVD Archiv Produktion DVDV 073 018-9

    Loin des mises en scène iconoclastes des opéras de Mozart, la production des Noces de Figaro par Olivier Mille joue la fidélité à l'époque et le costume historique. Cela n'est plus à la mode, peut-être avec quelque raison. Mais ces Noces de Gardiner au Châtelet sont une grande réussite. La mise en scène est tout à fait efficace, enlevée, belle à regarder, sans jamais prêter à sourire. L'orchestre pétille d'une vie admirable, fourmille de détails, sonne avec élégance. Les chanteurs sont tous excellents, Bryn Terfel bien sûr, mais aussi l'exquise Hillevi Martinpelto en Comtesse, bonne marraine frivole et sentimentale, et la pétulante Alison Hagley en Susanna. Le Comte colérique et bellâtre de Rodney Gilfry fait mouche, notamment dans le deuxième acte, et l'ensemble brille par une énergie souveraine, un bel esprit et beaucoup de plaisir manifeste à chanter. Cette générosité, alliée à la direction passionnante de Gardiner, et au charisme des chanteurs, donnent comme de l'intérieur une grande actualité à l'opéra de Mozart, sans relecture ou interprétation en regard de notre temps, mais par la seule universalité des caractères et de la musique. Un très beau DVD de fête et de beauté, une bouffée d'enthousiasme et de finesse. Au fond, le succès, ce n'est peut-être qu'une question de goût !



     
    Atys est trop heureux



    Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
    Atys
    Guy de Mey (Atys)
    Guillemette Laurens (Cybèle)
    Agnès Mellon (Sangaride)
    Jean-François Gardeil (Célénus)
    Choeur et Orchestre "Les Arts Florissants"
    direction : William Christie
    Enregistrement : 1987

    3 CD Harmonia Mundi HCM 901257.59

    L'oeuvre fut en son temps appelée « l'opéra du roi Â», avant de sombrer dans l'oubli jusqu'à sa résurrection en 1987 pour le tricentenaire de la mort de Lully. C'étaient William Christie, Jean-Marie Villégier, Francine Lancelot, et les Guillemette Laurens, Agnès Mellon, Howard Crook. L'enregistrement conserverait Guy de Mey, plus discutable Atys, et ne rendrait ni la scénographie somptueuse, ni la danse éblouissante, ni une admirable direction d'acteurs ; mais il reste l'engagement d'une équipe tout sauf blasée, un travail d'orfèvre, de l'imagination, un ton admirablement juste. Loin des afféteries ou de la froideur esthétisante qui sont aujourd'hui trop souvent le lot des baroqueux, le CD restitue intact le souffle d'une production d'opéra parmi les plus abouties de notre temps. L'esprit d'une époque où l'on s'émerveillait encore de découvrir une musique inouïe depuis des siècles, un spectacle total et cathartique, transcendé par une équipe idéale et enthousiaste. Un bijou, des pages parmi les plus belles de Lully, et une conviction bouleversante.




     
    Le poison de l'amour



    Richard Strauss (1864-1949)
    Salomé
    Catherine Malfitano (Salomé)
    Bryn Terfel (Iokanaan)
    Anja Silja (Hérodiade)
    Kenneth Riegel (Hérode)
    Robert Gambill (Narraboth)
    Orchestre Royal de Covent Garden
    direction : Christoph von Dohnanyi
    mise en scène : Luc Bondy
    Enregistrement : 1992

    DVD Decca 074 105-9

    Catharsis et engagement toujours, avec cette production vénéneuse de Salomé. Catherine Malfitano y crève l'écran, à défaut d'être vocalement toujours à l'aise avec le rôle écrasant de cette petite fille perverse qui découvre l'amour dans le sang. Décors obscurs et étouffants, éclairages sublimes – on pense parfois à Nosferatu – et direction d'acteurs captivante font de ce spectacle de Luc Bondy une évidence dramatique qui comblera les amateurs de théâtre. L'orchestre un peu sage de Dohnanyi est propre et fouillé, Kenneth Riegel histrionne comme jamais, sa royale épouse Anja Silja hurle avec la même hystérie que lui, et Iokanaan est campé par un Bryn Terfel d'airain. La noirceur de la scénographie, et l'atmosphère pesante instillée par le visage hagard de Malfitano aux prises avec son destin sanglant deviennent vite difficilement supportables, et l'on se demande comment les spectateurs ont pu applaudir sans être cloués sur leur fauteuil une bonne dizaine de minutes après le tomber de rideau.



     
    La ferveur de la Passion



    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Passion selon St Matthieu
    Christoph Prégardien (l'Evangéliste)
    Max van Egmond (Jésus)
    René Jacobs (alto)
    David Cordier (alto)
    Markus Schäfer (ténor)
    John Elwes (ténor)
    Klaus Mertens (basse)
    Peter Lika (basse)
    La Petite Bande
    direction : Gustav Leonhardt
    Enregistrement : 1990
    + Passion selon St Jean (Kuijken)

    5 CD Deutsche Harmonia Mundi DHM 74321 709 802

    Parmi les oeuvres sacrées du Cantor de Leipzig, la Matthäuspassion tient un rôle à part ; plus monumentale que la Johannespassion, moins intime, plus difficile à monter aussi, entre autres à cause des effectifs à double choeur. Mais si l'on veut mesurer le pouvoir expressif de l'oeuvre, il faut écouter avant tout autre l'enregistrement de Leonhardt. Chacun y excelle, à commencer par les Tölzer, souvent meilleurs ici que dans l'intégrale des cantates avec Harnoncourt, avec des solistes à la hauteur de cette partition difficile ; puis l'inoubliable évangéliste de Prégardien, et Van Egmond rayonnant de bonté, Jacobs au sommet de son art mélismatique et rhétorique, sans oublier, pour ne citer qu'eux, Klaus Mertens et David Cordier. Ce Bach n'est pas celui, plus plastique et cursif, d'un Herreweghe ou d'un Suzuki ; mais quelle ferveur habitée, quelle sincérité, quelle foi tout simplement dans le moindre choral, dans le sublime O Mensch, bewein, dans l'air de basse avec la gambe de Kuijken Komm, süßes Kreuz. Le récitatif précis et inspiré de Prégardien, le continuo sobre, les choeurs de turba lapidaires nous plongent dans un drame humain déchirant d'où émerge la paix confiante d'une lecture impliquée et jamais machinale. Il faut absolument sauter sur le coffret rassemblant à prix économique cette St Matthieu et la très belle St Jean de Kuijken avec la même équipe.



     
    L'humanité d'un grand chef



    Abbado à Lucerne
    Claude Debussy (1862-1918)
    Le Martyre de St Sébastien (suite)
    La Mer
    Orchestre du Festival de Lucerne
    direction : Claudio Abbado
    Enregistrement : 2003
    + Documentaire sur l'histoire du Festival de Lucerne

    DVD Euro Arts 2053469

    Humanité toujours, dans la très belle prestation de l'Orchestre du Festival de Lucerne sous la baguette de Claudio Abbado. À 71 ans, le maestro paraît ressuscité depuis son départ de Berlin, et le travail mené avec cette nouvelle formation mixte, qui rassemble solistes chevronnés et jeunes instrumentistes prometteurs, est une réussite exemplaire. L'expérience et l'assurance de musiciens tels que les membres du Quatuor Hagen, Sabine Meyer ou encore Emmanuel Pahud, alliées à l'enthousiasme et la fraîcheur de jeunes musiciens, compose l'une des phalanges les plus admirables de notre temps, et l'on ne s'étonne pas que l'aristocrate de la baguette qu'est Abbado, patient, pédagogue, amène, toujours dans l'élégance et l'équilibre, soit l'artisan d'une alchimie aussi subtile. Les couleurs sont magnifiques, la mise en place toujours précise, le discours cursif et léger. On se croirait à Berlin, avec une tonalité plus lumineuse, mais une pâte sonore aussi fine. L'orchestre est ainsi dans son élément avec la musique ensorcelante du Martyre de St Sébastien, soutenu par un choeur à la très belle plastique et des solistes de belle qualité. La Mer est l'occasion d'entendre les textures si élaborées du chef italien – le travail d'orfèvre de Jeux de vagues – et de sentir le plaisir palpable que prennent et les musiciens et le chef à jouer ensemble cette superbe partition. Une leçon d'humilité et de musique. Le DVD adjoint un excellent documentaire sur l'histoire du festival de Lucerne.




     
    Dites-le avec des fleurs !



    Richard Strauss (1864-1949)
    Le Chevalier à la rose
    Elisabeth Schwarzkopf (la Maréchale)
    Christa Ludwig (Octavian)
    Teresa Stich-Randall (Sophie)
    Otto Edelmann (le Baron Ochs)
    Eberhard Wächter (Faninal)
    Nicolaï Gedda (un chanteur italien)
    Choeurs et Orchestre Philharmonia
    direction : Herbert von Karajan
    Enregistrement : 1954

    3 CD EMI classics Great Recordings of the Century 7243 5 67605 2 3

    Un bouquet de roses fait toujours plaisir. Que dire alors d'une rose d'argent au parfum suave ? Surtout lorsque c'est Christa Ludwig qui l'offre à Teresa Stich-Randall, sous le regard bienveillant d'Elisabeth Schwarzkopf et la baguette opulente de Karajan. Il y a dans ce Rosenkavalier la Maréchale indispensable de Schwarzkopf, peut-être sophistiquée, cabotine, mais d'une classe évidente, d'une émotivité à fleur de peau, d'une technique et d'un style mozartiens. Et l'Octavian incandescent de Ludwig, qui chantait naguère avec le même bonheur Dorabella aux côtés de la Fiordiligi de Schwarzkopf, avec deux timbres aussi fusionnels. Edelmann est quant à lui parfait en Baron Ochs, les rôles secondaires sont très bien tenus et le Philharmonia enveloppe le plateau d'un écrin de fête. Une merveille de sensualité dans la Vienne de Marie-Thérèse.




     
    Un Ring pour l'éternité



    Richard Wagner (1813-1883)
    L'Anneau du Nibelung
    Donald McIntyre (Wotan)
    Heinz Zednik (Loge)
    Hermann Becht (Alberich)
    Hanna Schwarz (Fricka)
    Peter Hofmann (Siegmund)
    Jeannine Altmeyer (Sieglinde)
    Gwyneth Jones (Brünnhilde)
    Manfred Jung (Siegfried)
    Choeurs et Orchestre du Festival de Bayreuth
    direction : Pierre Boulez
    mise en scène : Patrice Chéreau
    Enregistrement : 1980

    7 DVD Philips 070 407-9

    Peu de productions d'opéra ont fait couler autant d'encre que le Ring du centenaire à Bayreuth, d'abord objet d'un des plus gros scandales du vénérable festival, avant d'être unanimement acclamé par la critique et le public. Aujourd'hui, sa présence au catalogue DVD – encore que dans un report visuel manifestement bâclé – impose l'admiration par le génie et la justesse de la mise en scène, la vitalité de la direction d'orchestre, et l'engagement des chanteurs. Moderne mais jamais provocatrice, la conception de Chéreau fait la part belle à l'humain dans le chef-d'oeuvre de Wagner, et tout l'appareil des dieux et de la magie est évacué au profit d'une symbolique plus immédiate. Dragon inoffensif, oiseau de la forêt en cage, épée enveloppée dans du papier journal, autant de détails qui firent scandale en leur temps. C'était oublier le travail d'acteurs absolument unique, la gestion dramatique de l'espace, et la cohérence d'une scénographie sans faille. Dans la fosse, affrontant les réticences d'un orchestre habitué à un autre Wagner, Boulez allégeait, disséquait, avec le sens de l'avancée qu'on lui connaît. Bien sûr, Donald McIntyre n'est pas Hotter, ni encore moins Manfred Jung Windgassen. Les troupes vocales de Bayreuth ne sont que l'ombre de la génération précédente. Mais il faut avoir vu Gwyneth Jones pour savoir quelle femme blessée est Brünnhilde, il faut connaître les délires du Mime de Zednik, pleurer sur les souffrances de la vibrante Sieglinde d'Altmeyer, pour mesurer quelle fresque humaine a bâtie Wagner avec sa tétralogie. Jamais les enjeux humains ne furent plus évidents, les personnages plus incarnés. Jones peut-être plus que quiconque, convainc par une présence théâtrale incendiaire. Elle traverse cette Tétralogie tel un météore, guerrière farouche, vierge noble, femme tout amour, albatros blessé et captif, rédemptrice généreuse. Pas une seconde, le spectateur ne se souvient qu'il est dans son fauteuil, tant l'urgence des situations et des conflits est rendue avec pertinence. À connaître absolument !




     
    Mahler sans effets



    Gustav Mahler (1860-1911)
    Le Chant de la terre
    Dame Janet Baker (alto)
    Waldemar Kmentt (ténor)
    Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise
    direction : Rafael Kubelik
    Enregistrement : 1970

    CD Audite aud 95.491

    Le Chant de la terre
    Violeta Urmana (alto)
    Michael Schade (ténor)
    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Pierre Boulez
    Enregistrement : 2001

    CD Deutsche Grammophon 469 526-2

    Les détracteurs de Mahler dénigrent généralement sa musique trop sensible, trop autobiographique aussi, une sorte d'exhibitionnisme qui dérange. Qu'ils écoutent alors Dame Janet Baker dans l'Abschied capté ici en concert ! La pureté mozartienne du chant, le style impeccable, sans une once de sentimentalité, une émission très ronde font de cette gravure une merveille absolue. La concentration et la pudeur de la mezzo britannique suffiraient à faire de ce disque une version de référence, mais il y a aussi ce timbre chaud et mélancolique, cette diction limpide et jamais affectée, et un orchestre au mieux de ses possibilités. Kubelik dirige avec vie et couleurs l'Orchestre de la Radio bavaroise, et Waldemar Kmentt fait preuve lui aussi d'une grande classe. L'éloquence vient de la musique seule, et des poèmes d'inspiration si schubertienne – on pense au Winterreise – où la beauté du monde réconforte faussement les coeurs exilés. L'alternative pourrait être la version de Pierre Boulez aux commandes d'un Philharmonique de Vienne éblouissant. Ici, c'est de l'orchestre et de la direction que vient le miracle de la sobriété. La lecture est des plus transparentes, des plus lisibles, et c'est merveille que d'entendre les mille et un détails polyphoniques de la partition. Les sonorités des Viennois sont incomparables – la flûte – et l'oeuvre acquiert une expressivité inouïe, dépourvue d'effets et de pathos. Michael Schade et Violeta Urmana sont excellents et s'intègrent parfaitement dans une interprétation très juste du chef-d'oeuvre de Mahler.



     
    Une peur blanche



    Francis Poulenc (1899-1963)
    Dialogues des Carmélites
    Anne-Sophie Schmidt (Blanche de La Force)
    Valérie Millot (Madame Lidoine)
    Nadine Denize (Madame de Croissy)
    Patricia Petibon (Soeur Constance)
    Hedwig Fassbender (Mère Marie)
    Didier Henry (Le Marquis de La Force)
    Laurence Dale (Le Chevalier de La Force)
    Orchestre Philharmonique de Strasbourg
    direction : Jan Latham-Koenig
    mise en scène : Marthe Keller
    Enregistrement : 1999

    DVD Arthaus 100 004

    Dans la production de Francis Poulenc, Dialogues des carmélites est une oeuvre à part, de par la noirceur du ton et l'élaboration musicale. Le compositeur de l'Histoire de Babar y cristallise mainte obsession de sa musique religieuse, et y déploie un art magistral du climat et de l'introspection. Par-delà la célèbre scène de la guillotine, il y a la vie monastique, la contemplation, la grâce, le sens de la mort, et au milieu de tout ce chaos, le petit être fragile et craintif qu'est Blanche de la Force. La production de l'Opéra du Rhin ne sacrifie aucun aspect de cette oeuvre complexe, s'attachant bien sûr au thème central de la peur, mais créant aussi par la mobilité de son dispositif scénique et l'enchaînement de tableaux visuellement très homogènes un effet très fin de permanence. On perd la notion du temps et l'on croirait vivre depuis toujours au Carmel. La distribution est très convaincante, à commencer par Anne-Sophie Schmidt, qui, au prix de quelques duretés de timbre, campe une Blanche à fleur de peau très touchante. La grande Nadine Denize excelle dans le rôle d'une première Prieure rayonnante de bonté et de compassion, à l'émission sûre, et d'une grande précision musicale, en dépit d'un léger zézaiement. Sans être une voix tout à fait magnifique, Valérie Millot resplendit elle aussi de tendresse pour ses filles et son français limpide est un bonheur pour le spectateur. Et même si l'on peut oublier vite le Chevalier bien laid de timbre de Laurence Dale, l'ensemble des rôles secondaires est très bien tenu, à commencer par le Marquis de Didier Henry et surtout la très inspirée Constance de Patricia Petibon. L'Orchestre Philharmonique de Strasbourg est dirigé avec une tension suffocante, entrecoupée de magnifiques moments d'apaisement, par l'excellent Jan Latham-Koenig. La scénographie dépouillée et habitée est un écrin à la direction d'acteurs impressionnante de Marthe Keller, qui livre ici une vision magistrale d'un pur chef-d'oeuvre.



     
    L'esprit français



    Claude Debussy (1862-1918)
    Pelléas et Mélisande
    Suzanne Danco (Mélisande)
    Pierre Mollet (Pelléas)
    Heinz Rehfuss (Golaud)
    Hélène Bouvier (Geneviève)
    André Vessières (Arkel)
    Orchestre de la Suisse romande
    direction : Ernest Ansermet
    Enregistrement : 1952

    2 CD Decca Rouge et Noir 460 155-2

    À l'heure des distributions internationales et du surtitrage envahissant, on oublierait presque qu'il fut un temps où l'on pouvait aller à l'Opéra de Paris sans connaître le livret en espérant comprendre ce qu'il se passe sur scène. On peut se demander d'ailleurs à quoi a servi le travail des baroqueux sur le texte et la rhétorique, quand on constate que jamais on n'a chanté de manière moins intelligible qu'aujourd'hui, particulièrement la langue de Voltaire. C'est pourquoi il faut entendre Hélène Bouvier lire la lettre de Geneviève, André Vessières déclamer la sagesse aveugle du vieil Arkel ; écouter surtout Pierre Mollet et Suzanne Danco, pour la diction, pour le style limpide, pour l'émission pure, et pour une incarnation poétique idéale. Même l'improbable Golaud de Heinz Rehfuss donne une leçon de français, et de style. L'orchestre d'Ansermet nous plonge dans un monde de lumière et d'obscurité, coloré et mouvant. Un Pelléas passionnant, enregistré pour le cinquantenaire de la création, et restitué dans une prise de son claire et confortable. De quoi se rappeler qu'il exista une belle et élégante tradition de chant français, aux antipodes de l'actuelle mode des voix grossies aux voyelles indistinctes !




     

    Thomas COUBRONNE
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