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DOSSIERS 24 avril 2024

Un monument de granit

Il y a un an, nous commencions à célébrer le quarantième anniversaire de la mort d’Otto Klemperer, auquel EMI entreprenait de rendre hommage par trois rééditions. Depuis, le label rouge, devenu Warner Classics, a terminé de republier en coffrets thématiques la totalité du legs de studio du vieux maestro, toujours avec les doublons mono des versions stéréo quand ceux-ci existent.
 

Le 28/12/2013
Propos recueillis par Yannick MILLON
 
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  • Klemperer le mozartien




    Otto Klemperer-Mozart (Symphonies, ouvertures et sérénades)
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Symphonies n° 25, 29, 31, 33, 34, 35, 36, 38, 39, 40, 41, Sérénades n° 6, 11, 12, 13, Musique funèbre maçonnique, Adagio et fugue en ut mineur, ouvertures de Così fan tutte, la Flûte enchantée, les Noces de Figaro, Don Giovanni, l’Enlèvement au sérail, la Clémence de Titus
    Enregistrements : Londres, 1954-1971
    8 CD EMI Classics 4 04361 2


    Otto Klemperer-Mozart (Opéras)
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Le Nozze di Figaro (Geraint Evans, Reri Grist, Elisabeth Söderström, Gabriel Bacquier, Teresa Berganza)
    Don Giovanni (NikolaĂŻ Ghiaurov, Walter Berry, Christa Ludwig, NicolaĂŻ Gedda, Claire Watson, Paolo Montarsolo, Mirella Freni, Franz Crass)
    Così fan tutte (Margaret Price, Yvonne Minton, Luigi Alva, Geraint Evans, Lucia Popp, Hans Sotin)
    Die Zauberflöte (Nicolaï Gedda, Gundula Janowitz, Walter Berry, Ruth Margret-Pütz, Lucia Popp, Gottlob Frick, Franz Crass, Elisabeth Schwarzkopf, Christa Ludwig, Marga Höffgen, Gerhard Unger)
    Enregistrements : Londres, 1954-1971
    11 CD EMI Classics 4 04378 2
    (New) Philharmonia Orchestra
    direction : Otto Klemperer

    Il nous paraît tout aussi important de nous attarder sur la somme non négligeable de gravures que le vieux chef a consacrées à la musique du XVIIIe siècle, et en premier lieu à Mozart. Deux coffrets témoignent de l’amour que Klemperer portait au génie de Salzbourg.

    Son legs symphonique mozartien (8 CD) a trop souvent été balayé d’un revers de main, alors qu’on y trouve là encore un sens de l’équilibre, de la forme tout à fait apollinien, avec un Philharmonia aux cordes sans graisse, aux vents bien pincés (sérénades), qui font miracle : une Jupiter, une Symphonie n° 39 de premier ordre, en stéréo surtout, l’oraison sans concession de la Musique funèbre maçonnique, et plus étonnant, une Petite musique de nuit d’une absolue perfection (1964), d’une légèreté inouïe, avec les cordes les mieux dosées et articulées du monde (4 cœurs).

    Si la part symphonique du legs mozartien de Klemperer a souvent été simplement oubliée, la somme consacrée aux opéras (Trilogie Da Ponte et Flûte enchantée), regroupée ici en un coffret de 11 CD, a souvent fait couler beaucoup d’encre et animé des débats houleux au sein de la critique, pour les trois ouvrages italiens essentiellement.

    La Flûte enchantée n’est en effet pas en cause, à notre sens version de référence absolue, où Gedda, Janowitz, Popp, Schwarzkopf, Ludwig, Berry, Unger représentent un véritable âge d’or mozartien, malgré l’absence des dialogues. Un dialogue qu’on entendra ici entre les chanteurs et les vents du Philharmonia, en état de grâce, valant tout l’or du monde.

    Quant à la trilogie Da Ponte, avec le recul, selon nous, seul Così, tout dernier enregistrement du maestro, pose vraiment problème par l’extrême ralentissement des tempi, parfois caricatural, imprimé à la musique, et notamment aux ensembles, impossibles à cette vitesse (le dernier tient presque du poisson d’avril).

    De surcroît, hormis Lucia Popp, l’une des craquantes Despina du disque, le reste du plateau n’a à la réécoute guère d’attrait. Peu étonnant en ce qui concerne le Gugliemo ingrat de timbre de Geraint Evans et le Ferrando trop tardif de Luigi Alva, si radieux dans les années 1950, ici poussif et nasillard ; plus surprenant chez Yvonne Minton, ici un peu décharnée, et chez une Margaret Price minaudant et considérablement gênée par les tempi.

    Et pourtant, elle signait quelques mois auparavant dans les Noces de Figaro l’une des plus ravissantes Barbarina jamais gravées, jeune, émerveillée et frémissante. Des Noces qui n’ont certes plus rien d’une folle journée et souffrent aussi en maints endroits du ralentissement de la battue, mais qui résonnent toutefois comme le premier acte de la réhabilitation seria actuelle d’un opéra longtemps cantonné au seul registre buffo.

    Jouant de la finesse de caractérisation psychologique plus que du théâtre que son état de santé ne pouvait de toute manière plus lui permettre (l’emballement final du II, du genre englué), Klemperer laisse des Noces douces-amères, aux multiples niveaux de lecture, offrant leurs plus beaux moments dans les pages élégiaques.

    Chassons de notre esprit le Figaro d’Evans, charbonneux et bien laid, pour fêter le Cherubino ambigu et sexuel de Berganza, la Comtesse rêveuse de Söderström, le Comte sombre et très présent de Bacquier, et la Suzanne soubrette mais d’une pureté exquise (Deh vieni non tardar) de Reri Grist, un modèle en son genre.

    Mais surtout, nous œuvrerons ici pour la réhabilitation du Don Giovanni (1966), qui pâtit bien moins de l’alanguissement démesuré des dernières années, et sait encore tenir une architecture, malgré certaines plages trop retenues, mais surtout où la dramaturgie tient debout sans problème, avec un Burlador de Ghiaurov étonnant de vélocité dans les récitatifs et de souplesse dans Là ci darem la mano aux côtés de son épouse, la toute jeune Mirella Freni, joyau du disque, Zerline absolument radieuse, un véritable luxe.

    Sans oublier l’Elvira très dramatique de Ludwig, l’Ottavio stylé de Gedda dans ses meilleures années, et la Donna Anna évoquant souvent le souvenir d’une Elisabeth Grümmer, art somptueux en moins, de Claire Watson (3 cœurs qui sont au final une impossible moyenne entre Coup de cœur pour la Flûte, 4 cœurs pour Don Giovanni, 3 cœurs pour les Noces, et 1 cœur pour Così).




     
    Klemperer et le baroque



    Otto Klemperer-Bach-Rameau-Haendel-Gluck-Haydn
    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Concertos brandebourgeois n° 1-6
    Suites pour orchestre n° 1-4
    Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
    Concerto grosso en la mineur op. 6 n° 4
    Christoph Willibald Gluck (1714-1787)
    Iphigénie en Aulide (ouverture)
    Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
    Gavotte avec six variations
    Joseph Haydn (1732-1809)
    Symphonies n° 88, 92, 95, 98, 100, 101, 102, 104
    Enregistrements : Londres, 1954-1969
    8 CD EMI Classics 4 48433 2
    (New) Philharmonia Orchestra
    direction : Otto Klemperer

    Enfin, on jettera aussi une oreille sur le coffret consacré à Bach, Rameau, Haendel, Gluck et Haydn (8 CD), pour ce dernier tout particulièrement, dans une sélection de huit des Symphonies londoniennes où l’esprit pince-sans-rire du vieux chef, aux accents plus drus qu’à l’accoutumée, opère des prodiges, même si on admirera sans l’aimer la clarté des plans sonores des Concertos brandebourgeois et des Suites de Bach, périmés de style mais moins datés que beaucoup d’autres de la même époque – la flûte de Gareth Morris dans la Suite n° 2, assez miraculeuse en 1954. (3 cœurs).

    Une série de témoignages fondamentaux de l’histoire du disque et de l’interprétation, à des prix sacrifiés comme jamais. À redécouvrir d’urgence !



    À titre indicatif, les coffrets chroniqués en amont dans le cadre des sélections de Noël, qui se sont pas notées, auraient obtenu les récompenses suivantes :

    Coffret Mahler :





    Coffret Beethoven :





    Coffret Bruckner :





    Coffret musique romantique :





     

    Yannick MILLON
  • Klemperer dans son jardin
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