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DOSSIERS 19 avril 2024

Dietrich Fischer-Dieskau,
le baryton du siècle

Intelligent, inspiré, puissant, subtil, perfectionniste, aventureux, c'est l'insurrection des superlatifs pour décrire la carrière du plus mémorable baryton de ce siècle. Toute l'année 2000 n'est pas de trop pour célébrer son anniversaire.
 

Le 13/09/2000

  • L'abécédaire Fischer-Dieskau
  • Dietrich Fischer-Dieskau, un témoignage
  • La discographie introuvable de Dietrich Fischer-Dieskau.



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  • La discographie introuvable

    L'immense discographie de Dietrich Fischer-Dieskau s'enrichit, en guise de célébration de ses soixante-quinze ans, d'une somme discographique proposée par les deux puissants labels EMI Classics et Deutsche Grammophon.

    EMI propose deux coffrets d'initiation à l'art du baryton réparti en trois chapitres : "le chanteur d'opéra ", "le concertiste", "le récitaliste".
    Les enregistrements rassemblés dans le premier disque compact font réentendre maintes captations qui n'étaient plus disponibles.

    "Le chanteur d'opéra"
    Ses débuts en marquis dans le rôle de Posa du Don Carlos de Verdi au Städtische Oper de Berlin en 1948, subtils et retenus, ou son interprétation de Wolfram, un an après, dans le Tannhäuser de Wagner. Sa voix et sa stature sur scène l'imposent.Dans l'aria Hai gia vinta la causa des Noces de Figaro gravée en 1977 avec L'English Chamber Orchestra et Daniel Barenboïm, il excelle dans la narration chantée et donne toute sa dimension à la colère rentrée, au drame à la fois amoureux et social que décrit Mozart dans cet air essentiel du comte Almaviva. À noter que Fischer-Dieskau a par ailleurs enregistré quatre versions complètes du chef-d'|uvre de Mozart dont trois avec Karl Böhm entre 1957 et 1976 et une avec Ferenc Fricsay en 1960. L'air de Rinaldo d'Haendel figurant en plage 4 n'est rien de plus qu'une curiosité et un hommage à la première épouse de Dietrich Fischer-Dieskau, la violoncelliste Irmgard Poppen, tragiquement disparue. Généralement, le baroque n'est pas le meilleur de ce chanteur qui a laissé passer le mouvement de renouveau de la musique ancienne émergeant dans les années 1970. Ce disque compact ne présenterait pas l'intérêt qu'on pourrait lui supposer s'il ne contenait une pièce rare de plus de dix-sept minutes : le récit d'Heinrich extrait de l'opéra Der arme Heinrich d'Hans Pfitzner.

     


    " Le concertiste "
    Malgré les raretés qu'il contient, on réservera un accueil mitigé au second disque compact. Sous le titre " Le concertiste ", ce volume rassemble des arias d'Haendel, des extraits de Cantates de Bach, d'Oratorios de Mendelssohn et quelques lieder avec orchestre de Pfitzner. On pourra oublier Haendel. L'interprétation de l'univers baroque a tellement évolué que Dietrich Fischer-Dieskau fait figure de dinosaure : continuo plat, intonations romantiques, style vocal difficilement écoutable autrement que pour un éventuel intérêt archéologique. Dans les extraits de Cantate de Bach, l'implication du chanteur et la beauté de son timbre ne masquent pas les insuffisances stylistiques de l'ensemble : le continuo constitué du regretté Jean-Pierre Rampal (flûte), de Robert Veyron-Lacroix (clavecin) et de Jacques Neilzt (violoncelle) est sans grâce, à l'image de ces années 1960 pour une certaine musique ancienne. Les deux extraits d'oratorio de Mendelssohn, Elias et Paulus, dominent ce disque compact. Dietrich Fischer-Dieskau excelle dans cet univers qui oscille entre Bach et Schumann. Le bonus ici consiste en les mélodies pour baryton et orchestre d'Hans Pfitzner avec l'Orchestre de la Radio bavaroise dirigé par Wolfgang Sawallisch. Le troisième disque compact appartient au répertoire principal de Dietrich Fischer-Dieskau, l'interprète de lieder. Que ce soit dans Richard Strauss, Carl Loewe ou Hugo Wolf, la lecture du baryton est toujours éclairante. La voix, sa couleur, son " grain ", la respiration, l'intonation, la soumission au poème tout concourt à faire de Dietrich Fischer-Dieskau le créateur d'un style vocal inévitable.

     


    "le récitaliste"
    Le second volume édité par EMI rassemble un florilège de lieder couvrant un siècle de musique, entre 1850 et 1950. Dietrich Fischer-Dieskau comme un entomologiste a épinglé tout ce que le lied a pu donner de beau en dehors des noms rebattus. On y trouve une quarantaine d'auteurs dont on ne citera que les moins connus : Hans Erich Apostel, Conrad Beck, Philipp zu Eulenburg, Adolf Jensen, Joachim Raff, Justus Hermann Wetzel. Cette pléiade d'artistes montre combien l'art du lied a évolué depuis Schubert, combien il a épousé toutes les recherches poétiques, combien le lien de la musique et de la pensée a été au centre de la culture germanique. De très intéressants textes de présentation complètent ces disques compacts. Il est cependant dommage que les poèmes ne figurent jamais dans les livrets alors que nul plus que Dietrich Fischer-Dieskau n'aura contribué à les mettre en musique.



    L'intégrale Fischer-Dieskau chez Deutsche Grammophon
    La somme de 21 disques compacts publiés par Deutsche Grammophon constitue la plus formidable alternative qui soit aux enregistrements déjà connus du baryton avec ses principaux pianistes, Gérald Moore, Christoph Eschenbach, Alfred Brendel, Sviatoslav Richter ou Daniel Barenboïm. À côté du baryton figure l'extraordinaire accompagnateur qu'est Jörg Demus dont le jeu détaillé et attentif au texte, prend souvent plus de risques que l'illustre Gérald Moore dans le même répertoire. On a ainsi une Belle Meunière de 1968 aux couleurs sans cesse renouvelées, qui n'avait jamais été gravée, ainsi qu'une série de lieder peu connus, sur des poèmes de Mayrhofer enregistrés à Berlin en 1961 et 1965. Avec le même interprète, Fischer-Dieskau chante accompagné sur son piano personnel, un Bosëndorfer, des mélodies de Franz Liszt ainsi qu'un cocasse Krämerspiegel (Le miroir du boutiquier) de Richard Strauss.

     
    Fischer-Dieskau s'est naturellement intéressé aux compositeurs allemands ou d'expression allemande du XXe siècle. Ainsi, cette parution fait-elle la place belle à des lieder du suisse alémanique Othmar Schoeck (1886-1957) qui fût un compositeur prolixe. À côté de deux opéras, Penthésilée, Massimila Doni, et un oratorio Der Postillon, il n'écrivit pas moins de quatre cents lieder. Son langage épure les exubérances sonores issues des compositeurs post-wagnériens, mais sa soumission au texte poétique le laisse en marge des courants les plus novateurs de la musique vocale. Il n'est donc pas étonnant que Fischer-Dieskau ait beaucoup chanté cet artiste peu connu. Dans ce recueil, il est accompagné par les pianistes Margrit Weber et Karl Engel. Avec ce dernier, il enregistre en 1977 le Liederzyklus, op. 44, une musique hallucinée dont c'est la première apparition au disque compact.

    Mais son insatiable curiosité ne s'arrête pas au monde germanique. Avec Debussy et Ravel, le voici dans le répertoire français, qui n'est pas son meilleur monde. Avec Charles Ives, il s'adonne aux subtilités du père de la musique américaine, aucun chanteur de sa trempe ne l'avait fait auparavant. D'autres noms figurent, d'interprètes notamment : lieder du pianiste Wilhelm Kempf, du violoniste Adolf Busch. La musique sacrée occupe une certaine place dans cette collection avec notamment sa collaboration avec Karl Richter. Avec l'Orchestre Bach de Munich, on réécoutera avec autant d'émotion que par le passé quelques-unes des plus célèbres cantates de Bach, Ich habe genug BWV 82, Christ lag in Totesbanden BWV 4, des extraits de la Passion selon Saint Matthieu et de la Messe en si dont l'interprétation quoique datée défie le temps.



    Le portrait de Fischer-Dieskau chanteur d'opéra témoigne d'une égale diversité, avec deux chefs exceptionnels que sont Ferenc Fricsay et Karl Böhm. On trouve ici Mozart, Verdi ou Leoncavallo, en attendant l'inédit de l'été : Lear d'Aribert Riemann enregistré en 1978 que Dietrich Fischer-Dieskau travailla avec le compositeur et qui constitue un de ses opéras fétiches. D'une manière générale, cette somme est un vrai portrait du maître du lied. Le travail éditorial est soigné, les repiquages bons, les textes poétiques toujours présentés en français, anglais et allemand. On peut se procurer les titres séparément, ce qui est bienvenu car certains enregistrements existent déjà par ailleurs.

     

    Olivier BERNAGER
  • L'abécédaire Fischer-Dieskau
  • Dietrich Fischer-Dieskau, un témoignage
  • La discographie introuvable de Dietrich Fischer-Dieskau.
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