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DOSSIERS 04 mai 2024

Aspects du Ring
© Adolfo Arranz

Alors que Paris monte pour la première fois depuis dix ans un nouveau Ring, Altamusica vous propose d'explorer le monument wagnérien à travers trois aspects : Gérard Mannoni revient sur un demi-siècle de mises en scène à Bayreuth et en France ; Yutha Tep interroge Christoph Eschenbach, chef de ce nouveau Ring ; et Yannick Millon vous propose quelques pistes discographiques.
 

Le 18/10/2005
Propos recueillis par GĂ©rard MANNONI, Yutha TEP et Yannick MILLON
 
  • Mettre en scène le Ring (1)
  • Mettre en scène le Ring (2)
  • Christoph Eschenbach, Ă  l'assaut du Ring
  • Discographie : Trois piliers...
  • Discographie : Pour approfondir...



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  • Quand on parle de Wagner, on pense immĂ©diatement aux grands chanteurs qui l'ont dĂ©fendu


    Concernant Wagner, on pense avant tout à ses opéras, donc aux chanteurs, mais il est également passionnant au strict point de vue symphonique – il ne s'agit pas simplement d'accompagner des chanteurs. La partie orchestrale porte littéralement toute l'histoire, surtout dans le Ring, qui fourmille de leitmotive.

     

    Vous avez cependant accordé une grande attention à la distribution de cette nouvelle Tétralogie du Châtelet.

    Nous avons fait des auditions pour presque tous les rĂ´les, et nous avons rĂ©uni une distribution intĂ©ressante, avec beaucoup de jeunes chanteurs. Il y a en particulier un certain nombre de chanteurs français. Selon moi, il n'est pas dĂ©cisif d'avoir des chanteurs rĂ©putĂ©s « wagnĂ©riens Â» pour tous les rĂ´les. La partition est tellement sensible et transparente qu'on peut faire appel Ă  des artistes qui se contentent de chanter, sans hurler. De toute façon, un chef adapte la distribution Ă  sa vision. Mon goĂ»t me porte Ă  laisser Wagner vibrer de l'intĂ©rieur, et non Ă  le battre Ă  mort. Aucune distribution n'est facile, pas plus chez Berlioz que chez Wagner. Si vous prenez les Troyens, il s'agit d'un opĂ©ra aussi difficile Ă  distribuer que le Ring, tant l'oeuvre est complexe ; il y a en outre un gros travail sur le choeur qu'on ne trouve pas ou presque dans la TĂ©tralogie. On ne peut pas dire qu'il est plus facile de distribuer l'un que l'autre, ce sont deux mondes aussi immenses l'un que l'autre.

     

    Vous avez une grande confiance en l'Orchestre de Paris, dont on dit souvent qu'il a les couleurs les plus allemandes des formations françaises.

    Absolument. D'ailleurs, cet orchestre puise ses racines dans l'Orchestre de la Société des Conservatoires, fondé en 1830 par Habeneck pour faire connaître les symphonies de Beethoven. C'est donc un orchestre beethovénien. L'un des membres de l'orchestre est même le seul Français qui joue à Bayreuth, et j'en suis très fier. Sinon, l'orchestre a aussi joué Wagner avec Daniel Barenboim. Mes musiciens sont très préparés, ils ont déjà les partitions avec eux, ils travaillent sur la musique mais aussi sur l'histoire, le livret. Tout le monde est très impatient et très attentif. Comme toute expérience reçue attentivement et avec beaucoup de conscience, il y aura un impact sur la qualité même de l'orchestre. Je savais de toute façon qu'il était très bon dans la musique allemande, suite à la soirée, en 2000, consacrée au Martyre de Saint Sébastien de Debussy et au troisième acte de Parsifal. L'orchestre avait vraiment très bien joué Wagner, et quand un an plus tard on m'a approché pour le Ring avec l'Orchestre de Paris, j'ai naturellement accepté. C'est un travail énorme mais passionnant, et je crois que nous allons découvrir dans la partition beaucoup de choses du point de vue couleurs, lesquelles sont quelque part très françaises. En ce sens, faire le Ring avec l'Orchestre de Paris me fascine totalement.

     

    Pouvez-nous nous parler de ces couleurs françaises ?

    Wagner a été très influencé par Berlioz. Il a séjourné à Paris, il connaissait la langue et la musique françaises, et vice versa : les Français ont été à leur tour très influencés par Wagner. Il faut rappeler qu'actuellement, plus d'un quart du public de Bayreuth est français ! Dans Wagner, il y a beaucoup de couleurs venues de Berlioz mais pas seulement : je pense à Meyerbeer par exemple. Si vous prenez le deuxième acte de Siegfried, dans la forêt, ou le début du Crépuscule avec la scène des Nornes, c'est très impressionniste ! Avec l'Orchestre de Paris, je vais chercher des couleurs nouvelles, mais qui sont contenues dans la partition, naturellement.

     Â« Wagner est parfois très impressionniste ! Â»

    Est-ce que la décision de diriger le Ring a conditionné votre travail ultérieur avec l'orchestre ?

    Naturellement, mais à vrai dire pas de manière excessive par rapport au reste de notre travail. Par exemple, il en a été de même lorsque nous avons joué presque tout l'oeuvre de Berlioz. Certaines choses n'avaient pas été faites auparavant – c'est le cas de Benvenuto Cellini ou certaines cantates. Aborder une oeuvre intégralement apporte beaucoup. En ce moment, nous découvrons véritablement les symphonies de Roussel ; on connaissait surtout Bacchus et Ariane ou le Festin de l'Araignée, mais absolument pas les symphonies. Les 1re et 2e symphonies n'ont pas beaucoup été enregistrées, situation qui va changer puisque nous venons de faire ces disques. Ce type de projet est très compact, il rayonne naturellement sur les autres travaux.

     

    Ce type de saison n'est-il pas trop prenant pour un orchestre ?

    Faire le Ring sur une année entière est très dense, mais nous allons un peu sortir de cela grâce à d'autres expériences. Nous avons décidé de tout concentrer pour des raisons pratiques. Jean-Pierre Brossmann voulait le faire intégralement sous son mandat, qu'il a même prolongé d'une année dans ce but.

     

    C'est la première fois que vous dirigez l'intégralité du Ring ?

    J'ai toujours voulu faire le Ring, mais n'étant pas directeur musical d'une institution d'opéra, cela ne m'était pas possible parce qu'il s'agit typiquement d'un cycle que les chefs de maisons d'opéra gardent pour eux-mêmes, comme James Levine au Met ou Wolfgang Sawallisch à Munich, ou encore Valery Gergiev au Mariinski, ce qui est normal d'ailleurs. J'ai maintenant la possibilité de le faire au Châtelet, et j'en suis particulièrement heureux.

     

    Vous avez souvent affirmé votre volonté de sortir l'Anneau du Nibelung d'une certaine chape idéologique : quelle est-elle ?

    Je parlais d'une idéologie imposée, dans tous les sens du terme, à la musique de Wagner. Certes, il y a une certaine idéologie contenue dans l'oeuvre même, avec le pessimisme de Schopenhauer et de Feuerbach, pessimisme qui de toute façon influe sur toute la vie de Wagner, et qui recèle quand même l'espoir d'une résolution sous forme de rédemption. Mais une mise en scène très abstraite, comme celle de Bob Wilson, laisse beaucoup d'espace au public pour réfléchir librement sur ce que l'oeuvre signifie, pour effectuer sa propre interprétation, possibilité qui selon moi est très créative.

     

    Ce pessimisme peut-il réellement être perçu par le public contemporain ?

    Je ne crois pas que le sentiment de ce pessimisme soit anachronique, il me semble au contraire très moderne, extrêmement actuel. Je pense en particulier à certains aspects du capitalisme qui règne sur le monde et détruit l'âme ou l'amour. Ce sont des thèmes très contemporains, que le public saura reconnaître. J'espère en tout cas qu'il dépassera le simple aspect nationaliste de Wagner.

     

    Yutha TEP
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  • Christoph Eschenbach, Ă  l'assaut du Ring
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